Chapitre 17

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J-681

La base de l'Unité fantôme était tout simplement le paradis sur Terre pour les gens comme moi ! Elle se situait au cœur de la campagne du Hertfordshire, le premier comté qu'on rencontre en partant au nord de Londres. L'infrastructure était d'architecture moderne et en avance sur son temps, et le domaine qui l'encerclait s'étendait sur une superficie de cinq-cents hectares. Il était juste immense, avec ses forêts de chênes verts, quelques grandes plaines et plusieurs points d'eau. Bref, l'environnement idéal pour s'entraîner au cœur de la vie sauvage et parfois aussi se reposer.

La base en elle-même était tout aussi géniale : cinq mille mètres carrés répartis sur cinq étages différents, en plus d'un réseau souterrain, dans le cas d'une attaque extérieure. Les deux premiers étages avaient été établis en open space équipé d'une mezzanine géante et accueillant trois domaines majeurs de l'infrastructure : le centre d'entraînement, deux fois plus large qu'un terrain de football avec d'immenses baies vitrées sur les côtés, et dédié à l'entretien physique et la continuité de nos techniques de combat ; le centre de commandement, parfaitement tenu à l'écart d'un simple rayon de soleil mais rassemblant des centaines de bureaux connectés à notre réseau d'ampleur mondiale ; et enfin, le réfectoire où nous nous rassemblions tous à 7h30 pour le petit déjeuner, midi précise pour le déjeuner et 20h pour le dîner. Le troisième étage accueillait une très riche bibliothèque qui comptait des livres, des documents numériques et des archives remontant parfois aux siècles avant J-C.

Quant aux deux derniers étages, ils servaient de logements pour les centaines de personnes qui travaillaient sur la base. La plupart du personnel d'entretien logeait dans les communes aux alentours du domaine, pendant que les linguistes, les techniciens et les agents de terrain vivaient à plein temps ici. Chacun avait sa propre chambre avec un lit simple, large et confortable, un placard classique et une petite salle de bain alimentée en eau chaude. Cette habitation pourrait paraître un tantinet spartiate, mais pour la plupart d'entre nous qui avions passé plusieurs années au sein des forces armées, nous étions plus que conscients de la chance que nous avions d'être ici.

Côté vêtements, nous pouvions porter tout ce que nous voulions, même s'il était plus ou moins dans nos mœurs de ne porter que du noir ou des couleurs sombres. Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour me rendre compte que presque tous les agents de terrain féminins avaient des cheveux courts. Une d'elle, qui avait été recrutée cinq ans auparavant, m'expliqua que c'était la meilleure façon de ne pas être dérangée lors des combats. Je n'étais pas tellement du genre à suivre les effets de mode, mais il me semblait assez logique de les imiter et donc de couper mes cheveux au-dessus de l'épaule.

Parce que, comme vous l'avez sûrement deviné, la base était non seulement matériellement parfaite, mais aussi la source d'une grande solidarité entre collègues. Lorsque je cherchais quelque chose dans la bibliothèque, la vieille dame qui gardait ce sanctuaire de savoir me venait en aide avec grand plaisir. Les agents du terrain plus âgés me donnaient des tonnes d'anecdotes et de conseils quant aux missions et m'aidaient souvent à améliorer mes techniques de combat. Les gens étaient gentils, avenants, présents pour partager leur expérience et s'assurer qu'on en tire le plus de leçons possibles. On aurait plus ou moins pu nous qualifier d'une très, très grande famille.

Les choses auraient pu aller à merveille... si Tristan n'en avait pas fait partie. J'avais dédié mes premiers jours à la base à la découverte et l'adaptation, mais une fois que cela était fait et que je me sentais enfin à la maison, je le croisai dans le couloir, et tout me revint. Notre baiser, nos sentiments extériorisés, ce qui m'avait empêchée de continuer, la douleur du passé qui était revenue me hanter, et la raison pour laquelle je ne pouvais plus lui parler. Je n'arrivais même plus à le regarder dans les yeux. J'avais juste trop peur de confronter ce que je ressentais pour lui, et surtout trop peur de l'admettre.

Vert, comme un uniforme militaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant