Il faisait si froid, le vent glacial mordait ma peau lisse et s'infiltrait dans les gravures de mes bras. Je replaçais ma capuche sur ma tête et resserrais doucement ma cape autour de mon corps frêle. Depuis combien de temps j'attendais ?
Je tournais délicatement la tête vers le bout du quai. Une ombre se dessinait dans le ciel couchant. Il arrive, pensais-je avant de poser mon regard de cristal sur l'horloge de la gare. Plus que deux minutes, encore un peu de patience.
Je me levai délicatement du petit banc et observai autour de moi. Il n'y avait pas âme qui vive. Depuis combien de temps n'avais-je pas eu de réelles interactions avec un être vivant ? La mort de mon père je suppose. Cela me paraissait tellement loin, j'avais l'impression d'errer depuis des siècles à la recherche d'une raison de vivre.
Moi qui pensais pouvoir vivre parmi les Hommes grâce à cette enveloppe, je me fourvoyais. D'Homme je n'en avais que l'apparence. Je n'avais ni papier, ni argent et lorsqu'ils m'observaient attentivement, il ne faisait aucun doute que je n'étais pas humaine. Je restais qu'une poupée, un assemblage d'os, de fer et de bois.
Mon cœur se serra à cette pensée. Non, je ne devais pas me laisser aller, cette vie, c'est mon père qui me l'avait donné, je devais la savourer et non m'en plaindre. Je lui avais fait la promesse de trouver ma place en ce monde,
Je resserrais mon étreinte autour de ma cape, caressant du bout de mes doigts le tissu noir qui m'enveloppait. Soudain un cliquetis retentit, on aurait dit le son d'une boîte à musique. Quelle magnifique mélodie. Mes yeux se fermèrent pour mieux en profiter et doucement mes pieds se mirent à valser.
Un pas à gauche, un pas à droite. Rond de jambe, jeté, pas de bourré, tour sur moi-même. Les pas s'enchaînaient au rythme de la mélodie, sans que mon esprit n'intervienne. Les souvenirs de mes premiers pas dans l'atelier de mon père me revinrent en mémoire. Je revoyais son doux visage endormi sur son plan de travail, j'entendais à nouveau sa voix rauque et usée et surtout je me rappelais son regard émerveillé lorsque je dansais.
Quelle sensation de liberté cela avait été. Mon corps était en métal la première fois que j'avais valsé. Et pourtant, même si mes mouvements étaient saccadés, je n'avais jamais ressenti une telle osmose avec ce qui m'entourait.
Aujourd'hui encore, j'avais l'impression qu'il était à mes côtés quand je dansais. Qu'il m'observait et s'émerveillait de là où il est. Et la sensation était encore plus forte maintenant que mon corps était dans le matériau parfait.
Les secondes passaient et mes mouvements étaient de plus en plus amples et majestueux. J'étais seule, le train était encore loin, alors autant en profiter pour être moi-même quelques instants.
Je laissai tomber ma longue cape, libérant mes bras dans un grand mouvement. Jeté de jambe, tour sur soi-même, saut de biche, arabesque. Accentuant chaque mouvement avec ma tête et mes bras pour leur donner encore plus de force et d'ampleur.
Mais alors que j'enchainais mon troisième tour, me servant l'élan de ma jambe pour me propulser, j'entendis le sifflement de la locomotive qui se rapprochait. J'ouvris instantanément les yeux et perdis l'équilibre.
Mais juste avant de tomber sur le sol, je sentis une main m'agripper par les hanches. Me sauvant de peu, d'une blessure qu'il aurait été difficile à réparer. Surprise, je posai mon regard de cristal sur mon sauveur.
Je n'oublierai jamais la sensation lorsque nos regards se sont croisés. J'étais comme hypnotisée par ce regard orangé. Des yeux de chat, maquillage aux couleurs d'automne, et posant sur moi un regard empli de malice et de douceur. Nous sommes restées quelques secondes ainsi, refusant de rompre ce moment qui semblait hors du temps.
Elle se redressa, m'entrainant avec elle, sans jamais me lâcher. Mon regard ne put s'empêcher de parcourir son beau visage. Elle avait la peau d'un noir profond, parsemée de tatouage blanc. Ses longs cheveux d'argent caressaient ses épaules dénudées et son corset orange mettait en valeur ses courbes parfaites. Elle n'était pas humaine, cela ne faisait aucun doute, et pourtant, de tous les êtres que j'avais rencontrés, elle en était la plus belle.
L'inconnue ramassa ma cape et me la tendit avec délicatesse. Un sourire tendre sur le visage pour seul commentaire. Je m'en saisis, profitant de ce geste pour caresser ses doigts, qui avait l'air si doux.
Elle fixa un instant mes articulations de poupée avant de planter ses yeux dans les miens.
- "Je n'avais jamais vu d'humain comme toi", clama-t-elle avec intérêt.
Si mes joues étaient capables de rougir, je pense qu'elles seraient devenues cramoisies. Je détournais timidement les yeux, replaçant délicatement une de mes mèches derrière mon oreille.
- "C'est parce que je ne suis pas humaine", expliquais-je un peu gênée.
Ma réplique sembla encore plus intriguer ma sauveuse, qui se rapprocha d'un pas. Ne laissant plus que quelques centimètres séparer nos visages.
- "Et qu'es-tu dans ce cas?", questionna-t-elle d'un ton légèrement fasciné.
- "Je suis Luna", répondis-je un brin de mystère dans le regard.
Un sourire malicieux se dessina sur les lèvres de la jeune femme, qui s'inclina devant moi, tel un chevalier devant une princesse.
-"Je me nomme Galaris cher non humaine envoûtante. Ressortissante du peuple Gisca. Et je serais honorée d'apprendre à connaître cette planète au côté d'un être tel que toi", clama-t-elle en me tendant délicatement sa main.
Je restais figée quelques instants. Décidément cette femme me mettait dans tous mes états. Mon père m'avait parlé de l'amour et ses dérivés. Je les avais expérimentés dans les livres, mais jamais je n'aurais cru être capable de les ressentir pour de vrai.
Poussée par les battements imaginaires de mon cœur, je saisis la main qui m'était tendue.
- "J'en serais honorée", répondis-je d'un ton empli de douceur.
Elle releva la tête et planta à nouveau son regard dans le mien. Le train arriva en gare, mais aucune de nous ne bougea. Nous n'avions pas besoin d'aller plus loin. Nous avions toutes les deux trouvé notre destination. Il ne restait plus qu'à nous laisser porter par le flux du destin.
Galaris s'éloigna d'un pas, avant de me tirer vers elle d'un mouvement rotatif. Me forçant à m'enrouler dans ses bras et à me blottir contre sa poitrine. Je sentais son souffle contre mon oreille et les doux battements de son cœur dans mon dos. J'étais si bien entre ses bras.
Elle glissa ses mains sur mes hanches et commença à valser. Je compris très vite où elle voulait en venir et la laissa me guider. Un pas à gauche, un à droite, arabesque, porté. Ses pas accompagnaient les miens et nos cœurs battaient à l'unisson. On ne faisait qu'un dans la danse. Et même si nos styles étaient opposés, ils se complétaient à merveille. Lorsque je tombais, elle était là pour me relever, lorsque j'avais besoin de soutien elle n'hésitait pas à me le donner. Je n'étais plus seule, je l'avais trouvée. J'avais trouvé une raison de vivre, j'avais enfin trouvé ma place en ce monde, être à ses côtés.
Note d'auteur :
Coucou tout le monde !
Comment vous allez ? Moi super, ça fait tellement longtemps que je n'avais pas écrit sur ma petite Luna. Pour dire s'était ma deuxième participation au concours d'écriture et là c'est la...part compter le 80e... A oui quand meme XD
Si ça vous intéresse vous pouvez lire le premier texte ici :
Et comme c'est une musique qui m'a inspiré je vous la partager, ça vous aidera peut etre a imaginer la chorégraphie de ma fifille :
Des bisous à tous !
Jack
VOUS LISEZ
un Chapitre une Histoire
RandomChacun chapitre raconte une historie sous une forme différente (Nouvelle, poème, scénario, ...) Certain textes sont des essayes, des origine story ou encore des participation a des concours d'écriture (la plus par sur le serveur Tiboudouboudou). Bon...