La voiture de ma mère s'arrête devant le grand établissement. Je me retourne vers elle, petit sourire aux lèvres. Voyant le sien lui arriver jusqu'aux oreilles, le mien s'agrandit instantanément.
"Ça va aller? me demande-t-elle.
-Maman...
-Je sais, mais ça me fera toujours quelque chose.
-Je sais. Passe une bonne journée.Je lui embrasse la joue et me détache. J'ouvre la portière, attrape mon sac et sors.
-Magit!
Je me retourne vers ma mère et lève un sourcil pour l'inciter à continuer.
-Je t'aime ma chérie.
-Maman! J'ai vingt ans, tu ne peux pas continuer à me dire ça devant autant de gens.
-J'ai encore le droit de dire à ma fille que je l'aime!Je lève une énième fois les yeux au ciel, intensifiant mon sourire.
-Je t'aime maman. Ne t'avises pas de répéter à qui que ce soit que je t'ai dis ça.
-Promis. Allez, file, tu vas être en retard."Pour seule réponse, je lui souris et claque la portière. Je vois sa voiture partir et bientôt, je ne l'aperçois plus. Je me retourne alors face à la façade de l'université. Je me remémore certains souvenirs de l'an passé. Mes amis restés, ceux partis. Une seconde année commence aujourd'hui dans cette fac' de sport. Celle dont j'ai toujours rêvé. Un large sourire né sur mes lèvres en me rappelant l'état dans lequel j'avais passé ma première journée ici, il y a un an. Je ris, me revoyant stressée et paniquée à chaque regard que je croisais. Un choc contre mon épaule me sort de mes pensées. Je regarde Arone passer à côté de moi accompagné de deux de ses amis. Je lui lance une injure. Quel abruti ce type. Il se retourne et s'arrête. Il me fixe, son horrible sourire en coin apparent.
"Qu'est-ce que t'as poile de carotte?
-Tu peux t'excuser, non?
-Tu es trop petite, je ne t'avais pas vu."Il fait demi-tour et rejoins ses deux amis. Je marmonne un "connard" inaudible en le regardant partir. Ce mec est le pire des enfoirés. Toujours une remarque blessante, un regard noir. Comme si sa seule passion est d'embêter les autres. J'entends mon prénom, suivit de cris aiguës. C'est moi ou la voix de ma meilleure amie devient de plus en plus aiguë? Je pivote la tête et la vois me faire de grands signes. Je m'approche d'elle et la serre dans mes bras.
"Qu'est-ce qu'il te voulait l'autre boulet de Ludwig?
-Il m'a bousculé. Laisse tomber. Alors tes vacances en Italie?
-C'était merveilleux. Venise, Naples, Rome... Et les italiens!
-Stella... marmonnais-je dans un rire.
-Quoi? Les italiens sont sublimes! J'aurais voulu repartir avec l'un d'eux.
-Tu aurais pu rester là-bas aussi.
-Et vous abandonner, toi, Enri et Shella? Impossible.
-Quand on parle du loup.Je lui montre du menton le couple d'amoureux arriver, main dans la main. Ce genre de couple qui vous donne envie de vivre le grand amour.
-Les filles! s'écrit Shella, laissant son copain afficher une moue de douleur.
-Tu nous as manqué aussi.
-C'est qu'elle a de la voix la petite, lance Enri.Cette dernière lance un regard foudroyant à son petit-ami et enlace Stella, puis moi.
-Alors vos vacances?
-Il m'a kidnappé pendant un mois et demi pour aller sur la côte.
-Arrêtez, j'ai envie de vomir de bonheur.Stella ne croit pas en l'amour et tient à son égard une haine infinie depuis des années. Elle déteste les couples, les baisers, les câlins et toutes les choses qui touchent de près ou de loin à l'amour. Je la comprends un peu.
-Et toi Margot? Tu nous as donné aucune nouvelle durant les vacances.
-Mes parents nous ont traîné en Irlande voir la famille de ma mère. Pas de réseau au milieu des grandes pleines.
-Au moins tu as profité de ta famille.
-J'ai dormi sur un lit de camp au milieu de cinq garçons. C'était les pires vacances de ma vie!
-On te croit bien.
-Mais étant majeur là-bas, tu as profité?
-Pas le moins du monde..."La sonnerie retentit, mettant fin à notre discussion. Nous nous rendons rapidement au tableau d'affichage pour connaître nos classes. Nos deux tourtereaux sont séparés, arrachant des injures à Enri. Quant à moi, je me retrouve avec Stella. Nous nous dépêchons de rejoindre ensuite notre salle avec notre professeur principal. Comme toujours, nous nous installons au premier rang. Le professeur fait alors l'appel.
"Taylor Locas?
-Présent!
-Arone Ludwig?
-Toujours là pour vous m'sieur!Je me retrouve instantanément. Ce n'est pas vrai...
-Oh putain...
-Mademoiselle! Votre langage! me reprend le professeur.
-Désolée, monsieur.
-Margaret Martin?
-C'est moi...Le professeur aux cheveux grisonnant me dévisage puis regarde un peu plus loin dans la salle.
-Mademoiselle Martin et Monsieur Ludwig, je vous ai dans mon viseur."
Premier jour, et je me fais déjà repérer. Merci Ludwig... Je lui lance mon pire regard, tandis que lui souris, fière de lui. C'est décidé, je vais le tuer. Stella me tape la cuisse pour m'interpeller. Je lève un sourcil, l'invitant à me dire ce qu'elle a en tête.
"Fais attention... Si tu rentres dans son jeu, tu vas en payer les pots cassés.
-Une année avec lui, ça va être l'enfer.
-Le pire, c'est que Taylor et Noah sont avec lui.
-La descente aux enfers.
-Mesdemoiselles! Les bavardages se font à la pause!
-Pardon, monsieur..."Je lance un petit sourire à Stella, et jette un coup d'oeil vers Arone. Il parle avec Taylor et ne semble prêter aucune attention à ce qui se passe autour de lui. Il détourne le regard puis croise le mien. Son horrible sourire en coin fait apparition. Je déteste quand il fait ça. Je ferme les yeux par reflex et pose lourdement la tête sur mon sac; lui-même posé sur la table. Je ne tiendrais jamais une année complète...
VOUS LISEZ
The Best Enemies
RomanceIls se détestent jusqu'à en souffrir. Ils se détestent jusqu'au plus profond de leurs âmes. Ils s'opposent mais s'attirent. Ils veulent la douleur de l'autre, mais en souffrent aussi. Ne dit-on pas qu'il y a de l'amour dans la haine?