𝐁𝐨𝐝𝐲𝐠𝐮𝐚𝐫𝐝 | ᴶᴵᴷᴼᴼᴷ

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⌜𝐞𝐮𝐩𝐡𝐨𝐫𝐢𝐚⌟

Point de vue de Jeon Jungkook.

« Ta mise est de combien, Jeon ? Comme la dernière fois ? » fit le croupier en me regardant avec un sourire joueur.

Au club habituel, l'argent et l'alcool coulaient à flot et une légère odeur de transpiration flottait dans l'air. Assis autour des vieux croutons blindés de fric, je sirotais mon whisky tranquillement. Je sentais les regards insistants de certains sur moi, attendant de savoir si j'allais jouer et pour combien. Je venais régulièrement jouer, certes c'était illégal mais j'y trouvais une excitation qui faisait palpiter mes sens en voyant les poches pleines de billets.

Aujourd'hui, mon humeur semblait joueuse. J'étais du genre chanceux et une réputation s'était formée autour de ses hasards avantageux. Je gagnais ma vie ainsi, je ne m'en plaignais pas et ça me faisait oublier les tentatives de communication de mon père. Depuis un moment, il se faisait assez insistant et essayait par tous les moyens de se racheter.

Mon père, il y a trois ans de ceux là, était quelqu'un de haut placé. Il était le bras droit et l'un des amis les plus proches du premier ministre actuel, mais un jour le premier ministre se fit attaquer judiciairement et mon géniteur décida de couvrir l'affaire en se mettant tout sur le dos. Suite aux évènements, la justice le priva de son travail et le plaça six mois consécutifs en prison. Même avec le temps, je ne comprenais pas ses agissements absurdes. Mais le pire, c'est qu'après la prison, il n'a pas essayé de trouver un travail pour s'occuper de moi et j'ai été envoyé dans un foyer jusqu'à ma majorité.

A présent, je viens d'avoir vingt ans et je fais de mon mieux pour survivre. Un simple job de serveur ne me conviendrai pas. J'ai besoin d'action, d'exaltation. Voir des gens se mordre les doigts lorsque le jeu se complique, suer quand ils se rapprochent de la défaite et les voir pâlir lorsque leur argent s'envole sous leurs yeux, réveillent en moi une euphorie dangereuse.

La Blackjack est un jeu de carte et de hasard raisonné. Il faut miser une somme ou un objet de valeur que le croupier (la personne qui dirige le jeu) récupéra si tu perds ou te donnera le double si tu gagnes. Mais dans le club où je me trouve, on ne suit pas les règles originales : celui qui gagne peut choisir la mise qu'il veut entre tous les joueurs... Ce qui est plus excitant.

On pioche ou pas, selon nos choix, et on retourne les cartes chacun à son tour, le but est d'atteindre la somme de vingt-et-un. Plus, on perd. Pas assez, on perd. Et j'aime ce jeu.

Tous me regardaient avec attention, alors que je posais sur la table un paquet de billets, cinquante millions de wons (≃quarante mille euros). Je les vis tous se redresser en voyant la somme et le sourire du croupier ne fit que s'accroître en mélangeant les cartes. Les joueurs commencèrent rapidement à se rajouter, tous des riches âgés avec des filles d'une vingtaine d'années peu vêtues.

Je regardais les mises pour voir si il y en avait une qui me faisait envie. Je vis une personne poser assez brutalement des clés sur la table. C'était une homme en costard avec une cravate mal mise, qui avait l'air déjà amoché par des stupéfiants et qui avait à son bras, une fille qui depuis quelques minutes m'avait dans sa ligne de mire. Elle passa sa langue visqueuse sur ses lèvres peintes de trente-six couches de rouge à lèvre en me regardant avec des yeux bestiales. Je grimaça, j'avais l'impression de me faire agresser d'un simple regard.

L'homme prit la parole :

« C'est une Harley Davidson, version Silencieux Cobra RPT SLIP ON. C'est la première édition, elle vaut plus de trente-cinq millions wons (≃vingt-cinq mille euros). Je l'ai eue neuve, il y a pas longtemps. »