Chapitre 24

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J+67

Sur le chemin vers Savile Row, le seul mot qui pouvait décrire à la perfection ce que je pensais et ressentais était l'inquiétude. Je me faisais un véritable sang d'encre ! J'avais été absente lors d'une journée entière, sans donner de nouvelles à personne. Je marchais rapidement, vérifiant plus souvent que d'habitude que je n'étais pas suivie ou dans la ligne de mire des caméras.

Dès que j'eus obtenu des réponses de la part du commandant, j'étais sortie tel un ouragan de l'appartement de monsieur Walsh. J'étais bien consciente de mon impolitesse envers l'homme à qui je devais ma vie, mais il avait semblé parfaitement comprendre ce qui m'arrivait et me laissa partir avec un air me souhaitant bonne chance.

Je marchais aussi vite qu'humainement possible – en faisant attention de ni trottiner ni courir, premièrement parce que cela attirerait l'attention de beaucoup de personnes sur moi, et deuxièmement parce que les trois impacts de balles à peine traités ne me donnaient pas vraiment le choix. Les points de suture cousus à mon ventre piquaient et serraient, mais ma seule option était de faire avec, car je savais que si un seul lâchait, je commencerais à saigner et les choses pouvaient sincèrement tourner au désastre.

Je savais qu'une journée pouvait être longue, surtout lorsqu'on était inquiet. J'espérais juste de tout mon cœur qu'Anna avait maintenu la situation sous contrôle et que rien n'était arrivé, car si c'était le cas, je ne me le pardonnerais jamais.

Lorsque j'arrivai à la planque, je me ruai à l'intérieur et la découvris. Elle semblait avoir été assise sur les escaliers depuis quelques temps. Dès qu'elle eut entendu le claquement de la porte et m'eut aperçue, elle se leva de suite avec un grand air de soulagement :

« Dieu, merci ! s'exclama-t-elle. J'étais si inquiète à votre sujet. Je pensais que quelque chose vous était arrivé, mais comme personne n'en parlait aux informations, je ne savais pas vraiment quoi faire !

- Anna, Anna ! lui dis-je pour la calmer. Est-ce que Jimmy est sorti lors de mon absence ?

- Non, ne vous inquiétez pas, répondit-elle en secouant la tête. Il avait l'air très affectée par le fait que vous n'étiez pas là, mais il ne semblait pas vraiment vouloir en parler.

- D'accord. Et où est-il ?

- Dans sa chambre.

- Merci ! Merci du fond du cœur ! » répondis-je tout heureuse et soulagée en montant les escaliers aussi rapidement que possible.

Jusque-là, je n'avais mentionné que le sous-sol et son utilisation comme salle de sport, mais je n'eus jamais vraiment eu l'occasion de vous parler du reste. La planque du 17 Savile Row était un bâtiment de trois étages, pas si grand étant donné les prix de l'immobilier à Londres, mais avec un espace intelligemment utilisé.

En entrant dans la maison, on avait trois options: si on allait tout droit, on atterrissait dans la salle de thé donnant sur la petite parcelle de verdure allant avec la propriété ; soi on allait à droite, on arrivait dans la petite cuisine équipé comme il fallait (un frigo, un four, un congélateur et un plan de travail pour, au plus, deux personnes) ; et enfin, si on allait à gauche, on montait une dizaines de marches menant au premier étage. Celui-ci accueillait la chambre d'Anna, ainsi que la salle de bains et un assez large salon équipé d'une table à manger, une télé, et qui était percé au milieu par un escalier en colimaçon d'acier noir très étroit qui menait au dernier étage avec les deux petites chambres, séparées par un hall et quelques fauteuils.

Lorsque j'entrai dans celle de Jimmy, il était assis sur son lit, son dos me faisant face. J'allai silencieusement vers lui, m'assis à côté de lui et le laissai faire le reste. Dès qu'il eut senti ma présence à ses côtés, il tourna faiblement la tête vers moi, et lorsqu'il me vit, il n'avait ni l'air soulagé, ni heureux.

Vert, comme un uniforme militaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant