Chapitre 26 : Ethan

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En début de soirée, nous amarrons sur le port après une journée d'évasion en pleine mer. Nous sommes tous deux silencieux, fatigués par le soleil et le grand air mais heureux. Je peux le dire avec certitude, alors que je regarde le visage serein d'Auriane sur lequel flotte l'ombre d'un sourire : elle a aimé cette sortie.

Après m'être assuré que le bateau était bien amarré, nous nous dirigeons vers ma voiture, côte à côte. Je souris en entendant le petit soupir discret d'Auriane, entre bien-être et regret.

Finalement, ce premier rendez-vous s'est très bien passé. Mieux que je ne l'espérais en tout cas. Après notre discussion sur le plaisir en solitaire et sa promesse d'essayer (je n'arrive toujours pas à croire qu'elle n'ait jamais goûté aux joies de cette activité), elle s'est visiblement détendue.

Nous avons passé une après-midi paisible à bronzer, jouer aux cartes ou encore à piquer des têtes en pleine mer. Cette partie a été ma préférée, je dois l'avouer, puisque chaque fois que je lui criais qu'une bête marine la pourchassait, elle se jetait littéralement sur moi, hurlant de terreur et enroulant tout son corps autour du mien comme si j'étais sa bouée de sauvetage. J'ai aimé la sentir contre moi, ses formes féminines épousant sans crainte mon corps, sans méfiance. Ca a été une torture et un régal.

Bon, évidemment, au bout de plusieurs fois (oui, j'en ai abusé !) elle n'a plus cru un traître mot de mes avertissements puérils. Et au lieu de se jeter à mon cou, elle me plongeait la tête sous l'eau, dans une tentative vaine et futile de me faire boire la tasse. Entre sensualité, éclats de rire et somnolence, cette journée a été d'une simplicité délectable.

Après avoir rangé le panier à pique-nique dans le coffre, j'ouvre la porte côté passager à Auriane. Celle-ci, agréablement surprise me sourit avant de me coller un baiser sonore sur les lèvres.

- Que me vaut cette attention ? je demande en riant.

Elle hausse les épaules comme une petite fille prise en faute, intimidée.

- Te remercier pour cette journée. C'était fabuleux. Je ne m'étais jamais sentie aussi libre.

- Je ressens la même chose.

On se sourit et elle s'engouffre dans ma voiture, me permettant de fermer la portière et de prendre place du côté conducteur.

***

Vers vingt heures trente, après avoir déposé Auriane chez elle, je me gare dans l'allée de ma mère. Ne voulant pas abuser de la gentillesse de mon beau-père, je suis venu lui rendre les clés et les papiers de son bateau.

Ma mère et Federico habitent une maison non loin de chez moi, dans le même quartier que mon père à vrai dire. Je m'avance vers la porte, entourée par une façade blanche et moderne où s'entremêlent des fleurs mauves et rose, donnant un charme d'antan à cette demeure pourtant récente. L'air des fleurs emplit mes narines au moment où je toque à la porte.

- Bordel de merde, je rêve où tu chantonnes ? m'accueille mon petit frère, ahuri.

- C'est une belle soirée pour un brin de musique, non ?

Il me regarde, sceptique, me détaillant de la tête aux pieds.

- Pas quand on a ta voix !

Je ris de bon cœur en entrant dans la maison, lui balançant dans le même temps une tape sur sa tête d'idiot.

- Mon chéri !, s'exclame ma mère quand elle me voit entrer dans la cuisine d'où s'échappe un doux fumet qui me met l'eau à la bouche. Je ne savais pas que tu venais.

A Taste Of EternityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant