J-680
À notre retour de Liverpool, je me sentais sereine et soulagée. La mission avait été un succès : à l'heure qu'il est, Li devait être détenu par les forces de l'ordre, et je savais que l'Unité fantôme s'assurerait que cela reste ainsi. Et de plus, nous étions restés discrets, avions détruit tout élément pouvant mener jusqu'à nous et n'avions connu aucune perte de notre côté. Il n'y avait aucune inquiétude à avoir. Nous pouvions être fiers de nous.
Et pourtant, j'avais également conscience que ce que je venais de faire me plaçait dans une situation délicate : j'avais pris les choses en main, fait un choix sans l'accord de mes supérieurs et avais par conséquent fait quelque chose qui pouvait m'amener beaucoup d'ennuis.
Certains auraient pu me comprendre – ou du moins, essayer – mais lorsque j'arrivai dans la salle de débriefing et fis face à la furie de Lynch, je savais que n'importe quelle pauvre tentative de la contrer serait en vain :
« Auriez-vous l'amabilité de m'expliquer, lieutenant, pourquoi est-ce que vous avez vidé les comptes de Li sans mon autorisation ?! Parce que franchement, des milliards de livres envoyés à une organisation d'aide pour les sans-abris, la recherche contre le cancer et l'UNICEF est une chose honorable mais qui mérite tout de même quelques explications ! »
Elle était tout simplement enragée : chaque trait de son visage était crispé jusqu'à l'os, ses sourcils froncés avec colère et ses yeux marrons emplis d'une rage aussi brûlante que l'enfer.
« Braver l'autorité ce n'est pas rien, surtout lorsqu'il s'agit de votre première mission. Alors, j'espère que vous avez quelque chose à me dire, sinon je peux vous assurer que vous aurez quitté cette base avant le lever du soleil ! »
J'avais peur, j'avais amplement raison de l'être, et je le méritais. Mais je ne pouvais pas entrer dans ce jeu, pas après tout ce que j'avais accompli pour en arriver là et enfin avoir un mot à dire dans ce monde. Je pris une profonde inspiration et restai aussi sereine que possible. Mes motivations et ma conscience étaient claires, mais je savais que la seule façon de me défendre était d'être honnête et d'éviter un infime ton de défi dans ma voix :
« Sauf votre respect, colonel, j'ai fait ce qui me semblait bon. J'ai perçu une opportunité de remplir ma mission un peu plus loin, et pris donc une initiative. J'ai conscience de ne pas vous l'avoir dit, et je vous demande sincèrement pardon pour cela, mais je continue à penser que mes actions étaient justes et justifiées. Et de plus, n'est-ce pas ce qui définit un agent d'un soldat ? La prise d'initiative.
- Peut-être, répondit Lynch avec une voix fortement mesurée, mais ce n'était pas à vous de prendre cette décision !
- Peut-être, répliqua soudainement et avec ardeur une voix à côté de nous, et pourtant son idée était tout simplement brillante ! »
Je me retournais : c'était Tristan. Il était resté silencieux, depuis le début, sachant que je ne voudrais pas qu'il soit impliqué là-dedans, mais il semblait être prêt à prendre ma défense, quelles que soient les conséquences. Il se tenait à mes côtés, il était là pour moi.
Lynch avait l'air surprise mais ne perdit pas son sang-froid :
« Pouvez-vous répéter ce que vous venez de dire, lieutenant ? demanda-t-elle avec ses yeux légèrement plissés.
- J'ai dit que son idée était brillante, répondit-il aussi calmement que possible. Sans sa fortune, Li perdra sûrement la totalité de ses hommes. Aujourd'hui, la loyauté est très souvent liée à l'argent, surtout au sein des criminels. On enlève ceci, et il n'aura pas d'autre choix que de faire face à une justice équitable et impartiale, et finira en prison pour payer pour ses crimes. Et étant donné que les transferts ont été faits à des associations caritatives, ajouta-t-il, il ne pourra en aucune manière réussir à les reprendre, ou les laisser nous mener jusqu'à nous. C'est pourquoi je pense, avec tout le respect que je vous dois, colonel, que l'idée du lieutenant Kaufmann était brillante ! »
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Vert, comme un uniforme militaire
AksiLorsque la Grande-Bretagne est ébranlée par un violent coup d'état en l'an 2030, tout est chamboulé pour tout le monde, y compris pour Tessa Kaufmann. Après avoir servi dans l'armée au cours de deux conflits à l'étranger, elle pensait en avoir fini...