Le Moulin Rouge

Chapitre trois

Le lendemain matin, Louis se réveille et même s'il se sent un peu vaseux, il sort de son lit car il doit impérativement se préparer. Les répétitions continuent et le petit incident d'hier soir ne doit certainement pas interrompre tout cela. Il n'a qu'un objectif, devenir un grand acteur et ce spectacle pourra l'aider. Une fois habillé, il se place devant la coiffeuse et applique une lotion sur son visage tout en se remémorant les mots de son patron. Louis a essayé de nier mais dès que celui-ci a avouer qu'il nous avait vu nous embrasser, le châtain a paniqué et au final, n'a rejoint aucun de nous.

Plus tard dans la journée, il me rend visite et je vois bien qu'il est mal en point. Il a besoin de se reposer et je sais qu'il peut le faire chez moi car bien que ce ne soit pas luxueux, c'est calme et apaisant. Il se pose sur mon lit et pendant ce temps, j'écris une chanson d'amour. Quand je fais une pause, je relève le regard vers lui avant de venir m'asseoir à ses côtés.

- Où étais-tu la nuit dernière ?

« Harry.. Je te l'ai déjà dis. J'étais malade. Je me suis reposé. »

Il se redresse en soupirant et passe sa main dans ses cheveux.

- Tu n'as pas à me mentir.

« On ne peut plus continuer ainsi Harry. Nous ne pouvons malheureusement pas être ensemble. Tout le monde sait. Harold sait. Tôt ou tard, le Duc finira par le découvrir. Tu sais qui je suis, tu le savais depuis le début. La nuit de la première, je dois dormir avec lui. La jalousie risque de te rendre dingue. »

- Alors je vais écrire une chanson. On la mettra dans le spectacle et peu importe ce qu'il arrive.. quand tu l'entendra ou chantera, ça signifiera que l'on s'aime. Je ne serai pas jaloux. C'est promis.

« Tu sais très bien que ce n'est pas comme ça que les choses fonctionnent. On doit mettre un terme à cette relation. »

Je prends une grande inspiration et je commence à chanter « Come What May » qui exprime parfaitement ce que je ressens pour lui, c'est à dire, un amour sincère et inconditionnel. Je l'aimerai toujours, quoiqu'il arrive, jusqu'à mon dernier souffle. Personne ne pourra nous séparer même si j'avoue que la jalousie prend possession de mes pensées quand il est en compagnie du Duc. Je vais devoir prendre sur moi si je ne veux pas le perdre. Après tout, il a raison, je savais à quoi m'attendre en étant avec lui.

Deux jours après, j'arrive au cabaret assez tôt car on doit encore répéter afin d'être prêt pour la première qui a lieu dans un jour. J'annonce alors à toute la troupe que l'on pourrait rajouter la musique d'amour que j'ai écrite au spectacle. Louis comprend pleinement son sens mais pour les autres ce sera juste la chanson secrète du serviteur au courtisan. Le duc fait son apparition et s'installe confortablement pour nous regarder répéter. Je fais comme s'il était pas là mais malheureusement pour lui, la complicité que j'ai avec Louis ne peut être cachée. On s'entraîne à chanter et on ne se quitte pas une seule fois du regard. Sans qu'on le remarque, une artiste assez jalouse du succès de Louis vient chuchoter à l'oreille du duc que cette pièce est en réalité une métaphore du triangle amoureux que l'on vit tous les trois. Il comprend qu'il est le Prince et que Louis est le courtisan qui aime le serviteur qui n'est autre que moi. C'est assez complexe mais il ne cherche pas plus d'explications. Il se lève brusquement et tout le monde arrête l'activité qu'il est en train de faire.

« C'est une fin totalement inadmissible. J'ordonne qu'on la modifie et que le courtisan choisisse le Prince plutôt que le pauvre serviteur qui ne pourra combler toutes ses envies. »

Louis se lève et descend de la scène marchant jusqu'au duc avant de se mettre devant lui. Il regarde ensuite Zidler et prononce clairement ces mots :