Prologue

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      Le calme régnait à nouveau dans le manoir de Gaby et Marcel, de feu Marcel. Marcel la marionnette des 8 femmes, victime de cette terrible machination orchestrée de toute pièce par sa fille. C'est le matin de Noël, la police est venue récupérer le corps du patriarche, l'impact de balle et les empreintes sur le revolver sont formels, Marcel s'est suicidé. Dans le manoir tout le monde fait son deuil, surtout Catherine. La plus jeune mais aussi la seule vouant un amour sincère à son défunt père. Les autres femmes elles, vaquent déjà à leurs occupations. Madame Chanel s'affaire dans une ambiance maussade pour préparer le repas de Noël. Après son aventure avec Pierrette, Gaby avait compris qu'elle avait jugé sa domestique trop rapidement, et décida de la garder finalement à son service. Mamy, la grand-mère, qui sans le dire était soulagée de la mort de son beau-fils affichait une mine réjouie. Gaby et Pierrette non plus ne firent pas semblant d'être attristées par la mort de leur mari, ou frère, elles s'occupaient toutes deux de la décoration, en compagnie de Suzon, la deuxième fille de Gaby. Elle arborait elle, un air triste, mais semblait moins affectée que sa jeune sœur. Sa tante, Augustine, avait passé plusieurs heures au lit après le suicide de son beau-frère, elle déjà malade, et qui était amoureuse de Marcel ne put cacher sa tristesse. Enfin, Louise la domestique, maîtresse de Marcel ne fut elle pas attristée par le décès de celui dont elle avait partagé l'intimité pendant tant d'années. En effet, elle n'était dévouée qu'à Gaby, et se moquait bien du sort de l'homme.
C'était alors une atmosphère pesante qui régnait dans ce manoir.

-Madame Chanel, pourriez vous aller voir Catherine après avoir enfourné la dinde s'il vous plaît ? Je ne pense pas que ma présence à ses côtés soit la bienvenue pour le moment mais je sais qu'elle tient à vous et vous ouvrira sa porte.

La domestique acquiesça à la demande de sa patronne, comme elle l'avait toujours fait. Quelques minutes plus tard elle partit voir sa protégée. Bien qu'elle la trouvait moins bien élevée que sa sœur Suzon, Madame Chanel aimait profondément les deux filles, et veillait toujours au bonheur de ces dernières. Elle toqua trois coups à la porte de Catherine, signala sa présence par son nom et Catherine lui indiqua qu'elle pouvait ouvrir.
Madame Chanel trouva l'adolescente recroquevillée dans son lit, les yeux rouges, plein de larmes, les cheveux en bataille et des mouchoirs juchant son lit. Bien que ce n'était pas dans ses habitudes, la domestique pris la jeune femme dans ses bras, pour la consoler, prendre un peu de sa peine et l'apaiser. Elle ne dit rien pendant de longues minutes, attendant que Catherine parle d'elle même, elle ne souhaitait pas la brusquer. Finalement elle prit la parole dans un long sanglot déchirant.

-Il va tellement me manquer, c'était horrible. Et tout le monde est indifférent, je suis la seule à être triste de son décès. Toutes les femmes de cette maison ne sont que d'horribles créatures.

Madame Chanel pris un air pincé, elle n'était pas d'accord, mais elle comprenait le point de vue de Catherine, ainsi, elle ne dit rien, elle ne voulait pas en plus énerver l'enfant dans ses bras.

-Je ne veux pas assister à ce repas de Noël, je ne veux rien fêter avec elles. Je ne veux pas voir leurs airs réjouis. Je ne veux pas entendre de chants de Noël, je veux juste rester ici pour le restant de mes jours.

Cette fois-ci, la domestique se sentit obligée d'intervenir.

-Je sais que ça va être difficile, même si tu ne penses pas, Marcel va manquer à tout le monde dans ce manoir. Je sais que ça va être dur, mais si tu ne le fais pas pour ta mère ou ta tante fais le pour moi, qui a préparé ce repas avec amour. Ou alors fais le pour ta tante Augustine, qui pleure elle aussi la perte de ton père. Ou bien pour Suzon, malgré tous ses événements n'oublions pas que bientôt elle sera maman. Tu peux fêter ce bonheur, même si ce sera difficile. Ou alors tu peux rester ici, je le comprendrai, tout le monde le comprendra et je t'apporterai à manger.

Pile ou face.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant