Prologue

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La lueur de l'aube éclaira Cassandre et elle grogna. Elle se retourna puis ouvrit les yeux et contempla l'homme allongé nu à ses côtés. Un sourire passa sur ses lèvres quand elle se remémora les événements de la veille. Ses lèvres sur les miennes, ses mains qui parcourent mon corps...

-Tu vas arrêter de me regarder quand je dors ? demanda Alexander d'un ton agacé.

-J'admire ta beauté, en quoi est-ce un problème ?

Cassandre se rendit compte de son erreur quand Alexander ouvrit les yeux à son tour pour la regarder d'un air mauvais. Quand il la transperçait ainsi du regard, elle avait l'impression que son âme était mise à nue, que son identité et ses secrets ne lui appartenaient plus. Elle n'était qu'une vulgaire proie pour un chasseur expérimenté.

-Cette beauté, comme tu l'appelles, n'est qu'une illusion. Une illusion qui te convient parfaitement vu comment tu es facile à tromper ! Prends garde ou la prochaine fois, je te montrerai qui je suis vraiment.

Cassandre resta silencieuse, ses paroles l'avaient laissée sans mot. Elle était quand même soulagée que son agacement se fut arrêté là. Alexander était imprévisible, ce qui le rendait dangereux et violent. Mais il est violent de nature, se rappela Cassandre.
Alexander se leva et marcha jusqu'au guéridon où étaient posés deux gobelets en bois et une cruche en terre cuite. Il remplit un des gobelets avec un liquide jaune. Il en bu une gorgée et grimaça.

-Tu pourrais au moins acheter de la bière de bonne qualité, dit-il en serrant les dents et en renversant son gobelet rempli dans la cruche.

-Je n'en ai pas les moyens, souffla Cassandre.

Alexander s'approcha d'elle et lui releva le menton. Il la fixa de ses yeux bleus qui mordaient comme la glace.
-Bientôt, tu auras les moyens de régner sur ses pauvres terres et plus encore.

Cassandre essaya de l'embrasser mais Alexander attrapa fermement son visage pour le détourner. Il ramassa son épée, calée contre un mur. Depuis que Cassandre avait rencontré Alexander, elle l'avait toujours vu avec cette épée, mais jamais la lame n'était sorti de son fourreau. Et c'est sûrement mieux ainsi, pensa-t-elle. L'arme était de belle facture : la garde représentait des griffes dont celles des extrémités étaient tournées vers l'extérieur et les autres vers la lame, du cuir rouge recouvrait la poignée, et une pierre était incrustée dans le pommeau.
Alexander se dirigea d'un pas rapide vers la porte principale avant de s'arrêter au seuil.

-Oublie notre pacte, ma jolie, et tu finiras par brûler tout en étant torturée pour l'éternité.

Sa voix, qui était calme, rehaussa le sérieux de sa menace. Pour seul vêtement son épée accrochée en travers de son dos, Alexander se remit en marche, sans daigner accorder un dernier regard à Cassandre.

Dès qu'il fut suffisamment enfoncé dans la forêt, Alexander se plaqua contre le tronc d'un chêne massif et se laissa glisser le long du sol. Il replia ses avants-bras sur sa tête.

-Les humains sont des créatures naïves et stupides mais surprenantes et amusantes ! Dit-il à haute voix sans cacher son amusement.

Il exécuta des gestes rapides avec ses mains et ses yeux de glace commencèrent à laisser la place à des yeux rouges de feu. Des écailles jaunes comme le sable recouvrirent peu à peu son visage et son corps. Ses doigts s'allongèrent et ses ongles courts laissèrent la place à des griffes. Sur son dos et ses bras, des pics acérés comme des pointes de flèches firent leur apparition et Alexander se volatilisa en un clin d'œil.

* *

Cassandre pleurait de rage. Ses doigts s'enfoncèrent dans la couverture.

-Un jour, je leur ferai payer leur comportement à ces fils de chien ! Ils regretteront tous de m'avoir sous-estimée. Mais pour l'instant, j'ai des guerres plus importantes à mener...

Elle se détendit, respira plus calmement et un sourire de satisfaction apparu sur ses lèvres quand elle pensa à ses futurs plans. La voix d'un homme qui l'appelait la tira de ses pensées.

-Cassandre ! Je suis rentré, où es-tu ?

-Sous la couette ! cria-t-elle.

Quand Harper apparu dans son champ de vision, Cassandre leva les yeux au ciel. Il était couvert de boue et du sang suintait encore des lapins et des écureuils morts qui pendaient à sa ceinture.

-Ah oui..., murmura Harper pour lui même.

Il prit la direction du salon et déposa les proies fraîchement tuées sur la table qui trônait en plein milieu de la pièce. Il accrocha son arc et son carquois sur les crochets au mur et enleva ses vêtements de chasse. Il humidifia ensuite une serviette, se la passa sur le visage et revint auprès de sa femme.

-Voilà qui est mieux ! dit Cassandre en souriant.

Harper sourit à son tour mais de la perplexité passa soudainement dans ses yeux.

-Pourquoi es-tu nue ?

Elle ne se laissa pas surprendre pas cette question et réfléchit rapidement.

-Ça, c'est parce que je t'attendais !

Cette réponse suffit amplement à Harper qui s'empressa de rejoindre Cassandre sur leur lit. Il resta quelques minutes, silencieux, à la contempler.

-Tu m'as manqué, déclara-t-il simplement avant de l'embrasser.

Quelque chose de froid entra en contact avec la poitrine de Cassandre. Elle baissa les yeux et masqua de son mieux son dégoût pour la croix qui pendait au bout de la chaîne d'Harper. J'espère pour toi que ton dieu te protégera de ce qui t'attend, mais j'en doute fortement. Il ne te restera que tes pauvres prières vides de sens, ria Cassandre intérieurement. Elle passa ses mains derrière la nuque d'Harper pour enlever sa chaîne. Il se laissa faire.

-Tu m'as manqué aussi, dit-elle en relevant ses yeux vers ceux d'Harper, qui étaient maintenant noirs de désir.

Cassandre l'embrassa en descendant une main sur le ventre d'Harper. Elle descendit encore plus bas et elle ria.

-Ça aussi, ça m'a manqué.

À feu et à sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant