La résidence

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Chapitre 1

La Résidence

Allongée sur son lit, elle avait du mal à trouver le sommeil, perturbée par les grognements inhabituels de son voisin. Ils avaient ce coup ci une sonorité qui ne laissait présager rien de bon.

- Qu'est-ce qu'il a cet abruti ? Qu'est-ce que je fais ? Pensa-t-elle.

Après quelques secondes d'hésitation elle se dirigea vers son téléphone.

-S'il vous plait il faudrait que les secours viennent, mon voisin il a l'air de s'étouffer, c'est un drogué je l'entends de ma chambre, avait-elle expliqué d'une traite à son interlocuteur, son cœur battant presque la chamade.

-Euh oui, c'est le bâtiment A, 3 ème étage porte 30... Moi ? Je suis Solange PALMY.

La porte d'entrée non verrouillée, lui permit de découvrir ce petit appartement jumeau du sien. Il était bien mieux entretenu que ce qu'elle avait imaginé.

Il était là, sur une moquette de couleur brune, essayant de capter avec énergie de l'oxygène.

Elle resta quelques secondes figée avant de s'approcher de lui.

- J'aurais dû prendre finalement ces foutus cours de secourisme, médita-t-elle encore.

- J'ai appelé les pompiers, ils ne devraient pas tarder, lui souffla-t-elle après s'être agenouillée près de lui.

Il ne planait plus, il se noyait à sec et avait de plus en plus de mal à bouger ses membres : jamais il n'avait ressenti cela aussi fort.

Il ne l'a reconnu pas tout de suite, ses yeux écarquillés avaient cependant suivi le moindre de ses mouvements, en attendant la suite : où allait-elle l'emmener ?

- urgences...

la sirène du VSAV se fit enfin entendre. Il était tard, et cette mélodie bruyante remplissait à elle seule cette nuit chaude, coupant le sifflet des insectes noctambules.

Elle se dirigea alors hors de l'appartement, et longea le couloir aboutissant à l'escalier des différents étages de l'immeuble. Une fois au rez-de-chaussée elle se précipita au devant des secouristes soulagée à l'idée de ne pas voir trépasser son voisin.

Non pas qu'elle s'inquiétait tant que cela pour lui, mais elle voulait simplement s'éviter quelques cauchemars.

- Je ne le connais pas vous savez, précisa-t-elle lorsque l'un d'entre eux d'une quarantaine d'année lui posa des questions sur le malade. C'est mon voisin mais on ne se fréquente pas. Tout ce que je peux vous donner c'est son portefeuille que j'ai pris sur le petit meuble de son salon, il y a ses papiers dedans.

- Félix, vous m'entendez ? Ça va aller on s'occupe de vous...tension à ... lui dit une voix grave et masculine qui lui parut floue dans l'ambulance.

A peine le VSAV parti, Solange entendit comme un sifflement de serpent.

-Hé, spittttth ! Qu'est-ce qui c'est passé ? Qu'est-ce qu'il a encore ? Lui demanda Hortentia une autre voisine.

Habillée d'une robe de chambre rose aussi large qu'elle et portant un foulard de la même couleur, la sexagénaire se tenait au rez-de-chaussée derrière son balcon avec grille protectrice. Toujours à l'affut de tout, elle préférait assister en direct au feuilleton quotidien de sa résidence plutôt qu'à une télénovela : bien plus intéressant et croustillant !

Po ! Merde ! Pas elle ! Jura-t-elle dans sa gorge.

Malgré le calme revenu, Solange ne retrouva pas un sommeil paisible. Ni le « tic tac » d'un reste de gouttes de pluie tombant sur les jalousies, ni le cri strident de criquets cachés dans la petite faune à coté des immeubles ne lui permirent de se rendormir comme à l'accoutumé.

AMOURS TROPICALESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant