Puisque tu pars Grace

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       On s’est rencontré au lycée. Tu avais seize ans et moi dix huit. Tu étais belle, timide et réservée mais personne ne te résistait. Déléguée deux années de suite et la meilleure en sport, rien ne t’échappait.

Dans le couloir tu attendais tranquillement que tes copines sortent. Elles ne t’attendaient jamais de leurs côtés. Ce n’était pas grave, tu les aimais quand même. Un jour elles se rendraient compte à quel point. Et un autre, elles regretteraient.

      C’est un jeudi que je t’ai vue pour la première fois. Je m’en rappelle, un jeudi.  Tu semblais si petite dans ton jean taille trente quatre. Ne-crois pas que je suis un voyeur, je suis simplement doué pour définir la taille d’une personne. Ce jour là, j’ai su que c’était du trente quatre que je devrais bientôt t’acheter. Moi je fais du L, mais ça on s’en fiche. C’est de toi que l’on parle, non ?

Alors, commençons par le commencement. C’est tout là le but de cette lettre que je t’écris aujourd’hui. Je veux tout te remémorer, pour que tu saches à quel point je t’ai aimé et que je t’aimerais sans doute toujours.
Tu marches en regardant tes pieds, ce n’est pas une faiblesse. Bien sûr que non. Tu n’aimes juste pas croiser le regard des autres, surtout des hommes.

Je te rentre dedans, ironique non ? Le début d’une histoire entre deux adolescents. Cependant, aucun de tes livres ne tombent sur le sol. Mince, tu n’en avais aucun dans les mains. Tu souris, gêné mais je vois dans tes yeux que tu es plus saoulé de la situation.
Tu me demande pardon mais c’est moi qui t’ai percuté. Je m’excuse et sourit à mon tour. J’espère tellement que tu ne remarques pas à quel point je suis rouge, j’ai honte ? Bien sûr que oui. Tu es là, belle et radieuse et moi je suis, moi. Tu restes simple et gentille, comme à ton habitude. Tu choisis même de continuer la conversation, je ne m’attendais pas à autant. Vas-tu finir par voir à quel point je suis mal à l’aise ?

Notre premier rendez-vous. Enfin ! Après quelques SMS échangés, tu préfères parler par texto que sur les réseaux sociaux. Tu as raison c’est mieux. Je crois que je t’aime déjà. Non, on ne s’emballe pas. Trop tard. J’espère infiniment que tu ne vas pas me ranger dans la case « ami ». Je sais que tu en as déjà fait souffrir pas mal, mais s’il te plaît pas moi.

     Donc ton plat préféré c’est  le chili ? Intéressant, j’aime pas trop les épices mais je ferais abstraction pour toi évidemment. Tu veux devenir pâtissière ? Génial, mon régime est foutu. Tu rigoles ? Ah parce qu’un garçon qui se préoccupe de son poids c’est amusant ? Non tu ris et j’adore te voir, t’entendre rire. Apparemment toi aussi, tes yeux brillent. A la sortie du restaurant tu m’embrasses. Nous sommes désormais ensemble.

Au fil des mois tu commences à douter. Tu as peur que ce qui s’est produit avec ton ex ne se reproduise. La tromperie, tu en as peur, énormément. J’ai beau te répéter que tu es la seule à mes yeux, tu continue. Je déteste te voir pleurer, même quand tu pleures tu es belle. Comment c’est  possible ? L’amour rend vraiment aveugle. Je sors en claquant la porte, chose typiquement vue dans un film. Il faut avouer que ça défoule. La première année passe, on en a claquer beaucoup, chacun après notre tour. Mais nous sommes toujours ensemble.

La vie de couple c’est quelque chose. La colocation aussi. Mes parents sont assez riches pour tout nous céder, un joli appartement dans le Queens, un loyer prépayé et un abonnement fréquent au Country Club. Tu es gêné. Tu as horreur que l’on te paye des choses. C’est comme ça que je t’aime. Je t’offrirais le monde entier en sachant que tu le refuserais.
La confiance est revenue. Je ne suis pas allé voir ailleurs et tu n’en doute plus. Ouf. On vit en appartement alors les voisins n’apprécieraient pas le fait que la porte claque, surtout ceux du dessous. Enfin bref. On s’aime. Je cherche un travail car j’ai terminé le lycée. C’est l’été, j’ai hâte que l’on retourne à Santa Monica pour le mois de Juillet. Le bronzage te va si bien.

Puisque tu pars GraceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant