Les raisons de l'amour

chapitre II

Aujourd'hui, au resto, Mayi est débordée par le boulot. Des couples venus de tous les coins de la ville de Saint-Louis se dispute la vedette dans la Linguère (c'est comme ça qu'ils ont appelé le resto à sa création). C'est un beau lieu aux décorations à s'en couper le souffle. Depuis qu'elle gère la Linguére, Mayi ne manque pas de la rendre plus attractive de jour en jour. C'est l'un des endroits de Saint-Louis les plus chics; les couples et les grandes personnalités n'hésitent jamais de s'y rendre, soit pour être servis à manger, soit pour le confort que le fait d'y être leur procure. Étant partisane de la perfection et du beau, Mayi a réussi à faire de son coin un paradis pour les amoureux de la bonne nourriture et des beaux décors.
Cependant, hormis le fait de servir les familles riches et les couples en quête de quiétude, la Linguère sert aussi aux pauvres et aux nécessiteux. En effet, Mayi, grâce à l'éducation qu'elle a reçu, porte en elle le sens du partage. Ce dernier n'étant pas qu'entre riches et personnes à l'abris du besoin, mais aussi envers des familles qui en ont besoin.
Parfois, certains individus peuvent être de bons donateurs, mais le plus bon donateur est celui qui offre aux nécessiteux.
Un jour, une de ses assistantes Amina lui demanda:
- Pourquoi il ya toujours un grand bol mis de côté dans la cuisine ?
parceque quelqu'un ou quelques-uns en auront besoin, répondit-elle.
Avec un regard beaucoup plus sérieux, elle poursuivit:
- Tu sais, Amina, vendre et vendre pour n'avoir que de l'argent n'est pas le plus important. Le plus important est de travailler dignement, de gagner sa vie dignement et de servir. Et servir ne se limite pas à exécuter les commandes des clients; le vrai sens du mot se trouve dans le fait d'être en aide utile à toute personne qui en a besoin et qui ne peut pas le faire elle-même. Le repas que tu offres à la famille de la rue d'à côté, le hamburger que tu sers au Talibé affamé, ou même l'os que tu donnes au chien qui rôde autour du resto, c'est ça servir en fait. Comme l'on dit en wolof " nitt ki si linga am rek nga meuna dimbalee ñi soxla n'dimbal ". Donc tant que l'on pourra, ici à la Linguère, on sera toujours en service à tout le monde, aussi bien à ceux qui ont les moyens de ce servir qu'à ceux qui ne les ont pas.
Amina ne semblait pas surprise des mots de sa patronne car elle savait de cette dernière une gentillesse remarquable. Mayi était connu dans la ville, non seulement par ses talents en cuisine, mais aussi par sa bonté et son ouverture d'esprit.
Un jour à la descente, elle marchait sur le trottoir comme à l'accoutumée pour prendre de l'air avant de prendre le chemin de la maison. Sur sa route, elle croisa deux garçons qui semblaient se balader en ville. Ils semblaient vraiment se balader car déambulant, cannette à la main, sur le trottoir.
En marchant, casques aux oreilles, Mayi sentit une main douce sur son épaule; douce peut-être à cause de la surprise que cela lui a faite. Elle se tourna et tomba sur l'un des garçons qu'elle vient de rencontrer. C'était le plus grand.
- Pardon ! s'exclama Mayi, que se passe-t-il ?
Et le jeune homme lui tendit une pochette qui n'était autre que la sienne. Mayi paraissait surprise et se demandait " mais comment est-ce possible?" Elle paraissait aussi confuse à cause du silence du jeune homme qui ne faisait que la fixer du regard.
- Merci! lui dit-elle.
Et la seul réponse du jeune homme fut "pas de quoi". Et il se tourna pour partir lorsqu'elle lança "Mais c'est quoi votre nom monsieur?" Genre "seuñ bi nga baal ma deh no tudu ?".
- Habib ! Yow nag no tudu?
- Man Mayi laa tudu. Et pourtant fi laay ligueyé si Linguère bi. Demay noppalu rek. Mais vraiment merci pour la pochette.
Habib: nan dou dara ñooka bok. Faites plus attention en marchant. Allez! J'allais partir là.
Mayi: ok merci beaucoup. Bonne soirée, en tendant la main à l'autre gars qui accompagnait Habib.
Mayi, en même temps, fit demi-tour pour regagner le resto, comme si la scène qui venait de se produire avait eu un quelconque effet sur elle.
Et Habib et son ami disparaissaient au loin sous les lampadaires de l'allée qui longe la devanture de la Linguère.

NB: Habib et Mayi se sont rencontrés mais le sort n'a, pour le moment, rien décidé entre eux. Le hasard les a mis en rencontre, reste à l'amour de les unir. Mais comment?
Devinez et attendez le chapitre III qui paraîtra bientôt !
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