Emmie avait seize ans lorsqu'elle la rencontra, dans ce camping miteux du Sud de la France. Lorsque leurs regards se croisèrent pour la première fois, ce soir du quatorze juillet, Emmie ressentit dans tout son corps un frisson indescriptible. Toute une semaine, Emmie n'osa pas aller lui parler, ne sachant pas comment l'aborder. Aussi, elle se contentait de l'observer à la dérobée, en baissant honteusement la tête lorsque la demoiselle se retournait. Mais plus elle la regardait, plus l'envie d'en savoir plus sur cette inconnue grandissait en elle.
De cette demoiselle, Emmie ne savait pas grand-chose. Elle savait qu'elle était blonde et qu'elle avait de grands yeux gris qui pétillaient quand elle souriait. Mais elle ne savait pas son nom. Elle ne connaissait pas le son de sa voix, ne l'avais jamais entendue rire, ne l'avait jamais faite sourire. Elle n'avait jamais effleuré sa peau ou senti le doux frisson d'un premier contact.
Ce fut le vingt-deux juillet qu'Emmie en eut assez de ne rien connaître d'elle. Comme un signe du destin, ce jour-là, Emmie croisa la jeune fille blonde en allant faire sa toilette, le matin. Ne sachant pas quoi dire, elle se contenta d'abord d'observer ses gestes gracieux. Mais, ne voulant pas laisser passer une occasion comme celle-ci, Emmie inspira un grand coup et se lança : « J'aime bien tes cheveux. »
A peine eut-elle prononcé ces mots qu'Emmie s'en voulut. Dans sa tête, son approche était une des pires que le monde ait connu. Mais la demoiselle blonde ne s'esclaffa pas. Elle se retourna vers Emmie, ouvrit la bouche comme pour répondre, se ravisa puis sourit. Ses yeux se plissèrent un instant avant qu'elle ne prenne à son tour la parole.
« Merci. » Elle marqua une pause, détailla Emmie puis reprit : « Je m'appelle Chestnut. Et toi ? ». Emmie trembla un instant, oublia son prénom quelques secondes avant de répondre d'un ton hésitant : « Je suis Emmie. » Ne sachant pas d'abord pas comment continuer la conversation, elle regarda à droite et à gauche à la recherche de quelque chose d'inspirant. Heureusement, son esprit trouva avant ses yeux, car excepté le papier toilette, il n'y avait pas grand-chose dans ces locaux.
« C'est la première fois que tu viens ici ? » demanda-t-elle finalement, avant de continuer : « Dans ce camping, je veux dire. » Elle était surprise de la manière dont elle était troublée par la présence de cette jeune fille. Heureusement, Chestnut ne semblait pas s'en apercevoir. « Non, je viens ici tous les ans. Et toi ? » . Emmie la fixa droit dans les yeux en tentant de répondre le plus calmement possible : « C'est la première fois. » Chestnut sourit et lui lança, malicieuse : « C'est vrai que je me serai souvenue de toi si je t'avais déjà vu ! ». Et, comme un ombre, elle disparut, laissant dans sa trace un dernier appel : « A bientôt ! »
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premier été | ✓
RomanceUn été. Le soleil qui les aveugle, et les vagues contre leurs jambes. Un amour qui a un goût de sel et de lumière. une histoire par angeolras