Valse d'Odile

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"Un danseur meurt deux fois, une fois quand il arrête de danser, et cette première mort est la plus douloureuse."

Mais Jimin n'avait plus rien d'un danseur, et il savait que Yoongi était sa première vie.

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Dans la petite pièce noire aux vieux murs froids, les larmes orphelines d'un garçon presque mort s'échappaient joyeusement.

Et la valse d'Odile accélérait.

Jimin aurait respiré pour deux, s'il l'avait pu.

[Et même si la mort danse sous tes paupières ce soir, même si l'amour vide ton cœur, le matin viendra, et je t'y retrouverai.]

Odile arrivait lentement

[Tu me manques plus que tout, le monde n'est rien sans toi.]

pour tuer la poésie

[C'est injuste putain je t'aimais.]

et pourrir ce qu'il en reste

[Peut-être que c'est ce qu'on mérite.]

Dans la nuit claire, à l'heure où la lune se lève fièrement dans le ciel, Odile dansait, virevoltait, tournoyait. Elle célèbrait la victoire, de la Braconnière des âmes.

Et Jimin pleurait si fort, que Yoongi aurait presque pu l'entendre, depuis l'autre côté.

Quand le garçon ouvrit les yeux, il chassa Odile d'un coup d'œil posé sur la toile d'araignée qui grandissait à la fenêtre.

Yoongi devait l'aider à s'en débarrasser.
Mais Yoongi était parti avant Arachné.


Les pages d'un petit carnet rouge défilaient plus vite encore que les secondes cruelles qui entraînaient le garçon loin du monde.

Et la peine en son cœur, il voudrait l'arracher, la faire bouffer à Odile.

Jimin riait, comme un fou.

S'il avait été vu, on aurait su reconnaître la Braconnière en lui, parasite de son cœur.
S'il avait été vu, on aurait su reconnaître Odile qui siégeait sur son esprit.

Chaque jour il lisait le petit carnet rouge, et les mots hésitants de l'esprit de Yoongi, abîmé par la maladie.

Quelques quinze mille mots dans le dernier carnet que le brun avait laissé derrière lui.

Quelques quinze mille mots suintant d'un cœur percé, à l'encre rouge, verte, noire, rose.

Quelques quinze mille mots qui égratignaient le cœur d'un garçon plein de chagrin.

Jimin pleurait, même quand les histoires étaient joyeuses. Même quand Seokjin le prenait dans se bras pour le bercer et lui murmurer quelques paroles rassurantes.

Jimin pouvait bien être sourd et aveugle désormais, jamais il ne serait muet. Il avait tant à dire à la Vie et à la Braconnière.

La voix de mille anges et démons se confondaient en une seule, quand il prononçait à voix haute les mots du carnet et qu'il les crachait une fois la nuit tombée.

Le petit carnet rouge,
posé sur la table de bois vernis, pris en otage par Odile qui valsait sans cesse, qui appelait Jimin, à chaque instant.

Valse d'Odile - YoonminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant