"Je ne sais vraiment pas ce que je fais là, mais peu importe.
Je voulais juste te dire que je suis désolé. Pas de t'avoir quitté, tu le sais autant que moi qu'il le fallait. Ce pourquoi je m'excuse c'est de t'avoir abandonné quand tu avais le plus besoin de moi. Je t'ai laissé alors que tout ce que tu voulais, c'était de l'aide, pas forcément la mienne, tout le monde aurait pu t'aider, mais contrairement à tout le monde, je l'avais remarqué.
Je t'avais vu dans les couloirs de l'université peu après notre rupture. Tu marchais tranquillement, un grand et magnifique sourire aux lèvres, tes yeux pétillants cachés derrière ta frange, tes joues légèrement rosés par le froid de l'hiver. En apparence tout semblait normal, tu avais l'air heureux aux yeux de tous. Mais je le savais et je n'ai rien fait. Je me suis contenté de marcher tout droit, faisant comme si de rien était. Je t'ai abandonné.
Je savais que ce sourire était forcé, que ses yeux pétillants était en fait rempli de tristesse, et que ses joues rougies avaient subi le passage de tes manches pour effacer tes larmes.
Je savais tout et je n'ai rien fait.
J'ai simplement suivi mes camarades de classe en direction de notre salle de cours. Et même si je savais que tu souffrais, j'ai continué d'avancer.
Pendant ce temps-là, toi, tu rentrais chez toi. Tu marchais jusqu'à ta chambre étudiante, seul.
Ce jour-là, en entrant dans la salle, je m'en suis voulu. Mon cœur et mon cerveau me hurlaient tous les deux de partir et te rejoindre, mais au lieu de ça, je me suis simplement assis à ma place habituelle, près de la fenêtre.
De cet endroit, j'ai pu t'apercevoir, tournant au coin de la rue, poursuivant ton chemin, traversant le froid vent de l'hiver.
Si seulement j'avais su, je serais sorti au plus vite de cette salle pour te rejoindre, mais je suis resté assis sur cette fichue chaise. Je n'ai rien fait du tout.
Le cours est passé lentement et quand il s'est enfin fini je suis sorti. J'ai traversé les couloirs de l'université, j'ai tourné au coin de la rue, tout me terrifiait. Je le savais.
Si seulement je n'étais pas venu ce soir-là chez toi pour te dire que notre relation s'achevait.
Si seulement j'avais davantage apprécié tous ses moments passés avec toi.
Si seulement, si seulement...
C'est toujours quand c'est trop tard qu'on se rend compte qu'on aurait dû mieux en profiter.
J'aurais tant voulu te tenir la main sans crainte. La tenir fièrement parce que moi et moi seul avait pu le faire.
Toutes ces fois où tu me demandais de t'acheter ces viennoiseries à la si douce odeur sucrée et que j'ai refusé.
Ces moments où tu me regardais les yeux brillant d'amour à vouloir que je t'embrasse, mais que j'en étais incapable par peur du regard des autres.
Je te demande de m'excuser d'avoir rien fais de tout ça même si j'en mourrais d'envie.
Si je pouvais remonter le temps, je ferais tout différemment. Je prendrais soin de toi, je te cajolerais, t'offrirais tout ce don tu désirais, te tiendrais par la main et surtout je t'embrasserais à en perdre mon souffle.
J'étais incapable de tout ça et maintenant que j'y pense, c'est ridicule.
Je me suis privé de t'aimer comme on en avait envie parce que j'avais peur. Les regards de tous ces étrangers avaient donc plus d'importance que tes regards amoureux ?
Je me sens bête de ne pas avoir osé. Mais apparemment le choix facile pour moi était simplement de ne pas faire attention à toi. Et c'est ça qui a mené à notre perte.
Quand je suis venu ce soir-là dans ta chambre, tu savais très bien ce qui allait se passer et malgré tout, tu as gardé ton sourire, tu as accepté sans rien dire et nous deux, c'était fini. Tu t'étais même excusé de ne pas avoir été capable de m'aider à aller de l'avant et passer au-dessus de mes peurs, mais le seul qui aurait dû s'excuser c'est moi.
Tu m'aimais, je t'aimais et pourtant je t'ai quitté. Je n'ai rien fait pour améliorer la situation. C'était plus simple de tout arrêter. Enfin pour moi.
Pourquoi tu n'as rien dis ? Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu voulais qu'on reste ensemble ?
Je suis désolé.
Tout était ma faute.
C'est moi qui t'ai brisé en toute conscience. Je repoussais ta main quand on était en public, j'ignorais tes regards, je refusais que tu sortes avec mes amis et moi, je trouvais sans cesse des excuses pour que tu ne viennes pas chez moi et que mes colocataires te voient.
Tout ce que tu voulais, c'était être heureux à mes côtés, mais tu l'étais bien plus sans moi.
Si je pouvais parler et décrire toute notre relation depuis le début, j'y passerais des heures et bien plus encore.
Tu m'as aidé à grandir et prendre en maturité, alors que moi je t'ai simplement brisé et volé à ceux qui t'aimaient.
J'aurais voulu avoir tout ce courage plus tôt. Je l'aurais mis à profit et t'aurais rendu encore plus heureux que tu l'étais.
Je suis sincèrement désolé pour tout. J'aurais voulu mieux t'aimer et te le montrer. Mais j'en étais incapable.
Si t'étais là tu me dirais certainement : Ce n'est pas ta faute Chan hyung, c'est compliqué d'assumer ce genre de relation.
Puis tu m'aurais simplement souri si on était en public ou bien m'aurais embrassé en privé.Tout ça est maintenant trop tard, parce que ce jour où je t'ai croisé dans les couloirs je n'ai rien fait alors que je savais.
J'ai été en cours et après une heure et demi je suis enfin sorti, ai pris le chemin que toi-même tu avais pris plusieurs minutes avant. J'ai couru jusqu'à ta chambre, l'ai ouvert avec le double des clefs que tu m'avais demandées de te rendre puis je t'ai vu.
Tu t'étais changé entre temps.
Tu avais enfilé le sweat que tu m'avais volé, cachant ta tête sous la capuche.
En m'approchant un peu plus, j'avais pu voir que tu avais tes écouteurs dans les oreilles, écoutant en boucle un message vocal que je t'avais laissé.
Ton visage était enfin heureux.
Tu étais heureux de m'avoir eu près de toi pour t'accompagner vers l'haut-de-là.
J'avais réussi à te rendre heureux pour la première fois sans même avoir agi.
J'aimerais que tu sois encore là, je te dirais à quel point je m'en veux d'avoir été un incapable et tout ce que je pourrais faire pour toi, pour te rendre heureux.
Mais c'est trop tard.
C'est toujours quand c'est trop tard qu'on se rend compte de l'importance des choses.
Je voudrais tellement pouvoir t'avoir contre moi, sentir ton souffle me chatouiller, ta chaleur m'entourer et ton cœur battre, m'apaiser.
Mais c'est plus possible.
J'ai mis fin à ce souffle, cette chaleur et ce cœur.
J'ai mis fin à ta vie.
Si tu m'entends, saches que je suis sincèrement désolé de tout ça. Je t'aimerais toujours et te souhaite le meilleur au paradis."
Se reculant et descendant de l'autel, le jeune homme s'approcha lentement du cercueil face à lui. Calmement, il s'agenouilla face à celui-ci, posant sa main sur le bois et le caressant doucement. Sentant son cœur se serrer dans sa poitrine, une larme coula le long de sa joue, s'échouant alors sur la fleur qu'il tenait entre ses doigts.
Prenant une grande inspiration, il laissa tomber la fleur sur le coffin, déposant ensuite un baiser sur celui-ci.
"Je suis tellement désolé, Seungmin."