XXI - Fais ce que tu veux

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Ryan

Bonnie vient de revenir et elle était accompagnée de ce foutu espagnol. La rage en moi est un mélange de jalousie mais surtout d'inquiétude. Son teint plus pâle que d'habitude m'alerte. Un coup d'œil vers son ami et immédiatement il croise mon regard et j'ai l'impression qu'un éclair éclate autour. S'il lui a fait du mal, je jure de lui montrer comment je m'appelle. Avec la chaleur pesante de la boîte de nuit, je comprends facilement que ce n'est pas normal qu'elle ait un teint aussi claire.

Mon regard insistant la met plus que mal à l'aise, elle ne fait que détourner les yeux pour les reposer sur moi deux petits secondes après. Autour, ils discutent tous entre eux pendant que je reste figé à la regarder. Quand Tanner lui adresse la parole et lui offre un grand sourire éclatant, je reconnais ce sourire à elle sensible et surtout faux. Ses lèvres tremblent presque tellement elle se force.

Pour ne pas que mon cœur explose, je m'accorde un coup d'œil vers ce mec, cet espagnol qui a oublié de boutonner un bouton de sa chemise. Quelle vulgarité mais surtout quel macho. Je manque de lui rentrer dedans quand je remarque son petit regard prédateur sur Bonnie. Lui aussi plongé dans ses pensées, enfin plutôt sur ses jambes à moitié nues. Comme s'il avait senti mon attention focalisée sur lui car je déteste qu'il la matte, il croise mon regard. Dans celui-ci se charge une certaine tension et il me défie même du regard. Il le soutient et il ne faut pas être un génie pour comprendre qu'il ne me porte pas dans son cœur. C'est parfait, moi non plus. Je jure, que s'il continue d'interférer dans sa vie comme s'il y était invitée, de lui envoyer mon poing dans sa face.

C'est une sonnerie de téléphone qui me sort de mes pensées meurtrières. La sienne. Il baisse les yeux sur l'écran de son portable.

- Je vais prendre l'appel dehors, je reviens, signale-t-il d'un sourire poli.

On s'en fout. Seule Giorgia lui signifie que ce n'est pas grave. Automatiquement, mes yeux se reposent sur Bonnie. C'est moi ou ses épaules se sont affaissées. Elle semble respirer comme si elle venait de retrouver de l'oxygène après avoir failli de se noyer. Mais quand elle tourne la tête vers moi, elle inspire lourdement, ne s'attendant pas à ce que je sois en train de la fixer. Ne pas savoir ce qu'elle pense me torture l'esprit. Je n'arrive pas à me détendre. Honnêtement la raison de ma venue au Youn Disco c'est entièrement elle mais j'ai le sentiment que ma présence la rend nerveuse.

J'en profite que Matt s'éclipse avec Zach en direction du bar et que Lisa entraîne Gauthier vers la piste de danse pour accoster Bonnie. Alors qu'elle se lève vivement, sans doute pour m'échapper, je la retiens en attrapant son avant-bras. J'essaie de la prendre en douceur tout en contrôlant mon anxiété. Elle se fige et me fait face, la bouche entrouverte.

- Bonnie, tu vas bien ? je lui demande en lui chuchotant à l'oreille pour que ma voix couvre la forte musique.

Quand je m'éloigne à nouveau d'elle pour voir sa réaction, j'ai le droit à un regard fuyant.

— Pourquoi j'ai l'impression que tu me caches quelque chose ? je crache, les dents serrées.

Elle doit sûrement croire que ma colère est dirigée vers elle mais en vérité la source en est le crétin qui l'accompagnait. S'il lui a fait du mal, je ne promets pas de le laisser en vie. Sa bouche se ferme, pour s'ouvrir à nouveau et enfin son regard part sur le côté d'un air trop perplexe pour que ce ne soit pas important.

— Je... je sais...

À l'instant où son regard dévie vers un point précis derrière moi qui l'a fait presque sursauté, sa voix se perd et elle serre la mâchoire. Je n'ai pas le temps de comprendre qu'un Edison apparaît sur le côté et me lance un regard électrique.

— Je te conseillerais de la lâcher, pousse-t-il d'une voix lente et grave avec son accent espagnol plus prononcé.

C'est au ralenti que je lâche le bras de Bonnie, non pas par crainte, mais plutôt pour regarder bien en face cet abrutit. Une question me vient : Est-ce qu'il croit que je faisais du mal à Bonnie en lui tenant fermement le bras ou alors il croit être assez haut dans son estime pour se permettre de diriger sa vie ? Aucune pensées, ni aucune réponses qui me viennent ne changeront la colère qui grimpe en moi. J'oublie Bonnie, et tout le reste, mes yeux sont fixés à ce gars. Avec ses boutons ouverts sur le début de ses pectoraux et sa montre en or qui brille, il se croit plus fort que moi ? Est-ce qu'il sait que c'est moi qui a passé 3 mois dans les bras de cette jolie rousse, et pas lui ?

-A ce que je sache, t'es son pote, pas son garde du corps, je lui balance en m'approchant de lui sans le lâcher des yeux.

Avec satisfaction, je remarque un courant électrique passant dans ses prunelles chocolats.

-Ryan, arrête, lance la voix de Bonnie au loin, mais par dessus la musique ce qui indique qu'elle a dû se rapprocher pour se faire entendre.

-Si pour toi se caresser et s'embrasser sont des signes d'amitié, alors je suis son pote, déclare-t-il tout doucement d'un grand sourire sadique.

Un dégout violent me vient pendant que l'image de son sourire brillant de malice tourne autour de moi. Sous un mouvement de recul, le regard paniqué de Bonnie entre nous deux m'alerte. Je remarque sa poitrine descendre à une vitesse fulgurante, elle me regarde avec surprise et le même air anxieux qu'il y a encore quelques secondes. "S'embrasser, se caresser", ai-je bien entendu ? Une douce impression d'avoir loupé un épisode,  d'être à la ramasse et qu'on m'a pris pour un attardé se glisse en moi.

-Alors pendant que tu me disais que tu m'aimais, tu t'amusais à..., je déclare en me tournant complètement vers Bonnie.

La suite de mes mot refusent de sortir à cause d'images qui me viennent. Dites-moi que ce type dit n'importe quoi ! Pourtant la bouche de Bonnie qui tremble m'indique qu'elle n'a pas le comportement d'une fille énervée parce que son ami aurait balancé une répartie immature juste pour m'énerver.

-Ce n'est pas ça, je...

J'entends à peine sa réponse tant elle parle doucement et un bourdonnement dans mes oreilles m'empêche de me concentrer. Elle, avec lui, ce n'est pas possible. Depuis combien de temps ? Cet air peiné quand je lui racontais mes problèmes, était-ce de la pitié ? Je n'arrive pas à croire qu'elle se foutait de ma gueule. Pas Bonnie.

-Bonnie fait ce qu'elle veut, je te conseillerais de-, intervient Edison à mon intention avec cette fois un visage dur.

-Ferme-la ! hurle-t-elle, les larmes aux yeux.

Dans d'autres circonstance, je l'aurais applaudi, mais là j'ai aucune envie de la féliciter, c'est même tout le contraire. Son regard se pose à nouveau sur moi, je la connais assez pour savoir que ses larmes au coin de ses yeux et son absence d'assurance indiquent qu'elle s'en veut. Mais je ne suis pas assez calme pour en être attendri et en prendre compte. Trop d'images et de souvenirs transformées en cauchemars me viennent. Cette fois où elle allait le faire monter chez elle, elle l'avait sûrement déjà fait. Je sais qu'ils ne sont pas ensemble, nous non plus, mais c'est tellement dur de me rendre compte, qu'à côté de tous ces moments à pleurer ensemble, à nos confidences, avant ou après, elle venait de baiser ce type. Je ne fais plus parti de sa vie et cette place en arrière plan me fait plus mal que si elle avait continué de m'éviter pendant tous ces mois. J'ai fais parti de sa vie pendant plusieurs mois et maintenant, je ne suis qu'une relique de son passé, et je n'ai pas de place pour son futur.

-Ryan...

Je ne peux plus rester là, j'ai trop donné pour rien.

-Non, ne m'appelle plus, comme il l'a dit... tu fais ce que tu veux !

J'allais me retourner, mais ses beaux yeux noirs qui s'agrandissent me font un pincement au cœur. Je l'aime et je l'aimerais toujours mais je ne peux pas supporter d'être le genre de type collant et à la traîne.

-Mais la prochaine fois, ne me dis pas que tu m'aimes... Ca donne de faux espoirs, je tranche d'une voix plus grave qui fait frémir mon coeur. Je ne veux plus te voir, Bonnie.

Et je me retourne d'un pas pressant sans hésiter.


L'Évidence de T'Aimer - Tome 2 [Is It Love ? Ryan]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant