« Aurais-tu un livre à me conseiller ? » A cette question, certains répondront « Harry Potter » sans hésitation, d'autres diront qu'un Agatha Christie ne se refuse pas, ou encore qu'il n'y ait rien de plus joli que de la poésie. Ma proposition paraîtra certainement atypique : quelle drôle d'idée que de recommander du Zola ! Pourtant, un livre alliant romance, drame et histoire n'est-il pas le plus passionnant des romans ? Au Bonheur des Dames prend place au XIXème siècle, au sein de l'empire de Napoléon III, et conte deux histoires : celle de Denise Baudu, tout juste arrivée de Valognes, découvrant Paris et ses nombreux visages, et l'histoire d'un commerce nouveau, écrasant l'ancien modèle jusqu'à l'agonie pour se construire sur ses ruines et régner sur la capitale en seul maître véritable, éclatant. Deux histoires tout à fait différentes, cachant cependant une liaison ne pouvant être ignorée, rendant l'intrigue aussi édifiante que passionnante.
Ayant perdu mon amour pour les romans en cinquième, j'ai redécouvert les plaisirs de la lecture lorsque ma professeur de français nous a proposés d'étudier la série des Rougon-Macquart en seconde. Bien que l'idée ne me soit, dans un premier temps, parue des plus quelconques, j'ai été rapidement fascinée par l'histoire. De la même manière qu'une machine à voyager dans le temps, Zola emporte ses lecteurs dans ce Paris fondateur de celui que nous connaissons aujourd'hui, leur décrit ses rues, ses passants et ses mémoires, s'illustrant dans son rôle de journaliste. Les dimensions romanesque (apportée par l'histoire de Denise Baudu et d'Octave Mouret) et historique (la fin du commerce artisanal et la naissance des grands magasins) s'entre-mêlent afin de créer cette atmosphère printanière de constante renaissance, sans pour autant mettre à part de dures réalités (la misère des petits commerçants, condamnés, ou l'horrible visage de la mort). Ainsi, lorsqu'il s'agit d'amour, le roman ne tombe pas dans une niaiserie puérile susceptible de lui faire perdre de son charme, mais au contraire reste fidèle à son aspect réaliste, offrant quelques déclarations, parfois intenses, d'autres fois plus discrètes.
Les rôles de Denise et d'Octave s'inversent au cours du roman : l'enfant ne parvenant à cacher son regard triste devient reine de ce magasin qui l'effrayait tant, et le maître brillant mais cruel se retrouve piégé par ces sentiments qu'il méprisait autrefois. Un seul des protagonistes ne cesse pourtant d'émerveiller : le magasin s'agrandit, engloutit ces boutiques devenues prosaïques sans jamais parvenir à rassasier son appétit croissant. Pourtant, lorsqu'il s'apprête à atteindre son apogée, lorsque le million, symbole de sa puissance, est enfin entre ses mains, les deux principaux intéressés semblent le délaisser. Ainsi, tout au cours du roman, une des deux histoires surpassent l'autre, puis se fait éclipser à son tour. Si Au Bonheur des Dames semblent dominer tout du long, primer sur ces sentiments jugés futiles et ridicules, il se transforme en un élément du décors. Qu'importe la suprématie, qu'importe l'argent, ce million stupide ! Clac ! En un claquement de doigts, à peine deux pages avant la fin, les deux histoires inversent leurs rôles. Un ouvrage qui vous tient jusqu'à la dernière phrase, sans jamais relâcher son étreinte.
Ainsi, à la question « Aurais-tu un livre à me conseiller ? », je répondrai Au Bonheur des Dames, sans une once d'hésitation.
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When you tried your best but you don't succeed
RandomI don't know if I succeeded, but I did tried my best (that's a lie too) En hommage à @LadyClavez, "la best csc des bestie best". Avertissement : ne me prenez pas de haut au vue de cette description, je suis pleine de surprise (et d'une arrogance, c...