Normandie

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            De mon lit d'hôpital, je ne peux pas vraiment faire grand-chose à part regarder le temps passer, les belles infirmières s'occuper des blessés et regarder le temps à travers ma fenêtre. Je me retrouve ici à cause de blessures dans un combat en ville contre les soviétiques. J'ai été récupéré par chance par des grenadiers m'ayant remarqué à terre.

Je pense bientôt pouvoir repartir au combat d'ici quelques jours. Pour mes actes sur le champ de bataille, j'ai reçu la visite d'un sergent qui est venu le décerner une médaille.

Désormais, ma question est de savoir où est-ce que je vais être mobilisé. D'après les rumeurs, la guerre à l'est dégénère et à l'ouest, les alliés s'apprêtent à attaquer mais on ne sait pas encore où. Forcément, des sites sont privilégiés comme endroits où cela pourrait avoir lieu. Pour ma part, je pense devoir aller là-bas. Reste à savoir si le Mur de l'Atlantique réputé infranchissable tiendra le coup bien que non terminé.

5 jours plus tard, je retrouve mon uniforme avec mes distinctions, mon Luger et mon MP40 qui m'a beaucoup servi et jamais abandonné. Je rencontre ceux qui vont devenir mes camarades. Dans mon escouade, nous sommes au total 10. Pour la première fois, c'est désormais moi qui dirige mes propres hommes.

Comme je le pensais, nous allons devoir nous rendre en Normandie. Nous faisons la première partie du voyage en camion puis la suite en train. Une fois sortis de la gare, nous nous installons dans un hôtel réquisitionné pour nous servir de caserne.

La plupart du temps, nous jouons au football ou nous nous baladons dans les champs à en oublier pourquoi nous sommes là. Le temps passe, nous oublions presque qu'à tout moment l'ennemi pourrait débarquer par surprise.

Aujourd'hui, le temps est nuageux la mer est haute, je suis dans un bunker en train de contempler la mer. Je vois au loin des petites formes bouger au loin. Au début je pense simplement que c'est moi qui les imagine mais je les vois grossir petit à petit. Je demande à Hans, mon second de me passer les jumelles pour voir plus précisément ce que c'est. Je comprends avec stupeur que ce ne sont pas que des simples petits points dans l'eau mais des barges de débarquement se dirigeant vers nous avec en fond des navires pour les soutenir. Je hurle alors : "Putain les voilà, ils arrivent !". Je donne l'alerte et commence à organiser avec les autres les défenses. Avec l'aide des autres, nous chargeons les mitrailleuses, les mortiers, les canons. Je vois les plus jeunes paniquer sous la pression.

Les canons sur la côte se tiennent prêts à tirer dès qu'ils en auront l'ordre. Nous nous installons dans un bunker pour ne pas prendre de risques. De notre position, nous sommes bien décidés à la tenir quoi qu'il arrive lorsque la bataille commencera.

Après 30 minutes d'attente, les premières barges déposent les soldats américains sur la plage et j'entends siffler les obus de mortier qui viennent s'écraser sur la plage et s'allier au flot de balles des mitrailleuses soigneusement planquées dans des recoins inaccessibles pour l'ennemi et qui viennent déchiqueter ceux qui ne sont pas fauchés par nos balles. Au fur et à mesure, la plage et la mer deviennent noir et rouge à cause du sang et des cadavres qui viennent les recouvrir.

Les miraculés de la grande traversée viennent se terrer derrière une longue butte de sable. Après 15-20 minutes de combats acharnés, ils arrivent enfin à créer une brèche dans la barrière et commencent à se rapprocher de nous.

Les premiers tués sont ceux qui n'avaient pour simple protection, que des sacs de sable entassés les uns sur les autres.

Nous commençons à paniquer à la vue de l'ennemi qui se rapproche à une vitesse folle. Les plus jeunes et les plus terrifiés, décident d'abandonner leurs postes et de déserter.

Petit à petit, nous devenons de moins en moins nombreux. Entre ceux qui succombent sous les balles et ceux qui courent se réfugier vers l'arrière, la plage semble de plus en plus impossible à tenir.

Voyant que nous avons été abandonnés, je décide de donner l'ordre avec les derniers encore retranchés de partir vers l'arrière protéger nos positions et tenter de bloquer la progression de l'ennemi.

Nous nous retrouvons dans une maison assez abîmée à cause des bombardements. J'essaie d'aider les blessés à rejoindre l'hôpital de campagne ou si possible un médecin mais beaucoup ne tiennent pas le coup et meurent dans mes bras.

Cet enfer ne semble pas avoir de fin, au bout d'une heure je suis épuisé, je suis recouvert de terre, de boue et du sang de mes camarades, j'arrive à peine à tenir mon arme.

Je regarde Hans et les autres qui ne semblent pas vouloir céder un pas de plus aux américains qui assaillent avec leurs mitrailleuses et leurs M1 Garand. Même s'ils tombent à terre, pas de temps à perdre ils reprennent leurs places. Je ne peux pas m'empêcher de me demander où est-ce qu'ils vont chercher toute cette force et cette ténacité inépuisable.

De tous ceux avec qui j'ai pu être, jamais je n'ai vu d'homme comme eux, qui ne bronchent pas lorsqu'une balle vient les toucher malheureusement mais de manière superficielle. Quand ils parlent c'est simplement pour me demander les ordres ou qui a des munitions.

La maison commençant maintenant à menacer de s'effondrer, nous la quittons pour aller rejoindre les autres dans un village où les échanges de tirs ont déjà commencé. Par chance nous ne sommes pas seuls, les chars d'une compagnie Panzer qui était stationnée à 10 Km ont réussi à nous rejoindre. Grâce à cet appui, les alliés sont désormais bloqués dans un fossé. Des mortiers commencent à tirer dans cette direction. J'entends alors au loin un énorme vrombissement. On peut encore entendre au loin, les canons côtiers qui se disputent encore avec les navires ennemis. Ce combat ne menant à rien, étant simplement fait d'avantages perdus puis récupérés par nos deux camps, je ne vois pas l'issue de ce combat.

Au bout de plusieurs heures, nous commençons à nous faire déborder par les flancs, nos camarades ayant perdus contre eux.

Wilhelm NeumannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant