19.

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Je pointe un doigt accusateur envers Thaddeus. 

- Tout ça, c'est de votre faute et de la votre uniquement. 

-  C'est toi qui a cherché l'aide de Thaddeus, réplique Enzo.

- Ne m'adresse pas la parole, je crache. Je croyais que tu étais bienveillant envers moi mais à la première occasion tu m'a frappée. 

Il reste de marbre, comme Thaddeus et Victoria. Elle, je ne peux rien lui reprocher si ce n'est d'avoir été complice de tout cela ; mais en soi, elle ne m'a rien fait personnellement. J'en veux à Thaddeus pour tout ce qu'il m'a fait, et il est hors de question que je me taise une seconde plus : hier, j'ai cru que mon temps était venu de parler, aujourd'hui, j'en suis sûre. Je ne resterais pas une seconde de plus silencieuse. Je me tourne une fois de plus vers Di Casiraghi. 

- Par où dois-je commencer ? Le jour où vous avez fait une roulette russe avec ma vie ? 

Silence de la part du principal intéressé qui me fixe, toujours aussi neutre. 

- Vous m'avez fait attendre durant des jours, vous m'avez menacée, vous m'avez manipulée, vous m'avait faite torturer. 

Je me tourne vers le major. 

- J'ai été électrocutée alors que j'étais trempée. Je ne sais même pas comment cela se fait que je sois toujours en vie. 

Le militaire se tourne à son tour vers Thaddeus, les yeux presque déçus. 

- Vous m'avez forcée à regarder un meurtre, vous m'avez séquestrée. Je n'ai rien demandé de plus que de faire affaire avec vous et vous ne traitez aucun client comme vous m'avez traité. 

A ces mots, il soupire et regarde le ciel comme pour dire " sérieusement, on va encore avoir cette discussion ? ". Je reste à le regarder, pleine de haine sans savoir vers quoi ou vers qui elle est totalement dirigée. Je sais seulement qu'une fois que tout cela sera terminée, j'aurais besoin de temps pour me remettre. Je sais seulement que je veux que tout cela se termine au plus vite. Enzo se passe la main sur le visage et Victoria ne dit rien, toujours cet air d'enfant coupable collé sur le visage. Marshall, lui reste droit comme un piquet, à fixer à tour de rôle moi, Enzo et Thaddeus. 

- Vous m'avez forcée à manger avec un cadavre ! je hurle. C'est pas suffisant, ça ? 

Une larme tombe sur le parquet et je vois le regard du militaire changer en un instant. D'une espèce de déception, il passe à de l'étonnement, puis de l'énervement. 

- C'est vrai ? 

- Oui, déclare Thaddeus. 

Le major pose brièvement sa main sur ses yeux, l'air de dire " mais c'est pas vrai... " et se reprend très vite, pour retrouver un semblant de contrôle.

- Ta réunion peut être abrégée ? demande t-il au patron. 

- Oui, décrète Di Casiraghi. 

Il fait un pas en avant. 

- Enzo, je délègue ton rôle à Victoria. Tu n'est plus sur le coup. 

Il marque une pause. 

- Victoria tu restes en charge. On s'apelle bientôt pour que je te donne des directives plus claires. 

- Ca marche, dit-elle. 

- Violence, on en parle quand on sera à Palerme. 

Je ne prend même pas la peine de hocher la tête. Je crois n'en avoir pas la force. Tout est devenu si dénué de sens que je ne veux plus avoir quoi que ce soit à faire avec ces gens et cette organisation. Comment ai-je pu en arriver là ? Comment est-ce que ma quête de réponses a t-elle tourné à l'obsession, jusqu'a prendre des risques inconsidérés pour avoir ce que je voulais ? Comment ai-je pu croire que je pourrais avoir de l'aide, ne pas être torturée, comment ai-je pu croire que tout se passerai bien ? Je suis soit très idiote, soit complètement aveuglée par mon ambition. 

ULTRAVIOLENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant