Vers les septs heures du matin, le lieutenant en chef Augusto surgissait dans ma tante, me réveillant en sursaut.
- Levez vous imbécile heureux ! me dit-il d'un ton extremement ferme et d'un regard toujours aussi vide, semblable à des sables mouvantes qui n'attendent que de vous engloutir dans ses sombres profondeurs.
Je m'habillais très rapidement pour ne pas rallonger la ridicule scène. Équipé comme toujours de ma baïonnette adorée, modèle Clesus tout droit sorti de l'esprit du célebre ingénieur Grousseau, membre du Conseil des Cinqs qui était autrefois au pouvoir de notre si beau pays, j'ajustais méticuleusement mes botines, trop grandes pour moi et me couvrait de mon large manteau gris, aux bandeaux couleurs vermeil, pour enfin m'appréter à sortir de ma tante de repos pour rejoindre le camp d'entrainement oû le lieutenant m'attendait, avec fureur hélas.
- Vous voilà enfin ! Oser se lever deux heures après les cinqs heures du matin réglementaires, ceci alors que nous sommes en vue d'une bataille sur la plaine de Pirauche, vous êtes fou ma parole. Gardez pour vous votre mérite qui vous sauve jeune soldat imprudent, d'ici trois jours vous ne serez plus, allez vous entrainer.
Fatigué des constants, mais disons mérités propos, je déposais ma baïonnette le large d'un poteau qui retenait un cheval tenu en laisse, je prenais une des nombreuses épées en bois qui étaient à la disposition du premier soldat venu. Mon adversaire du jour allait être un soldat de ma troupe, composée d'environ cent hommes qui sont à mes commandes. Julien Harp était un de ces soldats, mais je l'affectionnais particuliérement car il maitrisé l'art de l'escrime comme si il était d'une quelconque naissance noble, pourtant fils de charpentier de Lille. En face à face, épées dans nos mains droites, chacun de nous fixer l'autre, s'imaginant toutes les ouvertures possibles, toutes les erreurs que l'autre pouvait faire. De par mon rang militaire supérieur, qui alimenté mon égo, je m'avançais le premier, d'une vitesse que même un austrien ne pouvait avoir maitrise. Attaquant sur le flanc droit, m'imaginant une faiblesse, le jeune homme plein de fougue esquive. Il contre. J'esquive. Je contre. Il esquive. La bataille était longue et rude, une dizaine d'hommes observaient notre combat comme un spectacle matinal, leur seule distraction journalière. Au bout d'une quarantaine, que dis-je d'une centaine d'échanges, la jambe gauche du jeune Julien plie face à mon épée et celui ci, désappointé par cette attaque-surprise-éclair, flanchit et tombe comme une serviette de cuisine.
- Vous êtes encore plus rapide que la dernière fois sous-lieutenant, me dit celui ci, se relevant avec difficulté
- Eh bien il est vrai que j'ai passé quelques minuits à m'entrainer dans le plus grand secret pour ne pas me faire volé mon talent d'escrimeur par un homme aussi ambitieux que vous Harp, lui répondis-je rigolant.
Cette échange franc et convivial fut interrompu au bout de quelques secondes par une annonce très surprenante.
- Les austriens ! Les austriens ! Ils sont là ils arriveront au bout d'une heure tout au plus, crier un éclaireur à bout de souffle, donnant la sensation d'avoir perdu sa voix. J'ordonnais à mes hommes de donner à boire à l'éclaireur et, sautant sur mon le cheval le plus proche, je galopais jusqu'à la tante du major Romell. Arrivé dans sa tante, je perdais quelques secondes précieuses à convaincre les gardes de me laisser passer, et glacé par le regard encore plus sombre et perceur de l'âme que le lieutenant Augusto, le major me demandait que venais je faire ici.
- J'apporte une nouvelle alarmante mon major, les austriens vont arriver d'ici une heure, il faut hâté les préparatifs pour la bataille sinon nous seront sur la défensive totale, presque sous siège dans ce village.
Le major était silencieux, il ne semblait point étonné de cette nouvelle. Après une longue, très longue minute de silence, le major dit simplement qu'il fera changer les formations pour contrer l'ennemi. Je n'eu pas plus d'informations, dû à mon rang trop bas pour connaitre la stratégie de l'Etat-major de l'armée. J'étais en effet stationné dans l'armée la plus exposée, près du carrefour stratégique d'Ulm, ville austrienne, dans la 6ème Colonne de la Sublime Armée francienne. Je rejoignais donc au plus vite mes soldats pour les préparer et m'apprêtre à suivre les ordres du lieutenant.
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Le Soldat Vermeil
Historical FictionJeune homme plein de fougue, le futur célèbre mais néanmoins imaginaire Alain Lannes gravira, par la force de son épée, les échellons militaires pendant les célèbres guerres napoléoniennes, mais remodelés par l'auteur de cette histoire. Lannes sera...