Voda - Tome 1 : L'Œil d'Obsidienne

Chapitre 2 : Conseil

- Evan ? Evan, est-ce que tu m'entends ?

Des voix. Tout autour de lui. D'abord étouffées, elles s'éclaircirent peu à peu, se firent plus nettes. Evan ouvrit les yeux. Il vit des corps penchés sur lui, qui criaient son nom.

- Il est conscient ! Si tu me comprends, cligne des yeux.

Une voix d'homme. Brouillard. Ou brume. Les silhouettes s'affinèrent, les traits se dessinèrent. Evan plissa les yeux et reconnut le visage de Pierre penché sur le sien.

- Qu'est-ce qui... Qu'est-ce que..., bredouilla-t-il, l'esprit embrumé.

- Chut, garde tes forces, ordonna le maître-nageur. Est-ce que tu as mal quelque part ? Vous-autres, éloignez-vous. Laissez-lui de l'air ! Allez ! ordonna-t-il à l'attention des élèves surexcités.

Madame Turpin entreprit de dissiper l'attroupement qui s'était formé autour du jeune homme allongé au bord du bassin.

Ce-dernier tenta de se redresser péniblement et parvint à s'asseoir, encore groggy. Ses cheveux étaient plaqués sur son front par la sueur plus que par l'eau. Il était brûlant.

- Que s'est-il passé ? parvint-il enfin à articuler.

- Est-ce que tu as mal quelque part ? répéta le sauveteur, ignorant sa question.

Son t-shirt lui collait au torse et ses cheveux encore mouillés étaient plaqués en arrière. Evan en déduisit qu'il avait plongé à la hâte pour venir le secourir, et que c'était sûrement à lui qu'il devait d'être encore en vie. Il répondit négativement d'un signe de tête.

- Merci, parvint-il à souffler. Mais que s'est-il passé ? J'ai failli y rester... Je... Je ne pouvais plus respirer, je... J'ai bien cru que j'allais mourir.

- Du calme, du calme mon garçon. Tout va bien maintenant, tu es en sécurité. Tu ne te rappelles de rien ?

Derechef, Evan secoua la tête. Le secouriste repéra Jeff qui se tenait tout prêt et lui ordonna d'aller chercher une serviette, puis il aida le jeune homme à s'installer plus confortablement.

- C'est la première fois qu'il t'arrive quelque chose comme ça ? demanda Pierre en lui entourant les épaules avec la serviette que Jeff venait de lui tendre. Tu n'as aucune idée de ce qui s'est passé ?

- Non... Non je n'en sais rien du tout...

L'homme n'insista pas et se redressa après quelques instants. Il alla échanger à voix basse avec la professeure qui dispensa Evan du cours pour le reste de l'après-midi.

Jeff, qui avait attendu patiemment jusque-là, rejoignit enfin son ami sans chercher à le questionner sur ce qui s'était passé, conscient qu'il avait besoin de calme. Ils s'éloignèrent ensemble, sous les regards circonspects de leurs camarades. Une fois seuls, Ce fut Evan qui rompit le silence.

- J'ai entendu une voix.

- Quoi ? Qu'est- ce que tu racontes ?

- Je raconte que j'ai entendu quelqu'un. Ou quelque chose. C'était étrange. On ne parlait pas à mon oreille, on parlait dans ma tête. C'était une voix calme, posée, envoûtante. J'ai entendu comme une mélodie qui s'adressait à moi, mon prénom revenait souvent. On m'a dit d'écouter l'eau, encore et encore...

Jeff planta son regard dans celui de son meilleur ami.

- Écoute vieux, il faut que je te dise quelque chose. Entre nous... Pierre ne t'a pas tout raconté sur ce qui s'est passé. Je suis le seul à l'avoir vu, je crois.

- Quoi encore ? s'inquiéta le jeune homme.

- C'est tes yeux. Au début, quand t'as plongé, j'ai cru que tu faisais une espèce de blague ou quoi mais non. Il m'a suffi de voir tes yeux. Tes yeux étaient bleus, mon vieux. Non, attends, dis rien ! Je suis sûr de les avoir vus bleus. Entièrement bleus. Y'avait plus d'iris ou de pupille, que du bleu.