Marcia Danse

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Marcia danse, danse, danse, de son corps émane une ardeur sans pareille.

Marcia est une sauterelle. Une fougue erratique agite ses jambes, deux flèches de chair tendre, qui transpercent l'air et le cœur de ceux qui y attardent le regard. Sa fièvre traverse tous ses membres, son bassin se déboîte pour mieux se mouvoir dans l'espace rendu moite. Dans un bouillant mouvement d'épaules, elle bombe le torse, offre son appétissante poitrine au monde, elle jette ses bras trop lourds à la grisaille qui la surplombe. Le soleil surgit d'entre les nuages, et frappe de son éclat blafard ce morceau de viande pris de convulsions. Marcia irradie ; son épiderme blêmi par le jour rougeoie d'une aura ambrée. Elle trace, du bout de ses doigts crayeux, des cercles, des boucles, des courbes, elle fait onduler le trait de son esquisse. Quand elle danse, Marcia frictionne ses talons sur les planches de la scène, éclabousse d'étincelles l'estrade et le public ébahi. Quand elle danse, Marcia est sublime. Quand elle rit, ses lèvres s'étirent en un large sourire. Mais un froid glacial la consume de l'intérieur.

Marcia danse, danse, danse, dans ses yeux brûlent un feu sans chaleur.

Marcia ouvre les bras pour mieux embrasser la mort, celle qui atrophie ses os depuis déjà bien longtemps. Elle joint finalement ses mains, haut dans le ciel, et s'élance, forte comme une fusée, elle saute et s'abat sur le parquet.

Marcia agonise. Calcinée par un trop-plein de vie. Le vent balaie vite ses cendres vidées d'envie, qui valdinguent quelques minutes en l'air. L'âme inerte, Marcia crève seule sur le parquet ; son corps valse toujours. Il crie pour elle. Les confettis bruns s'évanouissent enfin. Tout se tait. Marcia est morte.

Réalités - recueil de textesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant