Le monde d'après

Chapitre 1

Ces rues remplies de béton. Ce temps monotone. Les passants qui traversent la rue la tête baissée, le cou courbé à 45°, les yeux rivés sur leurs smartphones sans daigner lever la tête ne serait-ce qu'un instant pour adresser un regard aux personnes se trouvant autour. Absolument tout ici me donne envie de quitter cette ville. Au fil du temps le soleil a laissé place à un temps gris, pluvieux, terne. Plus aucun rayon de soleil n'éclaire nos journées. Une fumée épaisse remplit nos poumons désormais, elle s'infiltre dans nos corps jusqu'à nous faire crever. Un mélange d'odeurs de cramé, de cigarettes, de transpiration se fait sentir en permanence, 7 jours sur 7, 24h/24. Chaque personne que l'on croise fait abstraction de son voisin. Ils se négligent entre eux, ne croient plus en rien. Leurs vies se résument à "métro, boulot, dodo". Ils se lèvent le matin en redoutant les mauvaises nouvelles et les coups de putes potentiels de la vie. Ce monde est devenu fou.

Ici, tout le monde pense pareil, suit les mêmes règles, se ressemble et agit de la même manière. Personne n'a de semblant d'identité propre. La seule chose qui puisse nous différencier les uns des autres, c'est notre nom. Que dis-je... Notre numéro : n°002145, n°002146, n°002147... Voilà à quoi nous sommes réduits. De simples numéros.

Les dispositifs technologiques qui nous entourent, quant à eux, nous promettent l'infaillibilité. Grâce à eux, notre pouvoir sur le monde se trouve accentué mais ils limitent notre puissance d'agir par nous-mêmes. Tout était différent avant. Lorsque nous étions de simples humains. Seulement, un jour, ils nous ont injecté cette puce, juste derrière la nuque, à l'aide d'un appareil que je n'avais encore jamais vu jusqu'alors. Cette puce nous a totalement transformés, tous autant que nous sommes. Nous possédons encore certaines de nos fonctions d'humains : le besoin de dormir, de manger, de marcher se fait ressentir ; mais nous n'avons plus aucune émotion, aucun sentiment. Tout ce qui faisait de nous des êtres uniques, différents les uns des autres, ils nous l'ont enlevé. Nous ne sommes plus que des robots.