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Point de vue : Fred Weasley

« Encore vous ? Vous savez que les visites sont censées être interdites, monsieur Weasley ? Bon, vous pouvez y aller... »

     Madame Pomfresh avait vite fait d'abandonner. Depuis peu elle protestait seulement par habitude. Si au départ j'avais dû argumenter pour rester à l'infirmerie, aujourd'hui j'avais moins à craindre de ses sermons.

     L'école était aux aguets. Tout le monde redoutait la venue du monstre et surveillait les murs à la recherche d'un nouveau message. George et moi nous faisions un plaisir, quelques mois plus tôt, d'accentuer les messages d'alertes à chaque approche de Harry, que tous assimilaient à l'héritier de Serpentard. Ce que nous trouvions vraiment ridicule. Mais depuis peu, nous nous en étions lassés et même Peeves avait arrêté ses chansons à l'encontre du survivant. Pour ma part, j'y prenais beaucoup moins de plaisir depuis la dernière agression.

     Hermione... Il avait osé s'en prendre à Hermione. Ce monstre, quel qu'il soit, était ignoble. Elle était innocente, d'accord dangereuse quand elle se mettait en colère, mais elle ne voulait de mal à personne. Tout cela pour une histoire de sang... Si tout cela était vrai, je n'y comprenais rien. Je n'arrivais pas à comprendre comment des gens pouvaient vouloir autant de mal à d'autres gens sans que ces derniers ne leur ait rien fait de particulier. Tout cela me dépassait.

     Je me faufilais entre les rideaux placés là pour la cacher des autres, bien que personne n'ait le droit de venir ici. Je ne devrais pas être là. L'héritier de Serpentard était suspecté de revenir à l'infirmerie pour « finir son travail », comme l'avait dit Lee. A ma déception, la sécurité n'était en ce lieu pas aussi grande que ce j'avais espéré. Je ne devais donc pas être là, autant pour respecter le règlement que pour ma propre sécurité. Mais étant donné que je ne pouvais rien faire pour aider Hermione, pour tous les aider, rendre visite me faisait moins culpabiliser par mon inaction.

     Je m'assis sur le lit à ses côtés et l'observa. Elle était là, allongée et inerte. Ses yeux fixaient le plafond sans ciller, vitreux. Elle n'avait sûrement pas conscience de ce qui l'entourait. Madame Pomfresh m'avait dit qu'elle était comme en arrêt, suspendu du monde pendant un temps. Je savais d'avance qu'à son réveil elle ne saurait pas que je lui avais rendu visite. Il m'arrivait de venir quelques nuits, presque toutes, réussissant miraculeusement à ne pas me faire prendre. Mais que ce soit le soleil ou la lune témoin de ma nouvelle insoumission au règlement, la douleur de la voir ainsi restait la même. Elle risquait même de s'accentuer si les mandragores n'étaient pas vites prêtes à être utilisées.

     Ses cheveux étaient soigneusement coiffés, même s'ils restaient très épais. Je trouvais leur couleur anormalement terne et cela me faisait de la peine. Elle me faisait penser à une poupée de cire et j'avais peur de la briser quand je faisais glisser mes doigts sur les siens. Sa peau était lisse mais aussi froide que la mort. La première fois que j'avais osé la toucher, un frisson désagréable s'était emparé de moi. Je ne m'étais pas attendu à une telle sensation. Ses cils semblaient aussi légers qu'à l'ordinaire, mais ses lèvres avaient perdu de leur couleur, comme si le sang avait arrêté de circuler dans tout son corps. J'avais déjà essayé d'écouter les battements de son cœur, mais j'avais été trop gêné d'approcher ma tête de sa poitrine. Parfois j'avais l'impression de me sentir aussi vide qu'elle en cet instant.

     Je me souvenais de son sourire à chacun de nos matchs de Quidditch. Pour moi, le Quidditch était presque aussi important que les bêtises. A chaque match elle était présente, malgré son peu d'attirance envers ce sport. Ça me faisait plaisir qu'elle abandonne la bibliothèque pour le terrain. Elle était là, soutenant notre équipe avec un enthousiasme contagieux. Ça me faisait chaud au cœur de la voir braver tous les temps pour venir nous applaudir. Je savais qu'elle venait surtout pour Harry, mais ça me faisait plaisir quand même. Au repas qui suivait, elle ne manquait jamais de venir nous féliciter. Je savais donc à chaque début de match que je gagnerais un bout de discussion avec elle en fin de journée. Et c'était pour moi un début de victoire. Enfin, jusqu'au dernier match annulé où elle s'était faite...

Les 8 nouvelles d'une histoire de Poudlard  (Fremione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant