Les retrouvailles

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Chapitre 7 : Les retrouvailles

Solange resta un petit moment dans sa voiture pour se calmer. Elle s'était garée à plusieurs mètres de la plage dans l'espace dédié aux véhicules. L'air marin envahissait ses narines de son odeur fraîche et salée et le roulement des vagues aussi noires que le ciel accompagnait la musique chaloupée du restaurant.

Maxime l'avait invité à dîner pour leurs retrouvailles dans ce petit restaurant créole en bord de mer. Il souhaitait une discussion dans un endroit neutre avec du public pour empêcher toute velléités de disputes.

Un endroit neutre, tu parles ! Avait songé Solange.

Elle voyait déjà le tableau : une belle entrée de crudités et d'acras de morue la mettrait d'emblée de bonne humeur, ensuite un plat de langouste lui donnerait tout de suite des envies coquines, et pour finir un assortiment de petits gâteaux ou de glaces achèveraient de faire monter son excitation. Elle le prendrait alors sans doute par le coude pour aller batifoler sans gêne dans l'eau.

Elle sortit enfin de son véhicule, son cœur tambourinant toujours aussi fort. Il lui démontrait de manière flagrante qu'elle s'était trompée. Elle n'était pas encore libérée de lui et l'aimait toujours.

Elle s'était vêtue délibérément d'un pantalon en jean bleu et d'un twin-set pour gommer toutes tentatives involontaires ou non de séduction visuelle.

Maxime l'attendait accoudé au garde-corps peint en blanc du restaurant qui ressemblait à une réplique modeste d'une ancienne maison créole. Il sourit d'emblée en l'apercevant se moquant doucement de sa tenue de camouflage inhabituelle. Solange lui rendit la pareille instantanément : Bon Dieu, j'avais oublié comme il est beau ! Pensa-t-elle.

Maxime au contraire de celle qu'il considérait toujours comme sa petite amie, avait fait plus d'effort dans sa présentation. Il portait une jolie chemise noire à rayures très fines et un pantalon noir. Il avait également orné son cou d'une chaîne en argent.

Après un mois d'absence, Solange ne sut plus comment le saluer. Fallait-il lui faire un baiser ou juste l'embrasser sur les deux joues ? Elle opta finalement pour la deuxième solution. Mais ce simple contact ajouté au parfum frais de Maxime lui procura une petite bouffée de chaleur. Il l'invita à s'asseoir à une table pour deux, couverte d'une jolie nappe madras. Solange se demanda ce qui avait bien pu lui passer par la tête pour l'inviter dans un endroit pareil. A bien y regarder, cela ressemblait plus à un restaurant dans lequel ses parents seraient ravis de diner. Elle aurait préféré un hôtel-restaurant-bar, un lieu plus cool, plus moderne, même si en contrepartie elle aura été obligée de s'habiller de manière plus sexy.

Ils commandèrent le même cocktail alcoolisé en apéritif et se regardèrent ensuite fixement comme font les enfants qui jouent à celui qui baissera les yeux en premier. Solange capitula vite, évidemment : comment résister aux yeux de loups de son adversaire ?

- Tu m'as manqué, commença-t-il.

- Vraiment ? S'étonna Solange.

Son rythme cardiaque avait repris sa vitesse normale et elle se sentait plus à l'aise, comme si elle ne l'avait jamais quitté.

- Tu en doutes à ce que je vois, lui reprocha-t-il.

- Et bien, on ne sait jamais avec toi.

La serveuse réapparût chargée de leurs cocktails de couleur orangée et Solange en bu sans attendre une gorgée oubliant la bienséance. A vrai dire, la bienséance à table représentait pour elle un concept assez flou. Elle ne voyait pas l'intérêt d'attendre toujours tout le monde pour se régaler. Elle remerciait souvent la bonne fortune qu'il l'avait dotée d'un corps brûleur automatique de graisses et de sucreries en tout genre qui lui permettait de garder une ligne svelte malgré sa gourmandise.

AMOURS TROPICALESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant