Chapitre 3

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J+1

Je ne me rappelle même pas m'être endormie, c'est juste arrivé. J'avais passé le reste de la nuit à brancher la radio sur toutes les fréquences possibles, espérant plus que tout d'entendre une voix, un son, un signe que quelqu'un pouvait m'entendre. Mais il n'y avait personne de l'autre côté de la ligne, seul un bourdonnement électrique sans fin qui me donnait un mal de tête encore plus intense que celui que j'avais déjà.

J'imagine que mon corps s'est tout simplement fatigué de chercher ce qu'il ne pourrait jamais trouver, et je me réveillais donc allongée sur le canapé du salon. Je n'avais pas complètement fermé les rideaux beiges qui recouvraient les fenêtres. Ils avaient donc laissé la lumière matinale entrer et qui finit par rencontrer mon visage et me tirer de mon sommeil. Je regardais attentivement dehors : le soleil semblait s'être levé il y a quelques temps ; je devinai qu'il devait donc être autour de 9h.

La première chose que je cherchai des yeux fut le porte-manteaux dans l'entrée : mes parents n'étaient pas revenus de l'endroit où ils s'étaient rendus la nuit dernière. Je ne savais pas vraiment quoi faire, et c'est à ce moment j'aperçus quelque chose qui était diffusé à la télé. J'avais coupé le son, mais il semblait que les images n'avaient pas cessé d'être diffusées. De ce que je pouvais voir, il s'agissait d'un arrière-plan jaune avec un logo noir symbolisant un risque biologique. Je me saisis instantanément de la télécommande et remis le son en marche. Une voix d'homme parlait sur un ton grave et bien articulé :

« La nuit dernière, autour de 20h, la Place du Parlement a été la cible d'une attaque biologique. Heureusement, grâce à l'efficacité des autorités gouvernementales, la zone a été évacuée, et les blessés traités à temps. Tous les bâtiments autour de Westminster ont cependant potentiellement été infectés et le quartier est donc placé en quarantaine. Les experts y travaillent, à l'heure où je vous parle, mais nous ne savons toujours pas quelle pourrait être l'étendue de ce risque. Les citoyens de Londres et de sa banlieue reçoivent donc l'ordre de rester chez eux, jusqu'à nouvel ordre. Ceci est un message du Gouvernement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord ».

Et le message repassait encore, et encore, et encore, jusqu'à ce que j'éteigne la télé. Je devais réfléchir rationnellement : si mes parents n'étaient pas revenus de Westminster – où ils s'étaient rendus, j'en étais maintenant certaine – il y avait encore une bonne chance qu'ils y soient encore.

Je montai les escaliers menant à ma chambre, qui avait une fenêtre donnant sur le toit. Mes parents m'avaient toujours interdit de m'y aventurer, mais je n'avais jamais pu résister à la tentation et m'y rendais souvent lorsque j'étais contrariée ou ressentais besoin d'être seule. J'ouvris la fenêtre, vérifiai que rien ne sortait de l'ordinaire et plaçai mon pied droit, puis le gauche sur les tuiles de brique rouge. J'avais réalisé cette échappée des centaines de fois et même si je ne l'avais pas fait depuis quelques temps, ces bons vieux réflexes me revinrent de suite et je parvins sans problème au sommet.

J'avais emporté avec moi mes jumelles en sortant et pouvais donc obtenir une vue correcte sur Londres. Je me tournais vers le nord-ouest, où se trouvait Westminster, à neuf kilomètres, et vis... absolument rien. Il n'y avait ni fumée noire, ni un nuage anormal de couleur, rien. Je reculais et regardais davantage dans les rues autour de moi, et apercevais plusieurs voitures de police en patrouille, mais aucun des policiers ne portaient des masques à gaz, des combinaisons anticontamination ou n'importe quel type d'équipement pouvant les protéger. L'attaque biologique était donc soit une situation très mal traitée, soit un grand mensonge, et je penchais sans aucun doute pour la deuxième option.

Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que, quoi qu'il soit arrivé, le gouvernement ne voulait pas qu'on en attende parler. Je savais que m'y rendre serait un risque à prendre, mais si mes parents s'y trouvent, je le devais le faire, car ils auraient fait de même pour moi ou mon frère. Je descendis donc, changeai les vêtements que j'avais aléatoirement tirés de mon armoire hier soir pour un jean noir et un aussi sombre t-shirt à manches longues. Avant de partir, j'entrai silencieusement dans la chambre de Jimmy, au deuxième étage, et le réveillai gentiment :

Vert, comme un uniforme militaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant