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Deux soldats me détachent et m'escortent jusqu'a l'une des deux villas du domaine, la plus grande. J'en aurais pratiquement oublié comment me servir de mes jambes, avec toutes ces émotions et ma séance de torture en compagnie de la Bête. Je ferme les yeux en savourant le soleil de la Sicile sur ma peau ; ça a marché, ils ont compris que j'étais là pour une bonne raison, et je vais normalement avoir mes réponses. Tout ceci sera très bientôt fini. L'un de deux hommes rentre dans la maison pendant quelques minutes puis en ressort et m'intime de rentrer à mon tour. Je n'ai pas le courage de protester ou de demander à ce que l'on me traite un peu moins comme un animal et je franchis donc le seuil de la porte, seule. La porte claque violemment derrière moi. Sans trop savoir quoi faire, j'attend quelques secondes sans bouger et une dame d'une bonne cinquantaine d'années vient me voir. Elle a les cheveux blonds, elle est un peu ridée, grande et fine, et elle porte un tablier blanc alors je suppose que c'est la cuisinière ou la maîtresse de maison. Elle me toise quelques instants, s'essuie les mains dans son torchon puis me sourit enfin, faisant s'éclairer tout son visage.

- Un peu de jeunesse dans cette maison ! dit-elle. 

- Bonjour, je répond en Italien. Je... On m'a dit d'entrer.

Enfin quelqu'un de chaleureux et qui ne veux pas me tabasser, ça fait du bien. Il est évident qu'elle remarque mon visage tuméfié au vu de son regard qui s'attarde sur mes pommettes, mais elle ne fait aucun commentaire dessus et je lui en suis profondément reconnaissante. 

- Oui, j'ai été prévenue. En attendant une réponse quant à votre demande, on va vous donner une chambre. 

Une chambre ? Intriguée, je demande :

- Cela prendra combien de temps ?

Je n'ai aucune envie de m'attarder chez ces gens... Mais visiblement, c'est ce qu'il va se passer.

- Je ne peut pas vous le dire, sourit-elle. 

Super. Je n'avais pas prévu de passer la nuit ici et j'espère sincèrement que cette attente ne va pas s'éterniser car je ne veux pas rester sur ce domaine qui sent la poudre, la mort, les armes, le sang, et la culpabilité. Je ne suis ni là pour faire ami-ami avec eux, ni pour habiter chez eux, ni pour quoi que ce soit d'autre, je veux juste comprendre et pouvoir fermer ce chapitre de ma vie qui est ouvert depuis trop longtemps. La femme me guide au premier étage, ouvre à l'aide d'une clé une chambre et me dit que je peut rentrer. La pièce est dans un style victorien, ancien sans être kitsch pour autant. Je ne compte pas les moulures au plafond, un lit immense trône au milieu de la pièce et il y a des tapis persans au sol ; je vois aussi quelques fauteuils, un lustre en cristal et une console en bois. Le tout rend très bien, la pièce est belle, dans les tons blancs, beige et neutres. Le tout hurle le luxe couplé au style ancien. Je me retourne, un peu chamboulée par tout ce remue-ménage.

- Et je dois rester là ? 

- On vous a autorisé à rester, dit-elle. Monsieur a demandé à ce que vous patientiez ici. 

Je hoche la tête, rassurée de savoir que c'est un homme en charge de ça, car ça confirme très bien ce que je pensais trouver ici.

- Mais ce n'est pas une prison, vous pouvez en profiter pour vous détendre ! 

- Me détendre, je grince.

Je ne sais pas comment je pourrais faire pour me relaxer au vu des circonstance mais elle hoche la tête et s'empresse de me montrer une salle de bain gigantesque dans la chambre. Il y a baignoire ancienne à pattes de lion dorées, une cabine de douche, deux éviers et une petite fenêtre. La salle de bain reste assez moderne, somptueuse. La dame me raconte que la maison est d'époque, que seul le premier étage et le rez-de-chaussée ont été rénovés et ré-agencés pour être plus modernes, sauf que la suite de la conversation me fait tiquer :

ULTRAVIOLENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant