[Amour Sucré] À toute vitesse

L'ENFERMEMENT

"Chacun est enfermé dans sa conscience comme dans sa peau."
Arthur Schopenhauer.

Les semaines passent et se ressemblent : je me lève avec la boule au ventre, je vais au lycée où plus personne ne m'adresse la parole, je rentre chez moi où je ne parle à personne, je fais mes devoirs et je m'endors en pleurant.

L'été arrive, la chaleur est presque étouffante et pourtant j'ai presque toujours froid. Dans quelques jours je vais passer le BAC et quitter le lycée définitivement. J'ai décidé de poursuivre mes études à Harvard, comme mes parents le souhaitent. De toute façon, je n'ai plus rien qui me retient ici : plus d'amis, plus de Castiel...

Je suis en pleine révisions de mes cours d'histoire quand Nina arrive dans la chambre que nous partageons. Elle pose un papier sur le livre que je suis entrain d'étudier.
- Nina... Protestais-je mollement. Tu vois pas que je suis occupée ?
Elle me sourit en me faisant un clin d'œil raté avant de ressortir en sautillant. Je soupire en secouant la tête agacée et j'attrape le bout de papier. Je ne reconnais pas l'écriture qui est dessus mais les mots me frappent en plein cœur.
"Rejoins moi sur le toit."

- Nina !! Appelais-je la voix tremblante.
Elle revient rapidement et ferme la porte derrière elle.
- Qui t'a donné ça ? Demandais-je en brandissant la feuille d'une main tremblante.
- C'est lui... Répond-elle en haussant les épaules.
- Quand ?
Elle s'affale sur son lit en souriant.
- Il y a une dizaine de minutes. Écoute, tu devrais y aller tout de suite. C'est tellement romantique...

Je fronce les sourcils.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit d'autre ?
- Rien. Il m'a juste donné ça pour toi.

Il fait nuit dehors, mes parents sont sortis dîner au restaurant et je tourne en rond dans ma chambre comme un lion en cage. Je ne sais pas quoi faire : le rejoindre ou rester là et l'oublier une bonne fois pour toute ?
Comme si elle lit dans mes pensées, Nina me dit :
- Si tu n'y vas pas, tu ne sauras jamais ce qu'il voulait te dire et tu le regretteras toute ta vie !

Ses mots ont raison de moi. J'attrape ma veste et j'embrasse ma petite sœur avant de partir en courant rejoindre celui que j'aime.

Je me gare devant le grillage du garage. Castiel a laissé le petit portail ouvert, une chance pour moi car je ne me vois pas escalader ça en pleine nuit. Je regarde au-dessus du toit mais il fait trop noir et je ne vois rien. Je grimpe l'échelle en métal et j'arrive sur le toit du garage. Je frotte mes mains sur mon jean et j'appelle doucement :
- Castiel ?
Des mains puissantes m'attrapent par les bras et me colle contre un mur. J'ai un hoquet de surprise et très vite des lèvres chaudes se plaquent sur les miennes pour un baiser rempli d'amour, de colère, de désespoir et de tendresse. Mes larmes roulent le long de mes joues. Je pousse un gémissement de désapprobation lorsque je le sens s'éloigner. Il rit et revient embrasser mes lèvres. À bout de souffle, il se détache de moi mais son corps reste coller au mien.
- B... Souffle-t-il. J'ai pas beaucoup de temps... J'ai fait le con... Encore une fois. Les flics sont après moi, s'ils m'attrapent je vais passer un an en taule...
- Quoi ? Mais...? Qu'est-ce que t'as fait ?
- J'ai pas le temps de t'expliquer, mais je te demande de me faire confiance...
Une voiture passe et grâce à la lumière des phares je vois enfin son visage. Ses yeux gris se fixent sur moi, il semble terrifié.
- Pars avec moi, bébé... Me supplie-t-il.
- Partir où ?
- Au Mexique. Là-bas ils pourront rien contre moi.
- Attend... T'es entrain de me demander de partir en cavale avec toi ?
- Ouais. Fait-il en haussant les épaules. On sera un peu comme Bonnie et Clyde.
Il sourit mais ça ne m'atteint pas. Je sens la panique monter en moi.
- On est pas dans un film, Castiel ! Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? M'enfuir maintenant à quelques jours du BAC ? Dire adieu à mes études, à ma famille ? Pour quoi ? Vivre dans la peur de se faire attraper par la police ? Non mais t'es dingue !