Préface

168 14 8
                                    

Et maintenant, la meilleure partie: le maquillage! Avec une immense délicatesse elle déssina le contour de ses grands yeux verts pétillants au crayon noir, se donnant ainsi un regard profond. Puis elle ajouta avec la même déxtérité une couche de mascara sur ses cils déjà très longs. Un léger fard à paupières orangé vint coloré le tout, un fond de teint rosé réhaussa ses paumettes et un rouge à lèvre d'un rose discret redessina le contour de ses lèvres fines et belles.

Elle sortie de la salle de bain et s'approcha de l'unique miroir de sa petite chambre et admira le résultat un instant. Un visage aux couleurs joyeuses encadré de longs cheveux blonds vénissiens. De si grands yeux verts qu'ils faisaient oublier son nez un peu trop long.

Sinon son corps était comme ceux des jeunes filles de 14 ans, avec des rondeurs apétissantes mais pas excéssives.

Pour l'occasion elle avait mit sa robe préférée. C'était une robe d'un orange automne mordoré sans manches, avec un bustier et qui lui arrivait au genoux. Une lanière tréssée d'un cuir marron clair lui ceinturait la taille. Ça lui convenait parfaitement, elle esperait bien détourner trois ou quatre regards pour ce bal de fin d'année. Les rares fois ou elle avait des libertés d'ailleurs.

Stop! Avant de retomber dans ses sombres pensées elle chaussa ses talons hauts noirs (achetés en cachette) enfila son cardigan et parti, direction la soirée, peut étre pour éviter que ses parents ne se ravisent.

Elle héla un taxi,

-"bonsoir mademoiselle qu'est ce que je peux faire pour vous?"

-"24 rue bonnel monsieur! " lui dit elle avec son beau sourire.

Elle s'instala confortablement sur la banquête qui sentait le cuir tout neuf, paya le monsieur et s'accouda à la fenêtre. Elle regardait le decor défilé à toute vitesse ce qui avait une sorte d'effet hypnotique. Elle finit par faire ce qu'elle se refusait à faire: sombrer dans ses pensées.

Puis elle repensa. À tout. Depuis le début.

Un père violent, une mère insipide, une vie deplorable. On peut dire qu' elle n'avait pas était gâtée. Des nuits passées à pleurer. La seule belle chose qui lui soit arrivée c'est son frère: un ange dans cet enfer, un peu de tendresse dans tant de douleur, un peu de lumière dans tant d'obscurité. De deux ans et demi son ainé il était fort avec la même beauté solaire qu'elle se refusait à croire qu'elle avait. C'était son rayon de soleil. Toutes les fois où son père était rentré saoul, les nuits tourmentées où s'etaient enchaînés cris, pleures et douleur. Ce qui lui permis de tenir fut son frère. Il lui avait inculpé sa force de charactère, la rage de combattre et de prendre sa revanche sur la vie. C'etait alors forgé un esprit d'entraide, un lien infaillible qui unit les gens lors des épreuves. Toujours là pour lui offrir des sourires des calins qu'elles lui rendait si bien. Il s'aidaient mutuellement à se relever.

Son frère séchait une partie des cours pour aller faire un travail qui leur permettait d'être autonomes. Elle le couvrait en cas de problème, éffaçait les traces qui auraient pu les dénoncer et s'occupait des tâches ménagères. Ils s'etaient promis que dès la majorité de son frère ils fuiraient avec leur argent et ils pourraient enfin vivre peut être heureux sinon sereins. Loin d'ici.

Son frère venait d'avoir dix-sept ans, dans un an s'en serait finit de toutes ces horreurs. Mais en attendant elle s'était promis de ne jamais devenir comme ces autres jeunes dépressifs, ravagés par la douleur et la crainte qui n'étaient devenus au fil du temps que l'ombre d'eux mêmes. Ombre qui finissaient trop souvent six pieds sous terre. Si vous l'aviez croisé au collège vous n'y aurait vu qu'une belle jeune fille légère et assez populaire pour s'assurer le respect de pleins d'autres.

-" Mademoiselle ! On est arrivé" lança le conducteur. En effet le bruit des gens et de la musique résonnait avec un bruit sourd depuis la maison.
-" Merci, bonne soirée" dit elle décontenancée d'avoir était prise en pleine rêverie.

Elle marcha d'un pas assuré, la sono faisait battre son coeur de plus en plus vite, une sorte d'impatience fébrile s'empara d'elle, Diane s'approcha d'elle:

-" Te voilà ma princesse on t'attendait! Allait viens ça va être génial!"

Elles pénétrèrent dans une grande maison pavillonnaire à trois étages avec un style très art-déco. Un jeune homme brun avec deux jolies fossettes et des boucles vint leur ouvrir la porte. Vêtu simplement d'une chemise blanche légèrement ouverte et d'un jean il claqua une bises aux deux jeunes filles et s'exclama:

-" Waouw! Vous êtes ravissantes aujourd'hui"

-" Louis tu dit ça à toutes les filles ! " rétorqua-t-elle .

Puis tout sourire il fit tourner Diane dans sa robe rose pâle pour admirer. Se tournant vers elle ,il lui fit un clin d'oeil et l'attrapa par la main.

-" Toi y a quelqu'un qui veut te voir !" Et il l'entraîna vers le tournis vrombissant de la fête. Suivit de près par Diane qui gloussait.

À minuit et demi les premières personnes quittèrent la pièce, la musique avait nettement baisser de volume. Elle était assise à côté de Diane et d'un mec aux cheveux blonds en bataille un peu petit, dont elle avait complètement oublié le nom. Des mecs saouls avaient commencé à faire des paris à la noix. Une fille vomissait par terre tenue par un gars à l'air dégouté. Cette atmosphère commençait à l'étouffer.

-" Bon allez j'y vais merci pour la fête Louis ! "
- " De rien ma princesse" il se leva l'attira à lui et lui fit un bisous sur la joue.
Elle fit ensuite la bise à tous les autres.

- "Ciao les gosses fêtes pas de conneries ! " dit elle en rigolant
- " T'inquiète ça devrait bien ce passer, si tu vois la police c'est qui aura eu une merde" et comme ils étaient tous un peu cuit ils s'esclaffèrent en lui faisant signe.

Pour se remettre les esprit en place elle fit un détour par le parc Bazin elle huma les fleurs de jasmin et les magnolias. Elle emprunta un petit chemin qu'elle aimait prendre depuis toute petite. Un chemin avec pleins de tournants, de déviations. Un chemin un peu bizarre, un peu tordu,......un peu comme sa vie. L'herbe légèrement humide étouffait le bruit de ses talons haut, la pleine lune éclairait son chemin d'une lumière blafarde et quelques rares étoiles brillaient un peu comme des larmes sur ce grand ciel noir.

Elle marcha quelques minutes dans le silence de cette ville endormie qu'elle n'osait pas briser. Elle prit la première à droite au rond point fit quelques mètres et bifurqua sur la première petite impasse à droite. Elle resta un moment interdite devant cette minable petite maison qui était la sienne. Elle inséra la clef dans la vieille serrure et entra sur la pointe des pieds.
Elle prit une tisane, se doucha et se mit en pyjama. Puis elle crapahuta dans la chambre de son frère comme elle avait l'habitude de le faire, pour se raconter leur journée. Mais quand elle repoussa la porte elle n'entendis pas l'habituelle respiration régulière de son frère. Intriguée elle se glissa sous la couverture. Personne. Craignant le pire elle décida de monter à l'étage., celui de ses parents. Elle s'attendait à entendre des cris, le télé allumée avec une forte odeur d'alcool, des engueulades, tout lui aurait était plus familier que ça.
Rien.
Le vide.
Personne.
Elle alluma toutes les lumières fouilla la maison de fond en comble, même la cave qu'elle redoutait tant. Elle sentit une indicible panique montée en elle. Ce n'était pas possible! Il n'avait pas pu lui enlever son frère, son seul espoir! Après tant de sacrifices, si près du but! Ils n'avaient pas le droit de lui enlever plus qu'ils ne lui avait déjà pris! C'était sûrement une mauvaise plaisanterie!
Elle hurla, quitte à essuyer la violence et la colère de son père, leur sommant de revenir. Le silence lui répondit.

La boule au ventre elle fit ce qu'elle allait regretter; le numéro de la police. La suite ne vaut pas la peine d'être trop énoncée, elle est trop douloureuse, trop injuste.
Elle croyait voir la lumière au bout du tunnel.
Elle n'a pas vu le gouffre à ses pieds.
Le reste ne fut que familles d'accueil, harcèlement au lycée où tout le monde l'ignorait. Elle s'était laissé aller.
Puis un jour où le ciel azuré semblait lui tendre les bras, elle s'est un peu trop penchée par sa fenêtre.


*******merci de voter ou de faire un commentaire pour m'encourager, l'aventure n'a pas encore commencé!!!!!!!*******

La mémoire dans la peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant