Chapitre 5

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J+1

Retourner à New Cross était plutôt simple, surtout avec ma moto qui pouvait dépasser la majorité des voitures, tout en restant silencieuse, mais je savais qu'elle représentait aussi un risque : le fait qu'elle soit si unique en son genre signifiait qu'ils ne tarderaient pas à la retrouver. Je devais donc m'en débarrasser. Heureusement, je connaissais juste LA personne pour le faire.

Lorsque j'arrivais à New Cross Gate, je me dirigeai vers un point spécifique sur Queen's Road, à dix minutes à pied de chez moi. J'avais fait de mon mieux pour brouiller mes pistes, mais redoutais que qui que ces Faucons Noirs soient, ils ne tardent pas à me rattraper.

Je m'arrêtai juste devant une boutique dont la vitrine était composée d'une structure de bois clair et de larges baies vitrées. Le design était vintage – probablement des années 70 – avec de jolies lettres blanches dessinées sur la vitre : "McLaren, motos et mécanique".

Une fois arrivée, je descendis habilement de ma monture et la garai à côté des douze autres qui se trouvaient déjà alignées, juste devant la rue. Je me ruai vers la porte d'entrée et y découvris un panneau affirmant que la boutique était fermée.

Je ne me décourageai cependant pas : je plaçai mon index droit sur la sonnerie, appliquai une ferme pression sur le bouton et déclenchai alors un son aigu, constant et insupportable dans toute la boutique. Après une dizaine de secondes, j'exerçai une courte pause et frappai à la porte sans faire de pause. Et je continuais ainsi, passant de la sonnerie aux poings, jusqu'à que la fenêtre au-dessus de moi ne finisse par s'ouvrir, laissant ainsi sortir le visage d'un jeune homme aux cheveux roux qui avait l'air encore à moitié endormi :

« Depuis quand es-tu réveillé ? demandai-je, sidérée.

- Trente secondes, grâce à toi, marmonna, avec juste assez d'intensité pour que je puisse l'entendre, Tommy McLaren.

- Il est midi, nom de Dieu !

- Désolé, répondit-il en baillant faiblement, Nadia et moi sommes allés boire quelques verres hier soir.

- Sérieux, Tommy ? »

Je sentais clairement une envie de monter et de le gifler en pleine figure. Il était à peine midi et ma journée était déjà un cauchemar. J'avais perdu mes parents, mon travail, la plupart des gens et des valeurs en qui je croyais tant, et encore plus. Faire une croix sur la politesse m'était donc plus ou moins autorisé. Je trouvai, cependant, la force de rester zen et marmonner assez fort :

« Oh et tu sais quoi, laisse tomber. Descends immédiatement !

- Merci, moi aussi je suis heureux de te voir, Tessa, il me répondit alors en roulant les yeux. Ça fait un bail que quelqu'un ne t'a pas vu dans le quartier.

- Arrête de blaguer, Tommy ! J'ai besoin de ton aide ! S'il te plaît !

- D'accord, d'accord, j'arrive. »

Je le vis ensuite rapidement descendre les étroits escaliers de bois en colimaçon qui reliait sa boutique à la mezzanine qu'il utilisait comme bureau/chambre à coucher. Il portait un jogging gris et un pull de laine au-dessus. Ses cheveux roux partaient dans toutes les directions comme d'habitude, en fait.

« Alors, vas droit au but, Tessa, parce qu'on se les caille ici ! dit-il avec ses bras croisés et des nuages de fumée blanche sortant de sa bouche.

- J'ai besoin de ton aide, Tommy... commençai-je, sans vraiment pouvoir finir.

- Attends, elle est à toi ? s'exclama-t-il en pointant du doigt ma moto, garée juste derrière moi.

- Ça se pourrait.

Vert, comme un uniforme militaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant