LE JUGEMENT

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"Ce n'est pas l'histoire qui fait le jugement : c'est le jugement qui fait l'histoire."
Gaétan Picon.

Nous avons une heure de route avant d'arriver au tribunal. Mon père étant le juge de Sweet Amoris, il y a conflit d'intérêt et il ne peut donc pas me juger. C'est pour ça que nous allons à Los Angeles. C'est la première fois que j'y mets les pieds, je pourrai être émerveillée par ce que je découvre, mais la raison de ma venue ici prend le dessus et je suis d'une humeur massacrante.
La seule chose qui me console, c'est que je vais revoir Castiel.

Ma mère brise le silence alors que nous nous garons sur le parking.
- Ma chérie... Peu importe ce qu'il se passera dans ce tribunal, je veux que tu saches que je t'aime...
Je la regarde les yeux humides.
- Le temps apaisera les choses et ton père te pardonnera... Affirme-t-elle.
Je secoue la tête mais je ne dis rien. Je vois Castiel devant l'entrée du tribunal, il est entouré par deux policiers et a des menottes aux poignées. Il met une cigarette à la bouche et un policier lui allume. Son regard froid se pose sur moi.
Ses yeux gris me fusillent sur place quand je passe devant lui et je baisse honteusement la tête.

Je pénètre dans ce grand bâtiment qui me terrifie, on traverse un long couloir avant de monter une série de marches. On s'arrête devant une grande porte en bois et on attend. J'entends le poids des Dr Martens de Castiel dans les escaliers. Nous ne sommes qu'à quelques centimètres l'un de l'autre mais je n'ose pas lever les yeux vers lui. Une boule se forme dans mon ventre, j'aimerai tant le toucher, l'embrasser et me blottir dans ses bras. Je sens son regard sur moi.

Quelqu'un ouvre la porte et ma mère entre dans la pièce. Je la suis en tentant un regard à Castiel. Il me fixe avec un air mauvais qui me fait vite détourner les yeux.

On s'installe face au juge, je suis à gauche avec ma mère, tandis que Castiel est à droite encadré par les policiers. Le juge, un homme assez âgé est entrain de lire un dossier. Au bout de plusieurs minutes qui me paraissent une éternité il s'éclaircit la voix et m'appelle à la barre. Je me lève les jambes en coton et me place derrière un pupitre au centre de l'allée.
- Mademoiselle Betty-Lynn Porter, j'ai devant les yeux votre déposition. Je vais la lire et vous pourrez y apporter des modifications : "Le soir de la course, je suis allée rejoindre mes amis et mon petit-ami Castiel Carter. Une fille que je ne connais pas m'a proposé une pilule de drogue et j'ai accepté. Après ça, je ne me suis pas sentie bien et je n'ai plus aucun souvenir de ce qu'il s'est passé. Je me suis réveillée en garde à vue."
Un silence de plomb règne dans le tribunal.
- Souhaitez-vous apporter des modifications ? Poursuit-il.
- Non, Monsieur le juge.
- Avez-vous recouvrer la mémoire depuis la semaine dernière ? Vous rappelez-vous de quelque chose ?
- Non, Monsieur le juge. Répétais-je.
- Je poursuis donc la lecture de votre déposition : "Je ne sais pas qui organise les courses. Ce n'est que la deuxième fois que j'assiste à l'une d'elle. Je n'ai jamais vu Castiel Carter y participer. Je ne connais aucun participant." Avez-vous des choses à rajouter ?
- Non, Monsieur le juge.
- Mademoiselle Porter, avez-vous vu Monsieur Carter participer à des activités illégales ?
J'entends un léger grognement derrière moi, je tourne la tête et je vois Castiel serrer la mâchoire.
- Non, Monsieur le juge.
- Bien. Retournez vous asseoir. Monsieur Castiel Carter.
Nous nous frôlons dans l'allée qui sépare les deux côtés. Castiel se tient droit face au juge.
- Monsieur Castiel Carter, je vais lire votre déposition. Vous pourrez y apporter des modifications : "Je ne connais personne qui organise ce genre de courses. Je suis venu avec ma copine, Betty-Lynn Porter pour m'amuser." Souhaitez-vous modifier cette déposition ?
- Non. Répond-il sèchement.
- Monsieur Carter, vous avez déjà été arrêté à plusieurs reprises : de multiples excès de vitesse, des outrages à agents, des violences dont une ayant entraîné un coma... Quel palmarès à vingt ans ! Au vu de la situation, Mademoiselle Porter, je vous laisse une seconde chance : allez au lycée et ne fréquentez plus les courses illégales de motos.
- Oui, Monsieur le juge. Dis-je en me levant.
- Monsieur Carter, vous avez échappé à une peine de prison jusqu'à maintenant, mais nos rappels à l'ordre ne sont plus suffisants. Vous avez la formelle interdiction de vous approcher de Mademoiselle Betty-Lynn Porter, de son lycée ou de son domicile. Si vous passez outre cette injonction, si vous êtes de nouveau arrêté lors d'une course illégale de motos, si vous faites un excès de vitesse, que vous êtes mêlé à une bagarre ou que vous commettez la moindre infraction, vous irez en prison pour une durée de un an.
Le juge frappe son marteau.
- La séance est levée.

[Amour Sucré] À toute vitesse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant