Jour 3 - VI

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Les hommes soutinrent Pablo lorsqu'ils le traînèrent jusqu'à sa tente et le firent ensuite entrer à l'intérieur. Je fis bon usage de ce temps ; j'ôtai mon pantalon en cuir et le jetai sur le sable. Ma chemise blanche était assez longue et atteignait mes cuisses et, profitant de la fraîcheur qui accueillit mes pieds, j'avançai dans l'eau froide.

Avec un gant de toilette en douce fourrure de lapin, je me lavai le corps en grande partie.

Quand je m'extirpai de l'eau de l'oasis et traînai les pieds vers le feu de camp, Diego était encore assis seul sur la bûche. Armano analysait les alentours et parlait avait les bergers. Naveen et Fernandez, eux, tentaient toujours d'introduire Pablo dans son sac de couchage. Nous pouvions clairement discerner les grognements de Naveen et les rires de Fernandez.

Pour briser le silence entre Diego et moi, je dis :

– Bien, c'était agréable. Je me sens de nouveau un peu plus propre.

– Ça n'a pas aidé sur les autres plans ; tu pues toujours à une heure dans le vent, fit remarquer le garçon à mes mots.

Qu'il voulût ses paroles insultantes ou que ce fût une blague, elles demeuraient douloureuses. Mais je repensai à mon premier jour à Entremonts et Fernandez avait également souligné que je puais – deux fois, même. Je souris involontairement et le coin de la bouche de Diego s'étira pour former un sourie.

– Quel âge as-tu ?

– Seize ans.

Ma bouche s'entrouvrit.

– Et tu es déjà membre de l'armée de Entremonts ?

– Je suis même chef d'armée, me rappela-t-il.

– Comment se fait-il qu'à un si jeune âge tu aies déjà le droit de remplir un... travail aussi dangereux ?

Diego ramassa un bâton sur le sol et commença à dessiner dans le sable. La lumière qui venait du feu de camp esquissait des ombres sur son visage.

– Pablo est meilleur ami avec Fernandez depuis qu'ils est enfant. Donc, en tant que petit frère, je venais régulièrement à la demeure, dans la taverne, et j'avais affaire aux guerriers les plus remarquables et assoiffés de sang. Je savais déjà à cet âge-là que je serais plus tard l'un des leurs. Et avec mon incroyable aptitude au combat, j'ai bien sûr été engagé dans la petite armée de Dragtan.

Je roulai des yeux.

– Donc Pablo et toi êtes frères ? reniflai-je. Intéressant. Et maintenant que tu le dis, je vois les ressemblances !

Si je faisais abstraction de la barbe irrégulière de Diego, ils partageaient tous deux un long visage pointu, une belle peau foncée et des yeux sombres impénétrables. Avec cela, ils avaient le même charisme particulier ; les deux garçons étaient amusés de tout et parvenaient également à charmer les autres.

Le battant de la tente de Pablo s'ouvrit à la volée et Naveen et Fernandez en sortirent. Le tee-shirt de Naveen était imbibé de sueur et le visage de Fernandez avait rougi. Je ne savais pas ce qu'ils avaient effectué à l'intérieur de la tente, mais par déduction, Pablo avait refusé d'aller calmement au lit.

– Tu viens, Asha ?

Fernandez hocha la tête vers « notre » tente et je me traînai derrière lui. Diego nous souhaita une bonne nuit avec un sourire malicieux et Naveen, lui, grogna.

La tente était... particulièrement belle. Spacieuse, faite de tissus épais qui ne laissaient pas la pluie transpercer et de battants qui s'ouvraient de l'extérieur pour l'aérer, cette tente était un palais en comparaison avec celle dans laquelle moi, Layla et ma mère avions toujours dormi.

Rubis de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant