𝐈.

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Un crissement de pneu sur le goudron vint perturber le silence lugubre qui pèse sur la rue déserte et sombre. La voiture aussi noire que le ciel sans étoiles de cette ville éteinte se gare sur le bord de la route, en biais.
Un homme en sort, sa chevelure d'argent et sa peau de lune fendent l'épaisse obscurité de la nuit.

Il marche avec classe et amusement sur l'asphalte glacial du trottoir. Ses pas s'arrêtent devant un immeuble lambda, vieux et endommagé. Un décor sinistre.

Il frappe à une porte, cinq coup au total qui se perdent dans le silence. La porte s'ouvre sur un autre homme, une montagne de muscles et de tatouages qui le dévisage de haut comme un insecte.

Si seulement il savait...

"- Qu'est-ce qui t'amène ?" Demanda-t-il en s'avançant de quelques centimètres seulement face à l'homme à la peau de lune.

L'inconnu se contente de sourire et sort de la poche de son pantalon, encore plus obscur que les ténèbres du ciel, un badge doré qui éblouit un instant le regard perçant de la montagne de muscle.

L'homme imposant baisse la tête et libère le passage qu'il gardait férocement tel un chien de garde.

"- Le boss vous attend, Mr Satoru." Souffle-t-il les dents serrées.

Celui vêtu de noir hoche la tête et traverse l'ouverture de sa même démarche exceptionnelle. Il parcourut une bonne dizaine de mètres dans cet appartement plutôt spacieux et ancien.

Dans la cuisine s'alignaient bouteilles d'alcool et prostituées droguées, dans le salon s'entassaient trafiquants en tout genre et stripteaseuses à moitié nues et enfin à l'étage s'ouvrait un bureau aux couleurs éclatantes qui donnait une vue sale sur le quartier malfamé où se dressait l'immeuble dans lequel il venait de pénétrer.

"- J'ai faillit attendre." Susurra un des nombreux mafieux qui peuplaient l'appartement.

Il en était le chef, Suguru Geto. Sa longue chevelure noir descendait dans son dos telle une cascade de nuages lors d'une nuit sans étoiles, comme celle où prenait place cette scène. Ses yeux de jais s'ancrèrent dans ceux du nouveau venu et ses lèvres rosées remontèrent dans un sourire doux-amer.

"- Satoru Gojo, quelle bonne surprise !" S'exclama-t-il dans une fausse joie.

"- Je suis également surpris d'être là. Dis-moi mon cher Geto, tu pourrais me rendre un service en souvenir du bon vieux temps qu'on a passé ensemble ?" Répondit Gojo en relevant ses lunettes de soleil sur ses cheveux.

Geto eut un frisson agréable en se noyant dans le regard clair de Gojo. Il avait oublié à quel point ses pupilles étaient magnifiques et envoûtantes. Elles lui avaient presque manqué d'ailleurs.

Habitué au manque de tact de son ancien ami, Geto se leva de sa chaise en bois de chêne pour contempler la ville endormie. Les premières heures du matin commençaient à se faire sentir et la fatigue se lisait dans chacune des rides sur son visage pas si véritablement expressif.

"- J'ai entendu dire que tu étais sur une affaire grave en ce moment et je présume que c'est pour ça que tu viens me voir. Je me trompe ?" Soupira-t-il sans même regarder son interlocuteur.

Celui-ci se para d'un grand sourire qui fit ressortir toutes ses dents, blanches comme ses cheveux.

"- On ne peut rien te cacher à ce que je vois !" S'exclama-t-il en prenant négligemment place sur l'un des nombreux canapés de la pièce.

Gojo croisa les jambes et se mit dans une position d'attente, son sourire si agaçant ne quittant aucunement ses lèvres pleines.

"- Qu'est-ce que tu veux savoir ? Qu'on en finisse. J'ai un déménagement à faire."

Celui à la chevelure immaculée fit mine de réfléchir. Il avait la réponse sur le bout de la langue mais il aimait faire mariner son auditoire. De son côté Geto observait enfin son ancien ami dans le reflet de la baie vitrée, contemplant sans le vouloir sa beauté exceptionnelle qui avait le don de lui filer des migraines.

"- Qu'est-ce que tu sais à propos des meurtres dans le district de 'Jogo' ?" Demanda Gojo de bout en blanc.

Geto se tendit et se retourna complètement pour faire face à un Gojo ahuri devant son brusque changement d'attitude. Certes, ils faisaient quelques transactions avec "Jogo le démon" (un chef de gang respecté qui avait eut le droit à son propre district) et il pouvait aisément apporter des informations sur ce dernier mais cette histoire de meurtres allaient au delà de la simple rivalité mafieuse.

C'était la seule limite que personne ne pouvait franchir.

Néanmoins, il soupira et se rassit sur sa chaise, se servant au passage un verre de whisky qu'il but d'une traite. Il reposa le verre au milieu des cadavres de bouteilles d'alcool qui traînaient sur la table de son bureau puis parla.

"- Il se fait surnommer Sukuna. C'est...le roi des démons. Si j'étais toi, je ne plongerai pas trop mon nez dans cette histoire. Il est devenu la cible numéro une de tout les criminels environnants parce qu'il est...il est...trop dangereux. C'est tout ce que je peux te dire."

Gojo se permis de lâcher un petit rire et quitta la pièce avec un signe de main flegmatique. Une fois de retour dans sa voiture, il sortit le dossier qui reposait dans sa boîte à gants.

Une série de photos macabres défilèrent sous ses yeux cachés derrière ses lunettes de soleil fétiches. Son sourire devint retors et il rangea le dossier avant de démarrer à toute allure.

Il avait trouvé sa nouvelle lubie.

𝐌𝐮𝐫𝐝𝐞𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant