Chapitre 1

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Voltaire disait souvent « Les âmes fortes ont des sentiments bien plus violents et plus puissants que les autres quand elles sont tendres ». Elles ressentent l'amour comme une vague qui renverse tout sur son passage. L'amour les frappe, au coin d'une rue, sans prévenir. Ces âmes-là ont été tellement habituées à ne pas montrer leurs sentiments qu'au moment-même où cette personne si spéciale rentre dans leur vie et leur fait voir les choses différemment, elles baissent les armes, lassées de faire semblant d'être quelqu'un qu'elles ne sont pas. Leur carapace se brise en mille morceaux, laissant place à ce qu'elles sont vraiment. Tout ceci peut faire peur, bien évidemment. C'est effrayant de s'être crée l'image de quelqu'un que rien n'atteint et, du jour au lendemain, voir cette image disparaître petit à petit, aux yeux de tous. Ainsi, on devient immédiatement vulnérable. On sait, à cet instant précis, que cette personne peut, d'un claquement de doigts, vous enfoncer six pieds sous terre. Elle possède toutes les armes pour, sait ce qui vous blesse au plus profond de vous et vous connaît réellement, sans artifices.

...

Face à cette pensée, elle sorti subitement prendre l'air. « Prendre l'air »... Cette expression est assez étrange. Elle sous-entend que l'on va ailleurs, que l'on change d'endroit, dans le but de se sentir mieux. En y réfléchissant bien, elle veut littéralement dire « là où je suis, j'étouffe, j'asphyxie ».

C'était ce qui était en train de se produire à cet instant précis. Elle asphyxiait.

Toute sa vie, Hannah s'était crée une carapace. Elle avait essuyé de nombreux échecs, autant en amour qu'en amitié. Ces trahisons avaient forgé son caractère et ce qu'elle était désormais. Souvent on la voyait comme quelqu'un d'antipathique, qui n'aime pas les gens, très peu joviale et sociable. Ce n'était pas tellement éloigné de la réalité pour être honnête.

Néanmoins, ces derniers temps, quelque chose avait changé en elle. Depuis quelques temps elle pensait à ce garçon qu'elle avait rencontré plusieurs semaines auparavant. Elle sentait que quelque chose changeait en elle mais n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Elle ne comprenait pas, et instinctivement, cela lui faisait peur. Elle avait, depuis son plus jeune âge, le besoin impérieux de toujours tout garder sous contrôle, d'être constamment aux commandes de sa vie. Elle savait que si un événement arrivait, elle saurait y faire face, en gardant son sang froid. C'était une habitude qu'elle avait prise avec les années et de façon relativement innée, elle réfléchissait à la meilleure solution qui se présentait à elle dans ce genre de situation. Le problème étant qu'à l'instant T de sa vie, des solutions, elle n'en voyait aucune. Comment réagir lorsque l'on sent que l'on commence à s'attacher à quelqu'un ? Hannah apprenait à vivre avec, en elle, un mélange de haine et d'amour, de pardon et de rancœur. De la haine oui. Contre elle même. Elle se haïssait d'être retombée dans ses travers. Elle a longtemps souffert et pourtant, elle ne semblait pas avoir retenu la leçon puisqu'elle s'entichait de ce garçon... Elle désirait sincèrement être perçue comme quelqu'un de fort mais en creusant un peu, ça crevait les yeux qu'elle était abîmée par la vie.

De pardon, car d'une certaine manière, n'avait-elle pas elle aussi droit au bonheur ? Pourrait-elle un jour se pardonner ? Se pardonner à elle-même pour tous ces choix qu'elle a fait ? Pour toutes ces heures sombres où elle estimait ne pas avoir de valeur ? Pour toute cette violence dont elle a fait preuve envers elle-même ? Parviendra-t-elle a s'aimer ? S'aimer elle-même d'un amour aussi fort que celui qu'elle accorde aux autres ? Un amour vrai, profond et intense.

Toutes ces pensées résonnaient dans sa tête, causant un vacarme monstrueux. Les mots lui manquaient. Sa parole était vide, mais son cœur lui, était plein. A force de trop y penser, elle avait pris une décision : elle allait l'ignorer. Quand on y pense, l'amour consiste à jouer la comédie de l'indifférence, à cacher les battements de notre cœur qui résonnent dans notre poitrine, à dire l'inverse de ce que l'on pense et ressent vraiment. Nous sommes tous pareils : on devient fous de ceux qui s'en foutent. « Fuis moi je te suis » est la phrase la plus véridique sur cette Terre. Plus l'on fait croire à quelqu'un qu'il ou elle nous laisse de marbre, plus cette personne est attirée par nous. Fondamentalement, l'amour est une escroquerie, la pire des duperies.

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⏰ Last updated: Feb 22, 2021 ⏰

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