Je pourrais ne plus me réveiller!

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Je ne dirai pas que ma vie commence à prendre du sens, je dirai plutôt qu'il me faut assumer les responsabilités qu'engendre celle-ci afin de ne pas passer à côté de son essence. alors il me faut faire quelques réajustements dans mes quotidiens. 

Je me suis rendu aux cimetières après m'avoir séparé de Zada. Je suis allé m'entretenir avec mon vieux père sur la nouvelle perspective de ma vie. cela me plairait de savoir qu'il serait fier de moi depuis là-haut comme le prétend ma mère. Alors je me suis couché auprès de lui et j'ai prié. J'ai prié à un tel point que je m'imaginer dans l'au-delà. 

Mes larmes s'arrachaient de l'orbite de mes yeux sans que je m'en rende compte; mon menton fut mouillé jusqu'à ce que l'encolure de ma chemise en soit imbibée. J'étais en phase avec mon père, en phase avec son esprit qui me rassure de ma voie nouvelle. Il faut l'admettre, je me suis fait la paix avec moi-même et, j'ai appris à faire la paix avec mon père.

Quant à ma mère, elle est le centre de tout mon intérêt sur terre, je lui obéirai au doigt et à l'œil car je la sais toujours bienveillante en mon endroit. 

 quand elle me trouva soudain en face du bureau en train de faire mes devoirs, elle sourit de joie, ou de fierté, je ne sait pas distinguer les attitudes. je fais la mine de me concentrer pour éviter son regard. Pour éviter son visage triomphal qui jubile à chaque fois  qu'il me croise. 

- Jules, aurais-tu besoin quelque chose? finira-t-elle par dire

- Non Maman! répondis-je.

- Je ne suis pas loin si tu as besoin de quelque chose.

Elle sort de ma chambre calmement sans faire de bruit, en réajustant le rideau. Et moi je murmure tout doucement :

- D'accord Ma, d'accord maman.

j'ai fini mes devoirs et me suis dépêché de rejoindre mon lit. Je peux prendre de nouvelles perspectives mais ma considération pour cet endroit ne sera point altéré. Je continue de croire que c'est le seul univers où je suis vraiment libre, Là où je peux m'aventurer en tant qu'inconnu et parfait citoyen du néant. 

Le monde que je vis une fois ici ne saurai être un songe simplet. Et voila que le visage de Zada me revient et ses paroles me sonnent encore très proches. la tiédeur de ses mains et aussi le calme qui accompagnait sa voix ne sont pas en reste. 

Je réexamine encore au crible ses moindres mots. Et moi dans tout cette camaraderie et discussion, je ne lui ai point répondu, je n'ai pas pipé un mot pour approuver ou dénigrer ses dires. mais elle se plaisait dans mon silence et savoir que je faisais attention à ce qu'elle me disait paraissait suffisant, cela avait l'air de la suffire. 

Les idées défilent et défilent encore, bien que je lutte  pour ne pas rechuter dans ma dépression de l'autrefois, celle qui consiste à ne plus quitter ce lit et de vouloir appartenir au néant aujourd'hui et pour toujours, ma dépression qui n'est rien d'autre que le désir de me rendre auprès de mon vieux père. Seulement, je ne le peux point, car je suis la raison de vivre de cette dame là, elle me l'a bien dit, que si elle a tenu jusque-là, c'est grâce à ma naissance.

Alors me rendre à coté de papa l'ôtera certainement sa vie à elle aussi. 

- Tu n'osera pas. insinua la murmurante

Elle a raison! Je ne me pardonnerai jamais d'être la raison de la perte de ma mère. Je ne peux pas la retenir en vie pour ensuite la tuer si bêtement par mes agissements. Et pour aussi dire vrai, c'est elle la raison primordiale de mon vécu. Elle m'a mise au monde et m'a aimé sans même me connaitre. elle m'a aimé sans savoir quel genre de fils pénible Jules Abraham allait être pour elle. Néanmoins, elle a continué à m'aimer de toute ses forces d'un amour incommensurable que je ne puis comprendre ni expliquer. 

Quand je dis que la vie est injuste, c'est quelle l'est vraiment, pourquoi devrais-je être plus aimé que quelqu'un d'autre? Et pourquoi les uns sont mieux traités que les autres? 

Est-ce de la chance? Je dirai que non, il s'agit de l'injustice existentielle. 

Moi, qui ai mainte fois renoncé à sa vie, vous m'aimez pourquoi, ne vous êtes-vous pas demandés cette question une seule fois? Pis, je ne voulais pas de cet amour au début! Ma mère me l'a inculquée jusqu'à ce que j'en devienne aliéné. Elle m'a remplie de tendresse jusqu'à ce que je me sente redevable. Que je me sente dans l'obligation de participer au quotidien des humains et de me frotter au revers de leurs infections. 

Mais cela n'enlèvera en rien ma nature première, je renie cette vie et je la renierai toujours. Je refuserais de gober la maladie de l'humain qui me retiendra de plus en plus sur ce piètre univers. Le Monde des cieux est meilleur et là, je me sentirai certainement chez moi. 

- Arrête de penser à de telle foutaises! dira cette voix lapidée en moi.

- Mais la ferme! Lui criais-je; La ferme bon sang.

Je ne veux plus t'entendre me juger ou me dire comment je devrais mener ma vie. Terre-toi là et ne me défie plus. tu es en partie responsable de mon mal-être, de toute cette démagogie que je vis en ce moment. Je me demande bien si je ne suis pas déjà infecté?

Mais oui par cette Zada qui a comploté je ne sais quoi avec ma mère. Je commence à me méfier d'elle tout d'un coup. Elle ne m'inspire plus confiance. La seule  personne que je peux faire confiance est finalement moi-même. Quand je pense qu'elle a failli m'atteindre avec ses ruses de la fille victime et tendre feignant se soucier de ma personne. Quel fourbe gars j'ai failli être. 

Vraiment cette vie impitoyable, en plus d'être toxique, elle est fausse. Loin de moi! 

Là je renie tous les dires et allégations de Zada, je la renie elle-même. A cet effet, je ne penserai point à tout ce qu'elle a dit dans la mesure son essentiel peut être révélé faux. Qui sait? 

Heureusement que j'ai su revenir dans mon lit. Là où toute vérité s'admet ou se réfute par ma raison. Heureusement que j'ai su me souvenir de la voie que j'avais choisi en tant qu'être. Être qui n'avais pas demandé de naitre ni de mener cette vie saumâtre, insipide et toxique des humains. 

Je vais m'endormir et m'en tenir en cela. Au diable l'école, Mr Seye, Zada, le chauffeur et les élèves de ma classe.

Au diable la vie d'ici-bas, l'assassin de mon père et le docteur annonceur. 

Au diable le croque-mort qui a creusé son trou et ceux qui lui ont dedans. 

Au diable la murmurante et sa voix maudite!

Je vais m'endormir et m'en tenir en cela. Ne plus me lever, me lever pour aller où même? 

Je vais dormir pour me libérer et prier pour mon bien-aimé de père et je ne manquerai pas de demander a Dieu Tout Puissant de veiller sur ma tendre mère. 

je vais dormir et je pourrais ne plus me réveiller, cela va de soit.

CE SOIR OU DEMAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant