Chapitre 2 - Tu connais le chemin pour rentrer, il me semble.

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    Prise sur le fait, je me retournai en bégayant une sorte de « oui »

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    Prise sur le fait, je me retournai en bégayant une sorte de « oui ». Mais je me ravisai bien vite, un air de dégout obscurcissant mon visage.

— Ça peut aller, me repris-je alors en arborant un air sérieux.

    Un rire méprisant s'échappa de ses lèvres et il me poussa comme un vulgaire pion pour vérifier que je n'avais pas abîmé son précieux tableau. Ce type n'était pas croyable. Un air plus froid que celui qui balayait la banquise traversa la chaleur de la fin de journée pour s'immiscer jusqu'à nous.

— Tu connais le chemin pour rentrer, il me semble, me lança-t-il du tac-au-tac.

    Abasourdi quant au ton qu'il venait d'employer, j'eus même du mal à croire qu'il s'adressait à moi. Mais, à l'évidence, j'étais la seule à me trouver sur cette terrasse. C'était probablement la première fois que j'avais à faire à un être aussi désagréable.

    Sa tête en avant pour récupérer les pinceaux tombés au sol, l'idée de la lui mettre dans son tableau m'effleura l'esprit l'espace de quelques secondes. Mais je devais me montrer plus mature que lui, et ne pas m'abaisser à son niveau d'insolence.

— Tu feras attention, ta mèche rebelle trempe dans la peinture fraîche de ta toile, lui fis-je remarquer avant de faire demi-tour.

    Je ne restai pas plus longtemps pour voir sa réaction, mais assez pour l'entendre jurer contre lui, et contre moi par la même occasion. Un sourire satisfait sur les lèvres, je retournai enfin à l'intérieur, la nuit était totalement tombée.

    L'appartement était plus calme qu'à mon départ. Il ne restait qu'Harry, en train de ranger la vaisselle propre dans les placards. Sans lui faire peur, je m'approchai de lui pour l'aider à finir.

— Où est-ce qu'ils sont tous passés ? demandai-je quand il remarqua ma présence.

— Partis se coucher, m'annonça-t-il.

    Mon frère et Thaïs, les deux autres habitants de cet appartement, étaient allés se coucher en laissant Harry, ne résidant pas ici, ranger leurs affaires ? Il allait définitivement falloir mettre des règles en place dans cette maison.

— Va te coucher, toi aussi, lui proposai-je en douceur. Je vais finir.

— T'es sûre ?

— Oui t'en fais pas, tu peux rentrer.

    Le bouclé rangea l'assiette qu'il avait dans la main puis attrapa sa veste et quitta l'appartement en silence, après m'avoir souhaité une bonne nuit. Derrière lui, j'allais fermer la porte à clé en espérant que cela empêcherait quiconque de rentrer sans frapper, et de le faire comme quelqu'un de civilisé.

    Le dernier verre mit à sa place, je vérifiai que toutes les fenêtres soient fermées avant d'éteindre les lumières pour me coucher à mon tour.

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