Chapitre 25

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L'attente avait été interminable. Quand allions-nous arriver ? Quand est-ce que j'allais retrouver cet enfer ? Je voulais mourir, voilà ce que je me disais, je souhaitais ne pas survivre à ce voyage. J'avais souhaité si fort que les rebelles eussent posé une bombe sous ce véhicule, comme ils l'avaient fait avec le train, ou que le van roule sur une mine explosive. Au moins aurais-je mourut en terre libre, loin du mur. Mais bien évidemment, le Saint ne m'avait pas accordé cette faveur.

Combien de temps avions-nous mis pour retourner là-bas ? Aucune idée. Je n'avais plus les idées claires, je n'arrivais plus à réfléchir correctement ni à voir ce qui m'entourait. Je revoyais sans cesse le campement ravagé, le corps de Jules étendu par terre parmi tant d'autres, et Victor qui s'écroule, sans vie.

J'étais totalement perdue. Quel jour étions-nous ? Qui étaient toutes ces personnes autour de moi ? Que me voulaient-elles ? Qui étais-je ? Que s'était-il passé ?

Au bout d'un moment qui m'avait paru interminable, j'avais senti le véhicule s'arrêter. Autour de moi, les gens se levaient, quelqu'un s'est mis à me parler puis les portes se sont ouvertes. J'avais d'abord été aveuglée par la lumière et j'avais à peine eu le temps de m'y habituer qu'on me poussait à sortir.

Nous étions de retour dans cet entrepôt par lequel nous étions sortis quelques jours plus tôt. Où était-ce des semaines ? Je ne sais plus, le temps passe si vite. Mais rien n'y était pareil. Tout l'équipement qui avait appartenu aux rebelles avait été enlevé, certainement pour être analysé ou détruit. Des gens nous attendaient, beaucoup de gens. Des soldats pour la plupart. Mais une personne attira mon attention, seule habillée dans cet horrible violet, tâche parmi ce noir et ce blanc. Mère Georgia.

C'est à ce moment-là que j'ai repris mes esprits je crois. Elle était là, à me fixer d'un air froid, le dos bien droit et les mains croisées devant elle. Sa lèvre supérieure se levait à intervalles réguliers, traduisant sa colère à mon encontre. On m'amena jusqu'à elle pour lui faire face.

« Lénore, ravie de te revoir très chère. T'étais-tu perdue mon enfant ?

–Allez vous faire voir Mère Georgia. »

J'avais été surprise par moi-même. D'où me venait cette confiance soudaine ? Jamais je n'avais parlé ainsi auparavant, surtout pas à une Mère. La colère de Mère Georgia s'était intensifiée, je l'avais vu dans ses yeux, ils semblaient brûler de rage.

« Est-ce vous qui lui avez appris à parler ainsi ? Avait-elle demandé en se tournant vers Ava qui venait d'être sortie d'un autre véhicule.

–Elle a raison, avait lancé la jeune femme, vous pouvez aller vous faire foutre. »

Elle avait craché dans sa direction et un soldat l'avait tout de suite frappé. Entre temps, on avait amené Rohan qui, la mine sombre, n'osait même pas me regarder. D'autre rebelles avaient suivi, le peu qui devait être encore en vie. Aucun signe de Francesca, de son mari ou de ses enfants. D'ailleurs, aucun enfant n'avait été ramené. Je me suis alors rappelée avoir vu Reda alors qu'on m'embarquait. Le pauvre petit était terrorisé.

« L'avez-vous ausculté ? Avait repris Mère Georgia comme si rien ne s'était passé. Est-ce que tout va bien ?

–Oui, le bébé est en pleine santé, lui avait répondu un homme dans mon dos. Des soldats m'ont rapporté une contraction alors qu'ils essayaient de la rattraper, et elle en a eu une autre lorsqu'elle a vu un homme mourir. Ce n'était que des fausses alertes, certainement dues au stress. »

Mère Georgia avait hoché la tête puis avait fait quelques pas dans ma direction pour prendre mon menton entre ses doigts et m'obliger à la regarder dans les yeux.

ServanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant