7.

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Je suis accoudée à la fenêtre ouverte sur le domaine. Toute la nuit des camions sont venus décharger des palettes, des Jeeps se sont garées et sont reparties dans un ballet incessant et infernal. Il est presque quatre heures du matin et j'ai dû dormir deux heures, entrecoupées des bruits du dehors, me sentant vraiment mal à l'aise de passer la nuit ici. Je n'arrête pas de penser à l'entretient que j'ai eu avec Di Casiraghi ; même dans mes pires cauchemars, même dans mes pires scénarios, l'entrevue se passait mieux que ça. Je reste là, à observer les doubles grilles à une vingtaine de mètres de moi comme si c'était les portes du Paradis. Je ne pourrais même pas fuir et je crois que c'est ça le pire... Etre coincée ici, alors que je voudrais disparaitre, tout effacer, tout reprendre à zéro. Et par dessus tout, je n'arrive pas à croire que j'ai échoué. Le goût amer d'échec me reste sur le palais. Trois ans partis en fumée. Trois ans durant lesquels j'ai dédié tout mon temps, toute mon énergie, toute ma vie dans ce projet, dans ce plan. 

- J'y ai mis mon sang, je murmure pour moi-même. 

Littéralement.

Et en réponse à mes paroles, quelques secondes après, un cri perce le silence et je sursaute car il vient de la maison et non pas de l'extérieur. Il y a un vacarme qui suit, de choses qui tombent, se cassent, se fracassent sur le sol et les murs tremblent autour de moi. Paniquée, je sors en catastrophe de ma chambre, les boutons de mon jean même pas attachés, et regarde dans le couloir. Personne. Pourtant les bruits deviennent plus présent ; ils sont à l'étage. Mais je sais très bien que je ne peut pas y aller, alors c'est le coeur battant que je prends la décision d'aller chercher de l'aide. Je dévale les escaliers en quête de réponses avec l'adrénaline inondant mes veines et la peur que quelqu'un soit torturé juste au-dessus de mon lit, et je trouve une jeune fille de mon âge, blonde et grande, svelte, un mouchoir dans la main. 

- Bonsoir, je dis en italien. Il se passe quoi ? 

Elle relève la tête vers moi et je vois qu'elle semble pleurer, mais n'est pas sous le choc comme moi. 

- Vous pouvez vous rendormir, m'assure t-elle avec un sourire. 

Pourquoi dans cette maison rien ne va et les gens sourient quand même avec cet air de " tout va bien, tu peut te détendre " ? Pourquoi dans cette maison, tout le monde sourit toujours ? Je n'ai même pas le temps de lui demander une nouvelle fois ce qu'il se passe qu'elle se lève en sanglotant et sors en courant de la maison. Je reste pantoise alors que les bruits continuent et qu'on semble déménager à l'étage. C'est un concert de choses qui se brisent, là haut, et une légère panique m'envahit. Après quelques secondes de réflexion je décide de suivre la jeune fille, mon téléphone à la main pour m'éclairer, et la retrouve assise près de la piscine ( que je n'avais pas encore vue ). 

- Ça va ? je demande. 

Elle ne répond pas et essuie ses yeux. 

- Vous êtes qui ? finit-elle par questionner. Vu votre accent, vous êtes pas d'ici...

Je me mord la lèvre. C'est si évident que ça ? 

- Il ne m'écoutera jamais, souffle t-elle en anglais. 

- Monsieur Di Casiraghi ? je demande. 

Elle hoche la tête et perdue, je me contente de l'écouter. 

- C'est à croire qu'il est seul et que personne ne peux l'aider. Comme si c'était vrai ! Cet idiot devrait déjà commencer par prendre ses médicaments. 

À l'évocation de médicaments, je tique. 

- Il est malade ? je m'enquiers. 

- Il a un trouble explosif intermittent, explique t-elle. Désolé pour cette nuit. 

ULTRAVIOLENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant