I.

357 15 14
                                    

C'est au moment où je me réveillai encore emmitouflée dans les draps de Peter que je réalisais qu'il y avait un problème. Je soulevais doucement la couverture de mon buste et ce que je vis me terrifia plus que ce que je ne l'étais : je n'étais plus dans à caravane. La pièce dans laquelle je me trouvai était assez charmante, les murs étaient peints d'une fine couche de mauve pailleté, et de nombreuses photos étaient suspendues à des ficelles blanches. Les rayons du soleil étaient filtrés par les rideaux à fleurs beiges, et l'abat-jour au-dessus de ma tête était éteint.

Ou est-ce que j'avais atterri?

La porte jusqu'alors fermée s'ouvrit violemment et me fit sursauter instantanément. Une fillette coiffée de deux petites nattes blondes pénétra dans la pièce en courant. Elle n'était pas plus haute que la tête du lit, et sa silhouette frêle s'agitait en faisant des allers et retours d'un coin à l'autre de la chambre. Elle sautillait en faisant voleter lentement de petites mèches rebelles qui s'échappaient de ses élastiques roses. À ma plus grande surprise, elle fredonna mon prénom à la façon d'une comptine, avec une voix si pure, si claire, qui parvint à mes oreilles à la manière d'une caresse. Elle aurait pu apaiser n'importe quel esprit troublé ou apeuré à l'exception du mien. Je continuais de penser que quelque chose n'allait pas.

Ou était Peter? Et surtout, que faisais-je ici? 

Une femme d'âge moyen entra à son tour dans la pièce et souleva la petite en la faisant tourner sur elle-même. Le rire de la fillette, léger et attendrissant, fit apparaître un sourire en coin sur mon visage. La femme reposa la fille à terre et se dirigea vers la fenêtre pour trirer les rideaux et faire entrer la lumière du soleil. L'enfant continua comme précédemment à chantonner mon nom en sautant, comme si de rien était.

Me voyaient-elle? 

Je décidais d'attendre et de ne pas bouger, car je n'étais pas du genre à prendre les devants.

La fillette grimpa soudain sur le lit et se mit à faire des bonds sur le matelas, me secouant à chaque impulsion de ses pieds. 

- Bridget ! Ça suffit maintenant, tu descends ! Dit soudain la femme en s'adressant à la petite fille.

Celle-ci ne s'arrêta pas de sautiller pour autant.

- Bridget ! Reprit La femme. Laisse-là un peu tranquille!

De qui parlait-elle? De moi? 

- Mais maman... Protesta l'enfant.

- Laisse Allison tranquille.

C'était bien de moi qu'elles parlaient. Elle me voyaient. Elle me connaissaient. Le plus triste dans cette histoire, c'est que je n'avait aucune idée de qui ces personnes pouvaient être. Je connaissais Peter. C'était tout.

La petite fille descendit du lit et sortit de la pièce en traînant des pieds. Elle laissa place à la femme, qui s'assit sur le rebord du matelas. Elle m'observa en souriant avec nostalgie, et je ne savais que faire. Je me sentais extrêmement mal.

- Comment tu te sens? Me questionna t-elle.

Je paniquais. Il fallait que je réponde mais... N'etais-ce pas risqué? Je me posais tellement de questions sans intérêt... La peur sans doute .

- Je... Euh... Bien, bredouillais-je l'air maladroite.

Un silence gênant s'installa à nouveau, durant lequel elle ne fit que me détailler en souriant.

- Tu nous avais manqué.

Je les avais manqué? Qui ça? Elle et la fillette? Pourquoi? 

Pour ne pas manquer de respect, je souris faiblement. Que pouvais-je faire d'autre?

Prisonnière du temps (deviendra bientôt : Au Septième Ciel )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant