RICARDO
J- J
13h53, 43 minutes après le début de la prise d'otages
Questura Di Roma, Rome, Italie
C'est la folie.
Carol essaye en vain de finir sa salade alors qu'elle doit bien avoir quatre téléphones différents dans les mains et le chef est si nerveux qu'il en est à son onzième tour des bureaux, au bas mot.
— Pousse-toi, Alfieri.
Ruggiero me bouscule sans plus de précaution et je bafouille des excuses en m'écartant du passage. Je pense n'avoir jamais été aussi nerveux. Je pense même que personne n'a jamais été aussi nerveux.
La Galerie Borghèse vient d'être attaqué par des terroristes. Ils ont pris le contrôle du musée et retiennent en otage plus d'une dizaine de personnes, et ce depuis presque une heure déjà. Nous n'avons reçu aucune demande de rançon, aucune revendication, rien, ce qui est peut-être pire. Personne ne sait ce qu'ils veulent et ça rend les choses cent fois plus compliquées. Le chef, lui, a bien compris qu'il avait intérêt à résoudre le problème le plus vite s'il ne veut perdre sa place. Un incident d'une telle ampleur dans l'un des plus grands musées de la capitale, ce n'est pas très reluisant pour la police alors le grand patron a été très clair en indiquant qu'il était hors de question que notre incompétence offre l'affaire à l'armée sur un plateau d'argent.
À l'heure qu'il est, la tente à déjà dû être installée à quelques mètres du musée et les équipes d'intervention avec. Le problème, ce sont les ouvres d'art qu'il faut préserver : les forces sur place ont donc pu dire adieu aux grenades, fusils ou fumigènes à l'acide chlorhydrique ou tout ce qui pourrait causer un départ de feu. Puis, il y a aussi les otages.
Ruggiero repasse mais cette fois-ci accompagné du chef lui-même, chef avec qui il semble en grande discussion. Je consulte rapidement ma montre et emboite le pas aux deux hommes maladroitement, des dossiers à perte de vue dans les mains.
— Où est la sixième brigade ? interroge le patron
— Monsieur ...
— Elle vient de rejoindre la cinquième à l'entrée du parc Borghèse, répond Ruggiero sans tenir compte de ma tentative d'intervention.
Le chef hoche la tête et continue son avancé vers son bureau. Toujours sur ses talons, je l'appelle à nouveau et il semble enfin se rendre compte de ma présence. D'un geste agacé de la main, il m'invite à développer, ce que je m'empresse de faire après avoir involontairement rougi et bafouillé.
— Votre rendez-vous est bientôt ici.
Il hausse un sourcil interrogateur et mes joues s'empourprent davantage.
— Le jeune investisseur anglais, Monsieur.
Il me fusille du regard et Ruggiero, voyant ça, me lance son habituel rictus moqueur.
— Tu ne penses pas que j'ai autre chose à faire ? J'en ai rien à foutre que la Reine d'Angleterre ramène son cul putain ! hurle-t-il, s'attirant tous les regards des policiers du poste. Je dois empêcher le putain de gouvernement de découvrir ce qu'il se passe dans cette ville de merde !
Il me claque la porte de son bureau au nez. Sonné, je me retourne et évite toutes les œillades intriguées de mes collègues. Voyant que je ne vais rien dire, ils finissent par hausser les épaules et reprendre leur fastidieux travail. Seule Carol me demande silencieusement si tout va bien. Je la rassure et retourne penaud à mon petit bureau.
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NÉMÉSIS | LES ROSES DE ROME T.1
AcciónTHRILLER ROMANTIQUE ❀ Rome, Italie Avez-vous aperçu leur ombre dans votre dos quand vous vous promeniez dans les plus belles galeries d'art de la ville ? Avez-vous senti l'acier de leur lame sur votre cou alors qu'ils s'emparent de vos précieux tabl...