Chapitre 23 : Auriane

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- Shit !

Je maronne cette injure quand je me rends compte, après être rentrée chez moi, que j'ai oublié mon ordinateur portable et mon smartphone sur mon bureau, au travail.

Je n'oublie jamais rien ! Et encore moins des choses aussi essentielles pour bosser de ce chez moi. Tout en me traitant d'idiote, je repousse mon sac avec hargne sur le sol et me dirige vers mon téléphone fixe. C'est bien la première fois que je me félicite d'avoir écouté les conseils de mon père qui me répétait d'installer une ligne téléphonique.

Après deux sonneries, sa voix se fait entendre.

- Bonsoir, papa. Dis-moi, tu es encore au siège ?

- Oui, j'en ai pour un moment encore, tu as besoin de quelque chose ?

- Oui, je soupire en me laissant tomber sur mon canapé. J'ai oublié mes affaires sur mon bureau. Tu pourrais me les apporter en rentrant ? Je n'ai vraiment pas la force de revenir les chercher.

- Tu vas bien, ma puce ? me demande mon père, amusé.

Evidemment, il sait que je n'oublie jamais rien, que je ne suis pas du tout tête en l'air. Il me taquine et réussit à me faire sourire, même si les raisons de cet oubli ne me font pas rire du tout. Non, elles m'inquiètent plutôt.

- Je vais bien, papa. Juste un peu surmenée, ces temps-ci.

Et pas vraiment par le travail...

- Ne t'en fais pas, je fais un crochet par chez toi pour te déposer ça. A tout à l'heure.

Je le remercie avant de raccrocher et ferme les yeux, affalée sur mon canapé.

Si je ne passais pas tout mon temps à penser à Ethan Dobson, à ressasser ma décision d'il y a deux soirs, à essayer de comprendre son attitude, bref, en gros à être obsédée par lui, je n'aurais rien oublier du tout !

Alors que je m'attendais à ce qu'il me presse pour qu'on se voit en-dehors du cadre professionnel, Ethan a fait... tout le contraire ! En fait, il est comme d'habitude. Pas de sourires appuyés, pas de sous-entendus, pas de clins d'œil charmeurs. Je suis déstabilisée et j'avoue que j'attendais qu'il se conduise de la sorte pour avoir une raison de mettre fin à cet embryon de... relation ?

Est-on un couple ? Le devient-on, comme ça, du jour au lendemain ? Ai-je vraiment accepté de tenter quelque chose avec lui ? Mais quoi au juste ? Et à quoi joue-t-il avec son attitude qui est tout le contraire de lui, de sa personnalité du début ?

Il dit que je le fais tourner en bourrique mais lui n'est pas en reste, tiens !

Frustrée de ne pas le comprendre, de ne pas savoir ce qu'est la normalité dans un couple puisque je n'ai jamais eu ce genre de relation avec personne, je me lève et décide de m'occuper. Je ne vais tout de même pas passer mon week-end à ruminer.

Et puis, il a peut-être bien réfléchi et être avec quelqu'un comme moi ne l'intéresse pas du tout. Soyons honnête, je lui trouve beaucoup de défauts mais j'en ai énormément aussi. Trop peut-être. Et quel homme, après avoir pesé le pour et le contre, voudrait d'une femme qui souffre certainement d'anorgasmie ?

Je secoue la tête en me dirigeant vers ma salle de bain pour chasser mes pensées envahissantes, dérangeantes, décourageantes.

Je m'applique alors à retirer mon maquillage, mes lentilles et d'attacher mes longs cheveux en une queue de cheval très haute avant de passer sous la douche. Là, je laisse l'eau me réconforter de l'idée qu'aucun homme normalement constitué ne pourra jamais me vouloir. J'ai trop de boulets à mes chevilles.

A Taste Of EternityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant