Chapitre 6 : Le chemin du retour

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Je m'époussetais après m'être levée. La mémoire me revint. Le loup, le chant puis le sommeil. Je me frottais les tempes. Je me sentais très faible, comme dans le brouillard. Je me tins à un arbre. Je criais en voyant ma main. Les ongles noirs et des spirales de noires courant autour de mes phalanges. Comme infectées. Les deux mains identiques. La panique s'empara de moi. Est ce que c'était fini ? Je m'étais tuée moi même ?

Je m'obligeais à me calmer. Je posais les mains sur le tronc de l'arbre et y lâchais mon énergie, ma poussière. Rien ne vint. Je m'acharnais, frappant mes poings sur l'écorce. Les larmes coulèrent, gouttes après gouttes sur mon visages, jusqu'à l'inonder.

"Stop, calme toi. C'est peut être passager. Tu dois rentrer."

Je prononçais ces mots et, en essayant de ravaler mes sanglots, je me dirigeais vers le lycée.

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"Putaaaaaaain, mais elle va jamais se finir cette forêt de merde ?"

J'étais excédée. Jamais je ne m'étais perdue. Jamais. Mais là j'avais beau marcher depuis plus d'une heure, la forêt verdoyante n'en finissait pas.

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"Là y a vraiment un problème."

Il était plus de midi et toujours pas de sortie. Les arbres se ressemblaient tous, et plus les heures défilaient, plus je doutais de moi, j'étais exténuée et triste. La colère s'en était allée pour laisser place à une douleur cinglante au crâne.

Je tombais à genoux et me tint la tête de mes deux mains. Le noir s'était répandu, gagnant mes poignets et un peu de mes avant bras. Qu'est-ce que j'allais pouvoir bien faire pour sortir d'ici ? Pour l'instant, j'avais besoin de repos, ça ne servait à rien de continuer dans cet état.

Je m'allongeais contre une souche et sombrais dans le sommeil.

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Je fus réveillée par la pluie. Les gouttes glissaient entre les arbres plutôt espacés. C'était une pluie intense, froide, dure. En quelques minutes, je le retrouvais trempée, et glacée. Je regrettais de n'avoir qu'un short et un débardeur. Je me relevais avec difficulté, et des douleurs dans tous les muscles.

Je grimpais un arbre, pour me recroqueviller sous les feuilles. Je grelottais.

"C'est quoi ce cauchemar ?"

Maintenant, mes bras étaient quasiment tout noirs jusqu'au dessus des coudes. Et mes pieds aussi.

J'entendis un croassement à travers la pluie battante. Je me figeais. Oh non, pas lui. Je tournais la tête lentement. Le même corbeau gluant que sur le grillage du lycée. À quelques branches de moi. Avant que je puisse faire le moindre mouvement, il me fonça dessus.

Je criais avant de sauter de la branche, le volatile me griffant les bras. Je heurtais le sol violemment. La douleur m'envahit. Je devais avoir quelque chose de cassé. L'oiseau plongea encore et encore sur moi, mais je ne pouvais pas bouger, j'avais trop mal. Je criais, je pleurais. Que quelqu'un m'aide..

Un goutte fraîche coule le long de ma joue. Une autre sur l'arrête de mon nez. Et une autre. Suivie encore et encore par ses sœurs. Jusqu'à ce que mon visage soit inondé. Le goût salé s'engouffre entre mes lèvres, entrouvertes pour laisser l'air entrer et sortir. Mes sanglots étouffés. Le tremblement de ma poitrine. Les larmes ne semblent jamais cesser.

"C'est donc ça ma fin ?" Pensais-je. J'allais mourir ici. Seule. Avec pour dernière pensée un visage. Un visage doux, tendre. Le visage de mon amour perdu. A jamais.

Les larmes se mêlèrent au sang, et le sang à la boue.

TinkerbellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant