Interlude 2

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Trois. Deux. Un.

Sept heures du matin, sept heures pétantes.

Une ribambelle de bonnes femmes vêtues de blanc poussent les portes de ma chambre et s'éparpillent aux quatres coins de la pièce. Elles tirent les rideaux, époussettent les meubles, préparent mes vêtements et cirent mes chaussures.

La nuit m'avait parut trop courte, exactement comme celle d'avant. Et il ne me restait que quelques précieuses secondes pour en profiter.

Des bruits de talons qui m'étaient trop communs résonnent contre le sol, et je les entends s'approcher de mon gigantesque lit à baldaquin.

"Comment peux-tu encore dormir par une journée aussi lumineuse?" résonnait sa voix presque chantonnante.

Elle savait très bien que je ne dormais plus. Comment pouvais-je dormir avec toute cette agitation autour de moi?

Je souriais, tapis dans mes couvertures, les yeux toujours fermés, comme le meilleur acteur de tous les temps, recroquevillé sur mon matelas, en gardant mon visage enfoui dans mon grand et moelleux oreiller.

Mais elle était plus maligne que moi, et c'était pourquoi elle gagnait toujours, tous les matins.

"Quel dommage. Il me semblait avoir fait une magnifique tarte au citron pour ce matin, mais il n'en restera plus du tout, le temps que tu sortes de ton lit..."

"Oh, maman!"

Maman.

Elle jette un oeil curieux par dessus son épaule, feignant d'être étonnée de m'entendre me plaindre du mensonge qu'elle vient de me sortir.

Elle se penche par dessus le matelas et m'assène d'insupportables chatouilles dans tout le ventre, me faisant me tortiller dans tous les sens, jusqu'à ce que je n'arrive même plus à respirer, en me débattant des mains et des pieds dans le vide.

"Allez, debout. Nous avons beaucoup à faire."

Elle me sort du lit par la main, me fait faire un tour sur moi-même et me pousse vers la salle de bain pour que j'y fasse ma toilette.

Une fois cela fait, je me retrouvais dans une chemise blanche entièrement boutonnée et très près du corps, avec en bas un pantalon droit de couleur crème, et on venait de poser sur ma tête l'une de ces atroces chose qu'on m'obligeait à porter tous les jours, qui me faisaient grimacer plus que les chaussures à mes pieds.

Une tiare.

Celle d'aujourd'hui était en argent incrustée d'améthystes, et ornait finement mon front, alors que mes mèches brunes retombaient dessus.

Elle était franchement jolie, mais c'était tellement inconfortable, et j'avais l'horrible impression de devoir limiter mes mouvements par peur qu'elle ne s'envole, tant elle était légère.

"Je sais que tu veux la retirer..." me glisse maman en passant ses bras autour de mes épaules d'enfant.

Mes cheveux bruns, sombres, je les tenais d'elle. Les siens étaient longs jusqu'au bas de son dos, épais, la moitié relevée par un ruban bleu ciel.

Sa robe était de la même couleur : un bleu tendre, adoucit, lumineux. Maman ne portait que des vêtements lumineux. Du bleu, du jaune, du vert, des tons pastels ou colorés. Le gris ne l'interessait pas, le noir encore moins, et ses robes avaient toujours de magnifiques motifs floraux ou estivaux.

Timeless [Taekook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant