Chapitre 17

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[Ashley]

Kyle n'avait pas cherché à me voir depuis "l'incident" au bar et il n'avait pas non plus frappé à ma porte plus tard dans la soirée alors que nous habitions l'un en face de l'autre. Dan leur avait certainement dit de me laisser de l'espace le temps de régler cette situation, de digérer, de trouver une solution. Je devais bien l'avouer, j'appréhendais le fait de leur faire face à tous, mais surtout, j'appréhendais le face-à-face avec Kyle et Dan. Kyle avait un mal de chien que je ne comprenais pas, à faire confiance à une femme, et si ce qu'il venait d'apprendre sur moi le faisait fuir à toutes jambes ? Si tel était le cas, je ne lui en voudrais pas même si ça serait douloureux. Je savais pertinemment que ma situation financière et ma situation de vie plus généralement ne faisaient pas rêver et étaient trop complexes, surtout à mon âge. Si je le pouvais, je serais la première à prendre mes jambes à mon cou pour partir loin de tout ça, mais la vie est ainsi faite, je n'avais pas d'autre choix que d'y faire face jusqu'à ce que ça soit réglée, définitivement.

Motivée à faire face au monde ce matin, je m'étais levée avec un élan incroyable de motivation que je ne m'étais pas connu depuis un long moment maintenant. La journée était bien entamée, mais il me restait encore beaucoup de temps avant de devoir partir au travail. En plein rangement de mes quelques cartons, ici et là, j'avais décidé d'en déballer certains après de longs mois à ruminer ma douleur et ma colère contre le monde entier.

Plongée au fin fond de mon premier carton, j'entendis quelqu'un frapper à la porte. Impatiente de voir Kyle, je me redressai à toute vitesse en lissant mes vêtements et en accourant presque vers la porte le sourire aux lèvres. J'ouvris la porte sans trop regarder de qui il s'agissait et je fus très surprise de ne pas découvrir mon beau brun derrière ma porte, mais son père et accessoirement mon employeur.

Avec un sourire presque gêné, il me salua avant que je ne l'invite à entrer, très curieuse sur le pourquoi de sa visite dans mon humble petit chez moi. Dan était bien la dernière personne que j'imaginais passer cette porte un jour surtout après ce qu'il s'était passé la dernière fois. Mais il était là, face à moi, à boire son café dans l'une des rares tasses de mon appartement. Je savais pertinemment qu'il n'était pas venu dans le simple but de me saluer, nous savions tous les deux de quoi il en retournait. Sa tasse vide, il la reposa délicatement sur la table devant lui avant de planter son regard dans le mien, un air encore un peu plus sérieux au visage. Il se repositionna après de longues secondes sur sa chaise avant de prendre la parole.

- Bien Ashley, dit-il, tu te doutes que je ne suis pas venu pour rien, même si je t'apprécie beaucoup, j'aimerais que nous parlions de l'homme qui est passé te voir au bureau.

- Oui, à propos de ça...

- Ashley, je t'arrête tout de suite, me coupa-t-il. Je connais cet homme et je sais encore plus ce qu'il fait dans la vie alors je n'aurais qu'une seule question à te poser. Combien est-ce que tu lui dois ?

Prise de court, je me trémoussai sur place, gênée, ne savant plus où me mettre. Je ne m'attendais pas à ce que Dan comprenne si vite, mais je m'attendais encore moins au fait qu'il connaisse Monsieur Lewis personnellement. Paniquée par ce qu'il pourrait se passer, mon souffle se coupa et j'eus beaucoup de mal à respirer tout d'un coup. Si Dan me mettait à la porte, je pouvais dire adieu à tous les espoirs qu'il me restait. Je ne pouvais pas ne serait-ce qu'envisager le fait qu'il me renvoie. S'il le faisait, je ne saurais absolument pas ce qu'il adviendrait de moi ainsi que de ma vie. Ma détresse dû se lire sur mon visage puisqu'il m'attrapa les mains pour me soulager d'un poids invisible pourtant bien présent sur mes épaules. Expulsant tout l'air présent dans mon organisme, je tentai de me calmer avant de répondre précipitamment à sa question.

- 4 000, repris-je. Il ne me reste que trois semaines pour lui donner l'argent.

- Oui, en effet. C'est une sacrée somme, dit-il plus pour lui-même que pour moi.

Dan joua avec la cuillère à l'intérieur de sa tasse, la tournant un air penseur au visage. Il mit de longues minutes avant de reprendre la parole. Des minutes qui me parurent des heures, une éternité même. Je n'avais aucune idée de ce qui allait sortir de sa bouche, mais je priais tous les dieux qui existaient pour qu'il ne me jette pas dehors, même si je n'étais pas croyante pour un sou.

- Écoute Ashley, commença-t-il, j'y ai beaucoup réfléchis depuis que j'ai vu Monsieur Lewis hier. Je me doute que tu n'accepteras pas la charité ou même une aide financière de ma part, connaissant le caractère de ta mère, je me doute que tu as le même à mon plus grand bonheur bien évidemment. Mais j'ai une proposition à te faire. Ça fait un moment que j'ai un projet en tête, mais je ne vais pas te mentir, je n'ai pas du tout eu le temps de le mettre en œuvre. J'avais pour idée d'ouvrir une sorte de scène ouverte pour attirer plus de clientèle et de peut-être faire connaître des artistes locaux encore inconnu. J'ai pensé à toi puisque tu as fait des études dans l'événementiel. Bien évidemment, si tu acceptes, tu seras payé, ça serait comme une prime mensuelle. Tout travail mérite salaire. En plus de ton salaire, cette prime devrait te permettre de rembourser tes dettes en temps voulu, je l'espère.

L'idée de Dan à propos de cette scène ouverte était vraiment très bonne, ça apporterait beaucoup au bar et a toute l'équipe en passant. De plus, il ne fallait pas négliger le fait qu'une prime mensuelle m'aiderait beaucoup, ça réglerait même certainement tous mes problèmes. J'avais beaucoup de chance d'avoir rencontré Dan Johnson plusieurs mois auparavant. Jamais un patron ne se serait donné autant de mal pour sauver ma peau à ce point. J'avais vraiment un employeur en or, du pain béni. Je n'avais aucune hésitation quant à l'avenir de ce projet. Avec un peu de travail, ça allait être une réussite tonitruante.

- Je serais ravie de mettre en place ce projet de scène ouverte pour toi, Dan.

Il m'avait affublé d'un sourire satisfait et était reparti aussi vite qu'il était arrivé. Mais je fus tout de même plus soulagée qu'a son arrivée dans mon appartement. Il venait de me faire une proposition que je ne pouvais pas refuser. Une proposition qui m'aidera énormément quant au remboursement de mes intérêts. C'était absolument inenvisageable de dire non. Et de toute façon, je ne le souhaitais pas.

BarmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant