Le bâtiment sentait le vieux, mais pas un vieux chaleureux ou rempli d'histoire, un vieux moisi et délaissé de tout rire et de tout bonheur. Un vieux si vieux qu'il risque de s'effondrer à tout moment, rongé par l'âge, par les années qui volent la vitalité et la puissance des matériaux autrefois si prospèrent.
Les quelques bouts de tapisserie encore en vie se désintégrent petit à petit et quelques trous dans les murs me font penser à un camembert dont la qualité aurait été si déplorable que le rat serait parti par dégoût.
Quelques sons se font entendre, quelques paroles timides d'enfants n'osant même pas dire plusieurs phrases de peur de se faire sermonner. Il me semble pourtant que la directrice avait dit que c'était la récréation, est-ce l'atmosphère de cet établissement qui les fait taire où bien les différentes personnes qui la compose. Mon regard se perd dans la misérable cour à l'extérieur, les arbres ont perdu leur feuilles en attente de recevoir un peu d'eau pour survivre et les bancs menacent de se casser en deux a la première personne qui viendra s'y asseoir. Un lieu bien mort pour ceux qui ont été jeté comme des déchets par leurs parents, un lieu où ne rode que des déchets ambulants, les délaissés, silencieux d'attendre leur sort.
-Zia revient !
Mon regard se reporte sur ce qui m'entoure, deux enfants me font face, l'un dont la casquette est toute défrichée et l'autre avec un tee-shirt coupé en deux comme office de bonnet. Je les regarde chacun leur tour, plongeant mon regard chocolaté dans leurs yeux caramel.
-Vous vous appelez comment ? Long moment de silence, seul le bruit du vent cours dans les couloirs.
Ils se regardent, la petite-fille se mettant en arrière tandis que le jeune garçon se contente de croiser les bras. J'hausse des épaules.
-Toi tu es Zia je suppose, enchanté moi c'est Iza votre nouvelle maman. Second blanc, plus pesant, cette fois ci les enfants ne se regardent plus, ils me regardent de leurs yeux inexpressif, je ne m'attendais pas à des éclats de joie, mais cette rencontre est bien trop morose.
-Tu n'es pas ma maman, ma maman elle a les cheveux noir.
J'acquiesce de la tête, un léger sourire commençant à flotter sur mes lèvres en entendant la voix de la petite Zia.
-Effectivement je ne suis pas ta vraie maman, mais je peux être une autre maman, une nouvelle maman.
-On ne remplace pas une maman. Cette fois ci c'est la voix du garçon qui casse le silence.
-Ah oui ? Qui a dit que je voulais la remplacer ? Je ne peux pas remplacer quelqu'un, ce serait impossible. Il fronce des sourcils et je décide de lui donner un exemple concret.
-Par exemple, si je t'offre un poisson rouge, et que tu l'appelles Jojo, et que malheureusement Jojo meurt. Je te rachète alors un poisson, comment veux tu l'appeler ?
-Jojo ! Sécrit aussitôt Zia les yeux écarquillés comme si elle avait vraiment perdu un poisson.
Je secoue de la tête et regarde le garçon.
-Bloup.
Je souris. -Tu as compris ?
Il acquiesce, et cette fois ci c'est Zia qui fronce des sourcils. Je me tourne donc vers elle, m'agenouille pour me mettre à sa hauteur.
-Tu vois Zia, quand tu as un poisson qui s'appelle Jojo et qu'il meurt, je te rachète un poisson non pas pour le remplacer, car ce nouveau poisson est un poisson différent du premier et ne pourra jamais le remplacer, mais il peut très bien-être un aussi bon ami que le premier poisson ! Zia réfléchit quelques secondes puis souris en se jetant dans mes bras.
-Tu es ma Bloup alors ! Je rigole en hochant de la tête.
VOUS LISEZ
Elle s'appelait Zia
RandomQuand les orphelins dansent, les oiseaux chantent. Il fut un temps où j'étais comme eux. Seule.