Amanda Mystère(version française)

Amanda Mystère

     « Comment ai-je fait pour me retrouver dans une telle situation ? », soupira Thomas Vertueux. « Je ne pensais pas que ma relation avec Amanda Mystère se terminerait ainsi », continua-t-il. Le jeune garçon de dix-sept ans se mit alors à songer à sa première rencontre avec Amanda Mystère, une élève qui fréquentait le même établissement scolaire que lui.

C'était un lundi, deux semaines de cela. En classe, il n'écoutait même plus ce que disait son professeur de français, M. Delatour. Quand la cloche sonna pour la pause du midi, il s'empressa de ramasser ses livres et le reste de ses matériels scolaires, prit son lunch, puis se faufila entre les autres étudiants dans le couloir qui débouchait sur l'entrée principale du bâtiment.

Une fois dehors, il se mit alors à se promener dans les alentours du bâtiment scolaire. Arrivé à un certain carrefour, il aperçut un petit coin tranquille parsemé d'arbres. Il s'appuya contre un gigantesque saule blanc situé approximativement au milieu du petit terrain verdoyant et, se mit à admirer le paysage. C'était une belle journée de printemps. En ce début du mois de juin, l'été se faisait déjà sentir, car il n'y avait aucune trace de neige dans les environs. Soudain, un sentiment étrange l'envahit. Ce n'était pas la première fois qu'il ressentait cette désolation profonde. Un certain vide l'habitait depuis qu'il avait déménagé du secteur du Vieux-Montréal, pour aller habiter à Dollard-des-Ormeaux avec sa mère au début de l'année. Thomas était en cinquième secondaire. Il ne s'était jamais vraiment familiarisé avec ses camarades car son caractère pas plus réservé que timide ne laissait aucune ouverture à ceux et celles qui osaient s'aventurer dans son quotidien. Il eut tellement le blues qu'il oublia son manger.

Ses yeux se remplirent de larmes en une fraction de seconde. Il n'en pouvait plus et émit un cri de désespoir qui produisit un étrange vacarme. Un vacarme doublé d'une voix féminine. Profondément étonné, il sortit de derrière l'arbre où il se tenait. Y avait-il quelqu'un ou quelqu'une d'autre sur les lieux ? Il ne s'était pas trompé car, sortait de l'autre côté de l'arbre, la face cachée de celui-ci, et s'approchait de lui, une jeune fille. Elle avait les yeux remplis de larmes comme lui. Il la connaissait. C'était Amanda Mystère, une fille de sa classe qui était très connue pour son caractère lugubre. Elle le regardait d'un air confus. « J'ai, j'ai cru voir...une araignée ! », affirma-t-il. Amanda le fixa, puis, au moment où il ouvrit sa bouche de nouveau, elle leva ses sourcils, consulta son téléphone portable, ramassa son sac à dos et s'en alla.

Puis, il y eut la seconde rencontre. Le lendemain, Thomas décida de ne pas sortir de l'établissement scolaire pendant la pause du midi. Une fois dans la cafétéria, il s'aperçut qu'Amanda était assise au fond de la pièce. Il décida de la rejoindre.

— Salut, tu t'appelles Amanda, n'est-ce pas ?

— Euh, oui ?

— Je ne veux pas te déranger.

Amanda resta muette.

— Je tenais juste à ce que tu saches que, même si on ne se connaît pas, que tu n'as pas à te refouler autant sur toi-même.

Amanda demeura muette.

— Et puis tu sais quoi ? Toute cette histoire de complexes envers ceux et celles qui nous côtoient, il faut s'en débarrasser dès maintenant. Un tel comportement pourrait s'avérer être complètement désavantageux après le secondaire.

— Wow !

— Quoi ?

— Est-ce que c'est ta façon à toi de dire à une fille qu'elle t'intéresse ?

— Quoi ?

— Je me savais intimidante mais... à ce point là !

— Ok, ça va...