𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟒

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La peur.

Je ne ressens jamais de peur d'habitude. Je suis une personne au sang relativement froid, ne me méprenez pas, mais l'entraînement intensif en Russie m'a fait devenir une sorte de robot : incapable de ressentir la moindre émotion, ce qui m'aidait a accomplir mes missions avec autant de succès. Et ça m'allait parfaitement bien, jusqu'à ce que je rencontre Wanda. Elle a tout changé en moi, je suis passée de ce robot sans coeur a une personne capable de ressentir des émotions telles que l'amour, la joie, et même la peur. J'ai lu quelque part que la peur est un sentiment d'angoisse éprouvé en présence ou à la pensée d'un danger, réel ou supposé, d'une menace. Je n'avais jamais compris cette phrase, je me suis déjà retrouvée dans des situations dangereuses et cela aurait dû me terrifier mais ce n'était pas le cas. J'y trouvais même une sorte de... plaisir ? Cette sensation de faire penser à la personne en face de nous que nous n'avons plus aucune issue, que c'est elle qui a tout le pouvoir, puis retourner la situation en une fraction de secondes et regarder la stupéfaction dans leurs yeux. C'est quelque chose qui me faisait jubiler autrefois.

Il y a beaucoup de choses qui m'échappent encore dans toutes les émotions que je suis capable de ressentir aujourd'hui, mais je sais une chose : si Wanda meurt, toutes ses émotions - et accessoirement une partie de mon cœur - meurent avec elle.

La culpabilité. Ça aussi c'est un sentiment nouveau.

Je ne me suis jamais sentie coupable de quoi que ce soit, et j'ai commis des crimes qui auraient dû éveiller ce sentiment. Mais aucun ne l'a fait. Aucun à part celui-ci. Je ne peux pas m'empêcher de me sentir coupable pour ce qu'il lui est arrivé. Wanda et moi avons toujours partagé un lien très fort, depuis le jour où nous nous sommes rencontrées. J'étais capable de sentir qu'elle était dans les environs, et inversement. Je savais quand elle n'allait pas bien, quand elle était anxieuse, quand elle voulait s'enfuir : je lisais en elle comme dans un livre ouvert. Et vise versa, puis elle savait toujours quoi faire, ou quoi me dire pour me faire me sentir mieux.

Nous sommes connectées, c'est comme ça et cela le sera probablement toujours.

Et je sais qu'elle est seulement entrée dans ce bâtiment parce qu'elle m'a sentie à l'intérieur, je le sais parce que j'ai ressenti la même chose. Cette sensation si inconnue et pourtant si familière. J'ai senti mon pouls devenir plus rapide, plus fort, tellement fort que je pouvais le sentir dans mon cou. C'était comme un sixième sens qui se réveillait d'un seul coup : je savais que c'était elle, et je savais qu'elle avait besoin de moi. Je ne l'avais pas comprise au début, cela fait si longtemps que je ne l'avais pas ressentie que je pensais rêver, ou alors que c'était encore leurs drogues qui faisaient effet. Mais quand j'ai entendu son cri, quand elle a hurlé mon nom, mon sang n'a fait qu'un tour. J'ai senti tous mes muscles se tendre d'un seul coup, et ce nœud à la gorge qui - pendant quelques secondes - m'a empêché de respirer. La seconde d'après, j'étais en train de soulever le débris qui se tenait au-dessus d'elle.

Je sens une sensation étrange au niveau de mes mains, elles sont comme mouillées alors je les essuie rapidement sur mon jean. Et c'est à ce moment-là que la porte de la chambre de Wanda s'ouvre. C'est son médecin.

— Vous êtes de sa famille ?

Je connais cette question, et je sais que si je réponds "non" il ne me dira rien et il me laissera encore moins entrer dans sa chambre. Les toubibs sont comme ça, ils respectent trop leurs codes et leurs morales pour enfreindre les règles.

— Je suis... sa femme ?

— Vous me posez la question ?

— Quoi ? Non pas du tout, je suis sa femme, dis-je d'un ton plus sure de moi cette fois.

𝐬𝐮𝐩𝐩𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞𝐝 𝐥𝐨𝐯𝐞.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant