Chapitre 9 : Pourquoi moi ?

21 4 2
                                    

Les gardes me traînaient presque à travers le jardin et les couloirs du château. Je ne me rappelle qu'avoir descendu un escalier de force car je me débattais pour échapper à la poigne des gardes. Je refusais d'aller dans un cachot sous terre, humide et infesté de rats. J'avais une peur panique de tous ces petits animaux. Avec leurs dents et yeux brillants. Beurk ! En bas de l'escalier, tout était sombre, sauf les endroits éclairés par les rares lampes. Elles fonctionnaient encore avec des bougies, comme si le lieu n'avait été modernisé depuis des lustres. C'est pas si mal pour l'instant. Les murs étaient en pierre mais propres, le sol aussi. Je vis alors les barreaux et les cellules. Des dizaines de cellules, alignées les unes à la suite des autres. J'entendais des gémissements parcourir le couloir séparant deux rangées de cellules. Je levais la tête et vit que les deux soldats ne réagissaient pas aux bruits. Moi je ne pouvais m'empêcher de frémir. Certains exprimaient une haine pure et dure, mais d'autres n'étaient que de simples gémissements, comme si les personnes enfermées suppliaient quelque divinité ou récitaient une prière. Je n'avais jamais été croyante et ne comprenait pas le principe même de religion, mais bon dans ce pays gouverné par un monarque croyant, il fallait se taire et faire comme si on pensait comme lui. Mes deux bourreaux me firent avancer, ignorant les plaintes qui s'élevaient encore plus fortes avec notre passage. À ma grande surprise, la plupart des cellules étaient vides. Mais d'où viennent les plaintes dans ce cas ? J'eus ma réponse quelques secondes plus tard quand un gardien ouvrit une cellule et qu'on me poussa à l'intérieur. Lorsque je relevais la tête j'aperçus une quinzaine de personnes. La plupart était des femmes, mais quelques enfants se trouvaient dans le lot. Des enfants....au purée. Il y en avait que ne semblaient pas avoir plus de huit ans ! Comment avaient-ils fait pour se retrouver dans cette cellule lugubre et pleine de monde ? Me redressant, je vis que tous reculaient, de peur. Pour les rassurer, je levais les deux mains.

- Je ne vous veux aucun mal.

Ils ne bougèrent pas d'un poil. Soudain, un petit garçon d'environ cinq ans, s'approcha de moi. Avec ses petites joues potelées et ses boucles blondes, il était à croquer.

- Comment t'appelles tu ?, demandais-je comme il ne disait rien.

- E..Evan mademoiselle.

Je restais choquée. Pourquoi mademoiselle ? Et puis je compris. J'étais habillée comme un membre important de la famille royale. Ils m'avaient confondu avec une personne de haut rang. Bon sang, qu'est-ce que ces gens avaient bien pu leur faire pour qu'ils réagissent ainsi ?

- Pas mademoiselle. Appelles moi Iris., dis-je avec un sourire.

Cela sembla le rassurer et il se rapprocha un peu plus de moi.

- Pourquoi es-tu là Evan ?

- J'ai...j'ai pris une pomme....j'avais faim et ...maman ne pouvait pas payer...mais on m'a vu et emmener., répondit-il les larmes menaçants de tomber. Maman a dit qu'elle viendrait me chercher mais....ça fait cinq jours et...je ne l'ai pas.

Je me mis sur mes genoux devant lui et essuyait ses larmes. Des exclamations résonnèrent tout à coup.

- Ta maman va arriver d'accord ? Tu ne dois pas pleurer. Elle a peut-être eu du mal à venir tu sais. Tu habites près d'ici ?

Il secoua la tête. J'eus un nouveau sourire.

- Tu vois. Un trajet peut prendre du temps. Ta maman viendra d'accord ? Tu n'as pas à t'inquiéter.

À ma grande surprise, il se jeta dans mes bras. Je restais un instant interloquée mais lui rendit son étreinte. Pauvre enfant. Comment peut-on faire une chose pareille à un enfant de son âge ? Je lui frottais le dos et regardais les autres occupants de la cellule. Ils s'étaient rapprochés en voyant que je ne leur voulais aucun mal. Une jeune femme d'environ mon âge dit tout à coup.

Le Prince Sans CouronneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant