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ℭ𝗵𝗲𝗿 𝗷𝗼𝘂𝗿𝗻𝗮𝗹.
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⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀ ━━━━━━━━━━━━━━━━━━━━ J.eudi 8 mai⤸
Ce matin, j'observai la digue. Au centre l'îlot, à gauche les bateaux. L'air frais s'en allait, la chaleur des mois de printemps le chassant. J'étais resté planter là bien un moment, je l'avoue, bien trop admiratif pour daigner m'en aller. L'étouffante température tenait stagnante l'eau. Plus aucune vague ne trépignaient sur mes orteils. Peut-être étaient-elles cachées. Je n'aimais pas l'été, ce mois emplie de festivités démesurés et ce qu'il s'en suivait ne me plaisait plus. Fut un temps où je dansais moi aussi, ou je buvais moi aussi, où je vivais. Mais tout cela était révolu, je ne me contentais aujourd'hui que de peu . De plus grand chose.
Midi arrivait au galop et j'étais toujours assis, les pieds dans la mer, l'eau me montant bien au-dessus des hanches. Je me suis allongé et l'instant de quelques secondes ai voulu me laisser submerger. Quand j'ai remonté la tête, lâche, un enfant me regardait, les yeux exorbités. Il tenait dans sa main une glace. Elle fondait. Je lui ai souri sans vraiment savoir pourquoi, et il a fait de même, sans doute trop bambin pour se laisser aller au malheur du monde. Sans doute heureux. Je suis sorti de l'eau et ai marché jusqu'à ma serviette, laissée sur le muret près de mon sac. Puis j'ai commencé, je t'ai écrit. Plus tard contemplatif, il m'a semblé que la faim me prenait, alors j'ai levé la tête à la recherche d'un stand. Peut importe m'allait.
Tout ceci me rappele papa. Tu sais, ces après midi ou lui et moi naviguions. On rentrait toujours affamées. On courrait alors vite jusqua la maison, lui en tête, moi lui tenant la main. Puis on arrivait , on embrassait maman et on mangeait à ne plus pouvoir, désirant combler le vide que portait notre estomac depuis plusieurs heures. Je n'avais jamais été glouton pourtant, et je m'étonnai à chaque fois devant la quantité de nourriture énorme que j'ingurgitais, au final. Les souvenirs me grisent, le temps aussi. J'ai acheté et avalé mon hot dog rapidement, pressé de revenir t'écrire. Je ne t'ai pas dit, mais ce matin, je t'ai fait tomber. J'ai abîmé certaines pages et je m'en excuse. Pourtant, quand je les ai lu, celles-ci m'ont semblé lointaines et je me suis surpris à ne plus me reconnaître. Je te le dis méfiant. Je crois avoir bien trop changé et être un tantinet trop avancé pour me retourner et lorgner ce passé. C'est pourtant ce qui s'est déroulé, à travers les vielles pages, j'ai pu lire les aventures d'un autre jungkook. Un intrépide et fort. Un bien trop heureux pour se laisser emporter par la vie. Tout cela semble sorti d'un livre, je suis la victime, toi le méchant détenant mes plus vieux secrets. Pourtant, je continue, et je sais, je le conçois, bientôt tout ceci s'arrêtera. Tu n'auras plus de pages. Moi plus aucune lumière.
